Lot n° 27
Sélection Bibliorare

Paul GAUGUIN (1848-1903). L.A.S., [Tahiti] novembre 1891, à Paul Sérusier ; 3 pages et demie in-4 (fentes aux plis très bien réparées).{CR}Très belle lettre sur son travail lors de son premier séjour à Tahiti.{CR}Les lettres de son « cher...

Estimation : 12000 - 15000
Adjudication : 28 600 €
Description
Séruse » lui font plaisir dans sa solitude et il s’inquiète de n’avoir pas de nouvelles de « Morisse » [Charles Morice] depuis qu’il a quitté Paris, en lui laissant « le soin de mes affaires pendantes. 500 f que je lui avais prêté », plus 300 F que Jean Dolent devait donner pour le tableau qui était chez le père Tanguy. Plus les affaires chez Goupil et chez Portier... Ces inquiétudes le « gênent pour travailler Quoique cela, je suis attelé au travail dur et ferme. Je ne puis dire si c’est bien car c’est beaucoup et ce n’est rien. Pas encore un tableau – mais une foule de recherches qui peuvent être fructueuses, beaucoup de documents qui me serviront je l’espère pour longtemps en France. Par exemple à force de simplifier je ne puis bien juger le résultat maintenant. Il me semble que c’est dégoûtant. À mon retour toiles bien sèches des cadres etc… tous vêtements qui parleront et je jugerai ». {CR}Il se plaint de sa solitude « à 45 kilomètres de la ville, personne à qui causer art, ni même français » ; il essaie difficilement d’apprendre la langue du pays : « Que voulez-vous pas de mémoire et surtout la tête toujours ailleurs perdue en rêveries sans fin ». Il y a eu des changements dans sa vie, « dans mes affaires et mes espérances. Le roi [Pomaré V] est mort, ce qui a été un désastre pour moi. Avec lui qui m’avait déjà pris en affection j’avais tout, argent et influence sur les naturels. Lui mort la colonie a changé en tout et pour tout et moi Je perds considérablement. Ah ! Si je savais encore torcher un tableau trompe l’œil comme les américains, je trouverais peut-être à vendre quelques toiles à bon prix mais je suis et sais faire ce que vous savez ». {CR}Il demande des nouvelles de Meyer [Meyer de Haan] et parle des travaux de Sérusier : « Vous êtes bien aimable de mettre sur mon dos vos progrès intellectuels ; j’en ai peut-être une petite part », mais il est convaincu que « les artistes ne font que ce qui est bien en eux. Les graines ne viennent qu’en terrain propice ». {CR}Gauguin aimerait enfin avoir des nouvelles, notamment de l’exposition du Champ de Mars : « ma sculpture y-a-t-elle figuré et faisait-elle bon effet. » Il a eu la « bonne idée d’emporter musique et mandoline, c’est pour moi une grande distraction. C’est à Filliger [Charles Filiger] que je dois cette idée de jouer cet instrument. Je crois que maintenant je dépasse Filliger haut la main comme virtuosité »…
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