Lot n° 206

COCTEAU Jean (1889 - 1963) 10 L.A.S. « Jean » (une signée d'une étoile), 1940-1946 et s.d., à …

Estimation : 1 000 - 1 500 EUR
Adjudication : 3 295 €
Description
COCTEAU Jean (1889 - 1963) 10 L.A.S. « Jean » (une signée d'une étoile), 1940-1946 et s.d., à Jean MARAIS; 14 pages in-4 (défauts, mouillures à quelques lettres, une avec déchirures sur un bord), 2 lettres portent le cachet de la Commission de censure. Correspondance amoureuse, évoquant ses pièces et ses films. Juin 1940. « Mon enfant chéri. Sans nouvelles de toi, j'essaye de vivre avec ton image et la certitude que ton étoile et mon étoile te protègent. Si par une chance incroyable cette lettre t'arrive, écoute: à la moindre égratignure, à la moindre foulure - fais-toi évacuer sur Perpignan »,... 25 janvier 1943. Décès de sa mère: « Voilà qui est fait. Le cimetière était la seule chose atroce - on nous jette dans un véritable urinoir de la place Clichy. Mais cela compte peu. Maman circule enfin librement et ne me quitte plus. Elle était à l'Opéra - où la répétition était très belle et très noble » [pour Antigone d'Honegger]... Chaque jour il travaille sur le film qui deviendra L'Éternel Retour, « qui change beaucoup et prend de la force. Le titre ne sera pas Tristan ». Il ne parvient pas à trouver l'interprète du roi Marc, ce qui le tracasse beaucoup: « il faudrait un Marc que ta carrure n'écrase pas »; il a changé le rôle d'Yvonne [de Bray]: « Elle a trouvé tout de suite ce qu'il fallait: l'amour de cette femme pour ce nain. Cela donne de la grandeur. [Madeleine] Sologne était superbe, hier. Je la coiffe avec des cheveux plats qui tombent [...]. Elle a l'air d'une statue de cathédrale, d'un drôle d'oiseau, d'une noyée fantôme ». Il s'inquiète pour les dates, car le film commence le 15 et Marais aura des essayages... - 1er février. « Comme je suis triste de ne t'avoir pas eu à la rep. générale d'Antigone. J'ai fait le spectacle en pensant à toi et en te le dédiant. [...] Maintenant je travaille à notre film et je commence à répéter à la C.F. » [Renaud et Armide, à la Comédie Française]. Le tournage commencera en mars à Nice, et il espère que Marais reviendra vite « après les raccords de Carmen pour travailler un peu avec Madeleine, essayer, etc. [...] Je crois que le film devient très beau et très implacable. Ton rôle est merveilleux ». Il attend Christian Bérard qui était malade à Marseille. Il ne pense qu'à « la joie de travailler ensemble ». (Au dos, lettre de Paul ?)... - Belle lettre dans laquelle Cocteau donne à Marais la liberté de vivre sa vie comme il le souhaite (cette lettre a eu une grande importance pour l'acteur, qui la cite dans son autobiographie). « Mon Jeannot. Je dois t'expliquer mon point de vue. J'estime qu'il faut être un héros, toujours - même en ce qui concerne les moindres choses. Ton bonheur doit passer avant le mien, puisque ton bonheur fait mon bonheur. J'arrive très bien à tuer en moi des révoltes ridicules et des sentiments égoïstes. Je te jure que cet essai de me mâter est une victoire, et que la joie de voir ton visage éclairé l'emporte de beaucoup sur une mauvaise tristesse instinctive. Donc sois libre et sache que tu me rends heureux en étant heureux. Ce qui me peinerait c'est de te sentir t'éloigner par délicatesse. Je te répète que c'est inutile et que j'adore ta présence sous toutes ses formes. Ne te gêne jamais d'aucun scrupule. Prouve moi ton coeur en jouant Renaud comme seul tu en es capable. Cette collaboration me consolera du reste et nous portera très loin des petites hontes »... [1944-1945]. Jeudi. Il répète à l'Opéra-Comique, et va faire « une tête en laiton pour la Cinémathèque. Tu vois je tiens le coup et je ne me laisse pas aller dans ma chambre. Le difficile est de me mettre à un travail d'écriture, à un travail grave. Même ma pauvre main est trop nerveuse pour former les lettres. [...] Mais j'y arriverai. La revue de Thierry Maulnier va publier Léone »... Il a cherché partout les « chansons parlées dont il n'a retrouvé qu'une feuille. Le reste est peut-être chez sa mère « dans ton cher petit désordre ». La nouvelle de la mort de son camarade l'a profondément choqué: « ce cauchemar est atroce. Mais nous nous réveillerons un matin et je verrai ton cher visage autrement que par les forces magiques de l'âme »... - « Les textes sont introuvables ». Par chance Hubert lui a sorti un carnet de sa bibliothèque: « Je te l'envoie - manquent les textes en prose. Je vais essayer de t'en écrire un neuf »... (Au dos, lettre par quatre amis)... - 19 février 1945. Il a demandé qu'on organise « une séance de L'Éternel Retour pour les permissionnaires de la 2e D.B. actuellement à Paris », et va tout tenter pour que Marais soit présent; une amie va intercéder auprès de Leclerc. Bérar d « a fait des merveilles pour notre pièce. Il a retrouvé toute sa grande forme [...] On m'offre beaucoup de travail mais je refuse tout ce qui n'est pas poésie, théâtre, films. Je ne veux plus écrire d'articles. Le ton de la presse me semble intolérable et je r
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