Lot n° 241

VOLTAIRE (1694 - 1778) L.A.S. « V », Potsdam 3 octobre 1752, à Marc-Pierre de Voyer comte …

Estimation : 3 000 - 4 000 EUR
Adjudication : 4 290 €
Description
VOLTAIRE (1694 - 1778) L.A.S. « V », Potsdam 3 octobre 1752, à Marc-Pierre de Voyer comte d'ARGENSON; 3 pages in-4. Belle lettre accompagnant la remise du manuscrit de l'Histoire de la guerre de 1741. [Ce manuscrit, intitulé Histoire de la guerre dernière, est conservé à la bibliothèque de l'Arsenal (Ms-4773). Le texte fut publié, d'après une autre copie, en 1755, sans l'assentiment de Voltaire, qui ne voulait pas le voir publié de son vivant.] « Monsieur Le Baillif, mon camarade chez le roy et non chez le roy de Prusse, vous remettra monseigneur le tribut que je vous dois. L'histoire de la dernière guerre vous apartient. La plus grande partie a eté faitte dans vos bureaux et par vos ordres. C'est votre bien que je vous rends. Jy ai ajouté des lettres du roy de Prusse du cardinal de Fleuri qui peutetre vous sont inconnues et qui pouront vous faire plaisir. Vous vous doutez bien que j'ay eté dailleurs a portée d'apprendre des singularitez. Jen ay fait usage avec la sobrieté convenable, et la fidélité d'un historien qui nest plus historiografe. Si vous avez des moments de loisir, vous pourez vous faire lire quelques morceaux de cet ouvrage. J'ay mis en marge les titres des evenements principaux afin que vous puissiez choisir. Vous honorerez ce manuscrit d'une place dans votre biblioteque, et je me flatte que vous le regarderez comme un monument de votre gloire et de celle de la nation en attendant que le temps qui doit laisser meurir touttes les veritez permette de publier un jour celles que je vous présente aujourduy. Qui eut dit, dans le temps que nous etions ensemble dans l'allée noire, qu'un jour je serois votre historien et que je le serais de si loin ! Je scai bien que dans le poste ou vous etes votre ancienne amitié ne pourait gueres se montrer dans la foule de vos occupations, et de vos dépendants; que vous auriez bien peu de moments à me donner; mais je regrette ces moments et je vous jure que vous m'avez causé plus de remords que personne. Ce n'est peutetre pas un hommage a dédaigner que ces remords d'un homme qui vit en philosofe auprès d'un tres grand roy, qui est comblé de biens et d'honneurs aux quels il n'aurait osé pretendre, et dont l'ame jouit d'une liberté sans bornes. Mais on aime malgré qu'on en ait une patrie telle que la notre, et un homme tel que vous. Je me flatte que vous avez soin de votre santé porro unum est necessarium. Vous avez besoin de regime. Vous devez aimer la vie. Soyez bien persuadé qu'il y a dans le chatau de Potsdam un malade heureux qui fait des voeux continuels pour votre conservation. Ce n'est pas qu'on prie Dieu ici pour vous. Mais le plus ancien de tous vos serviteurs s'interesse a vous, a votre gloire a votre bonheur, a votre santé avec la plus respectueuse et la plus vive tendresse. » Correspondance (Pléiade), t. III, n° 3318
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