Lot n° 115

VOLTAIRE (1694-1778). L.A.S. « V », « Monrion » [Montriond] 20 janvier 1757, à Charles-Augustin, comte d’Argental ; 4 pages in-4.{CR}Après l’attentat de Damiens contre Louis XV (5 janvier).{CR}« Mon cher ange, je sens tout le prix...

Estimation : 8000 - 10000
Adjudication : 11 050 €
Description
de votre souvenir dans un temps ou vous êtes si consterné de l’horrible avanture, et si occupé à remplir le vide immense laissé dans le parlement. Votre assiduité a des devoirs nouveaux dont vous etes dispensé, est un mérite dont le parlement, le public et la cour doivent vous tenir compte. Je me flatte pour l’honneur de la nation et du siècle, et pour le mien qui ay tant celebré cette nation et ce siecle, qu’on ne trouvera nulle ombre de complicité, nulle apparence de complot dans l’attentat aussi abominable qu’absurde de ce polisson d’assassin, de ce miserable batard de Ravaillac. J’espere qu’on ny trouvera que lexcez de la démence. Il est vray que cette démence aura été inspirée par quelques discours fanatiques de la canaille. C’est un chien mordu par quelques chiens de la rüe qui sera devenu enragé. Il parait que le monstre n’avait pas un dessein bien arrêté puisqu’apres tout on ne tue point des Rois avec un canif a tailler des plumes. Mais pourquoy le scelerat avait il trente louis dans sa poche° ? Ravaillac et Jaques Clément n’avaient pas un sou. Je n’ose importuner votre amitié sur les détails de cet execrable attentat. Mais comment me justifierai-je d’avoir tant assuré que ces horreurs n’arriveraient plus, que le temps du fanatisme était passé, que la raison et la douceur des mœurs régnaient en France ? Je voudrais que dans quelque temps on rejouat Mahomet. Je nose vous parler a présent de cette Histoire genérale, ou plustot de cette peinture des miseres humaines, de ce tableau des horreurs de dix siecles. Mais si vous avez le loisir de receuillir les opinions de ceux qui auront eu le courage d’en lire quelque chose, vous me rendrez un vrai service de m’apprendre ce qu’on en pense, et ce que je dois corriger en general car c’est toujours a me corriger que je m’étudie. Que fais-je autre chose avec l’ancienne Zulime ? Le travail a fait toujours ma consolation. Le rabot et la lime sont toujours mes instruments. Est il vray que M. de Ste Palaye succédera a Fontenelle dans l’académie ? Je lui souhaitte sa place et sa longue vie »…{CR}Correspondance (Pléiade), t. IV, n° 4671.
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