Lot n° 114

VOLTAIRE (1694-1778). L.A., aux Délices « où nous voudrions bien vous tenir » 13 novembre [1756, à D’Alembert] ; 4 pages in-4.{CR}Magnifique lettre sur sa collaboration à l’Encyclopédie.{CR}« Mon cher maitre Je serai bientôt hors...

Estimation : 8000 - 10000
Adjudication : 11 700 €
Description
d’état de mettre des points et des virgules à votre grand trésor des connaissances humaines. Je tacherai pourtant avant de rejoindre l’archimage Yebor [Jean-François Boyer (1675-1755), évêque de Mirepoix et académicien, ennemi de Voltaire ; Voltaire l’a ainsi désigné dans Zadig] et ses confreres, de remplir la tache que vous voulez bien me donner.{CR}Voici Froid, et une petite queue à Français par un A. galant et garant. Le reste viendra si je suis en vie.{CR}Je suis bien loin de penser qu’il faille s’en tenir aux définitions et aux exemples mais je maintiens quil en faut partout ; et que c’est l’essence de tout dictionaire utile. Jay vu par hazard quelques articles de ceux qui se font comme moy les garçons de cette grande boutique, ce sont pour la pluspart des dissertations sans méthode On vient d’imprimer dans un journal l’article Femme qu’on tourne horriblement en ridicule. Je ne peux croire que vous ayez souffert un tel article dans un ouvrage si serieux […] Il semble que cet article soit fait par le laquais de Gil Blas.{CR}J’ai vu entousiasme qui est meilleur. Mais on n’a que faire d’un si long discours pour savoir que l’entousiasme doit etre gouverné par la raison. Le lecteur veut savoir d’où vient ce mot, pourquoy les anciens le consacrèrent a la divination, a la poesie, a l’éloquence au zele de la superstition. Le lecteur veut des exemples de ce transport secret de l’ame appelé entousiasme. Ensuitte il permis de dire que la raison qui preside a tout, doit aussi conduire ce transport. Enfin je ne voudrois dans votre dictionaire que verité et méthode. Je ne me soucie pas qu’on me donne son avis particulier sur la comédie. Je veux qu’on m’en apprenne la naissance et les progres chez chaque nation. Voila ce qui plait, voyla ce qui instruit. On ne lit point ces petites déclamations dans lesquelles un auteur ne donne que ses propres ides qui sont qu’un sujet de dispute. C’est le malheur de presque tous les litterateurs d’aujourdui. Pour moy je tremble touttes les fois que je vous présente un article. Il n’y en a point qui ne demande le précis d’une grande érudition. Je suis sans livres. Je suis malade. Je vous sers comme je peux. Jettez au feu ce qui vous déplaira. {CR}Pendant la guerre des parlements et des éveques les gens raisonables ont beau jeu et vous aurez le loisir de farcir l’enciclopédie de véritez qu’on n’eut pas osé dire, il y a vingt ans. Quand les pédants se battent, les philosophes triomphent. […] Adieu achevez le plus grand ouvrage du monde ».{CR}Correspondance (Pléiade), t. IV, n° 4611.
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