Lot n° 141

Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE. L.A., [donjon de Vincennes vers août-octobre 1781], à sa femme ; 4 pages in-8 remplies d’une petite écriture serrée.{CR}Lettre de jalousie. {CR}[Arrêté à La Coste le 26 août 1778, Sade est...

Estimation : 2000 - 2500
Adjudication : Invendu
Description
emprisonné à Vincennes depuis le 7 septembre. Il écrit à sa femme cette lettre de jalousie, l’accusant de le tromper avec son ancien secrétaire Lefèvre.]{CR}« Ah ! comme on vient de me le prouver, que lon se moquait de ma vie, comme on vient de me convaincre que je nai plus personne au monde qui sinteresse a moi ah grand dieu grand dieu ne le voila que trop verifié laffreux malheur que je redoutois [...] Vous etes linstrument de mon supplice or, comment imaginer de vous faire jouer un role comme celui la sans vous rendre extremement malheureuse si vous avies de lamitié pour moi, il a donc fallu vous lenlever cette amitié qui faisoit lunique consolation de ma vie, et on ny a reussi en vous donnant un amant. Et voila la politique odieuse des execrables conseillers de votre mere, permettre le crime, lauthoriser pour punir un mal, quelle horreur, quelle infamie, et comment est il possible quavec toute la vertu, toute lhonneteté, toute la candeur que je vous connois vous nayies pas senti le piege et que vous ny ayies pas resisté. Helas votre execrable mere ma donc tout enlevé, biens, honneur, fortune, liberté, je souffrois tout, je ne me serois plaint de rien mais marracher ton coeur, oh, ma chere et divine amie, oh lancienne amie de mon ame, non non je ny survivrai pas ».{CR}Sade a percé l’« odieuse enigme le jour de ma sortie est le 7 fevrier ou 82 ou 84 » ; il fait une laborieuse démonstration, remarquant que le 7 février on fête Saint Amand, « et comme dans fevrier on trouve fevre », pour conclure « que ma sortie etant au bout de 5 ans (ou 57 mois) le jour de St Amand 7 fevrier, Le Fevre lié au 7 et au 5 etoit votre amant. [...] Je veux bien ignorer ma sortie ne jamais lenvisager sil le faut, mais je ne veux pas perdre votre cœur. En un mot je demande a vous voir avec la plus vive instance, il y va de ma vie [...] ne me prouves pas que vous maves enlevé jusquà votre pitié. Jen suis digne, puisque je pleure mes fautes que je men repends et que je ne desire et la liberté et la vie, que pour reparer touts mes torts, et faire encor (sil mest possible, car cela ne lest plus, si vous ayes changé) faire encor le bonheur de ta vie [...] il me reste encor un titre precieux pres de toi, que lunivers entier ne scauroit menlever — je suis le pere de tes enfants ; eh bien que ce soit en leur nom que tu te laisses flechir, si je te deplais – je mourrai – ji consens, je te delivrerai de moi – mais laisse moi pleurer avant un instant a tes pieds, laisse moi embrasser encor une fois tes genoux, entendre mon arrêt de ta bouche et je mourrai content. [...] veut-on la moitié de ma fortune je la donne, pour te voir une seule heure [...] Oh ! mon dieu comme vous me faites souffrir et quel recherche, quel noirceur dans vos tourments, ah ! cest comme cela que lon aigrit et desespere une ame, mais ce nest pas ainsi quon la ramene ; au nom de dieu viens me voir une heure – ou je ne reponds plus de ma vie ».{CR}Correspondance (Lély), CXXXII.
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