Lot n° 129

Marie-Madeleine Masson de Plissay, Mme Claude-René Cordier de Launay de MONTREUIL, dite la Présidente de MONTREUIL (1721-1789) épouse d’un président à la Cour des aides, belle-mère du marquis de Sade. L.A.S. « M. de M. », Paris 23 août...

Estimation : 1000 - 1200
Adjudication : 1 300 €
Description
[1775], à l’avocat Gaspard Gaufridy ; 4 pages et demie in-4.{CR}Longue et intéressante lettre dénonçant la conduite du marquis de Sade avec sa femme.{CR}« Il est des choses sur lesquelles elle [Mme de Sade] ne peut s’aveugler interieurement quelqu’envie qu’elle en ait. Il est de nécessité absolue de découvrir le monstre infernal qui cherche à l’abuser contre son propre interêt celui de ses enfans et de son mari même, en reveillant la haine et la discorde dans un temps surtout où l’union et la confiance seroit si nécessaire. Ce monstre, à mon avis, est Mr de S. [Sade] lui-même. […] Vous ne connoissez peut-être pas si bien que moi toutes les tournures dont il est capable quand il veut satisfaire ses passions, qu’elles qu’elles soient. […] ce n’est pas la première fois qu’il agit contre ses interêts pour suivre le transport qui le guide. Il sçait que Made de S. ne peut qu’estimer sa mere et tout ce qui l’entoure, et ne peut qu’être convaincue de la fausseté de toutes les noirceurs qu’il leur a imputées. […] Ne m’a t’il pas envoyé il y a trois mois sous la suscription de Madame, mais de son écriture a lui la copie d’une de ses lettres anonimes avec une grande colere (clairement simulée) et des citations que j’ai vérifié fausses. Dans le tout son style et ses vues percent »... Elle donne longuement son sentiment au sujet de ces lettres anonymes, et explique les raisons de ses soupçons, rapprochant les envois des lettres des déplacements de Sade entre Paris et La Coste ; sa fille lui a écrit « une lettre infâme, dictée ou soufflée par Mr dans sa colere », qui veut faire passer sa mère pour une persécutrice. Il faut absolument réussir à désabuser Mme de Sade, « de qui que viennent ces anonimes »… Il faut aussi « suivre en tout les ordres du Roy donnés par le Ministre »… Elle évoque encore « le nouvel incident », les bruits et les « furieuses craintes » dans la famille de Sade… Il faudrait que son gendre prenne conscience du danger avant qu’il ne soit trop tard : « Il devroit desirer lui-même le moyen le plus sur, et calculer qu’il est toujours avantageux de parer le danger du moment, et de sacrifier quelques années de liberté au repos du reste de sa vie, et de fournir des moyens au rétablissement de son honneur. À 35 ans on a encor bien du temps devant soi. […] Pour moi, qui n’en ai pas tant, fatiguée de toutes ces horreurs, ayant fait en toute circonstance l’impossible pour les sauver, n’en recevant que des injures et des infamies pour reconnaissance, voyant qu’ils veulent se perdre et leurs enfans, lasse d’y sacrifier mon repos et ma santé inutilement, j’abandonnerai tout, ils deviendront ce qu’il plaira à la Providence »…{CR} Ancienne collection Alfred Dupont (I, 11-12 décembre 1956, n° 308).
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