Lot n° 195

BARBEY D'AUREVILLY Jules (1808 - 1889) MANUSCRIT autographe signé « J. Barbey d'Aurevilly », La …

Estimation : 800 - 1 000 EUR
Adjudication : 2 600 €
Description
BARBEY D'AUREVILLY Jules (1808 - 1889) MANUSCRIT autographe signé « J. Barbey d'Aurevilly », La Colonne, [1873]; 3 pages in-fol. aux encres noire et rouge (feuillets découpés pour l'impression et remontés, sous cadre). Vigoureux article sur la destruction de la Colonne Vendôme lors de la Commune et la décision de la reconstruire. [En mai 1873, le maréchal de Mac-Mahon, président de la République, a décidé de faire reconstruite la Colone Vendôme aux frais de Gustave Courbet.] L'article de Barbey a paru dans Le Gaulois du 6 juin 1873, et a été recueilli dans Dernières Polémiques (A. Savine, 1891). Il est divisé en quatre parties. Le manuscrit présente des ratures et corrections. Certaines phrases sont écrites à l'encre rouge, et Barbey a rehaussé son texte de lettres d'encres de différentes couleurs (le titre à l'encre dorée). « Elle était une gloire. Elle va en être une seconde. C'est la victoire qui l'avait élevée, et c'est la victoire qui la relève. La victoire de ces derniers jours ! La victoire remportée encore une fois sur l'ennemi, et quel ennemi ? L'ennemi du dedans, plus odieux que l'ennemi du dehors !... Nous allons donc la revoir debout ! et que ne puissions-nous l'appuyer, pour les écraser mieux, sur la poitrine de tous les ennemis de la France, cet airain vaincu, comme disait son inscription sublime, fourni par l'Ennemi et abattu par un ennemi, pire que le premier ! Et que le Dieu de la France soit béni ! Nous allons revoir cet airain vaincu - et maintenant doublement victorieux, que nous aurions pu ne revoir jamais; car les misérables qui l'abattirent avaient allumé assez d'incendies dans Paris pour le faire fondre dans leurs abominables flammes ! [...] Ce n'est donc pas seulement aujourd'hui une colonne relevée... Ce sont les relevailles de la France ! »... Etc. Barbey évoque ensuite les destructions de la Commune, et souligne le symbole que représente la Colonne, qui « n'est pas un monument comme les autres. La Colonne fait partie de l'honneur de la France, et mise à bas, notre honneur semble à bas comme elle. [...] Son bronze est bien plus que du simple bronze. Le sang de ceux qui le prirent à l'ennemi sur les champs de bataille l'a imbibé, l'a pénétré, et en a fait une chose humaine et vivante. Ne vous y trompez pas ! C'est le sang de la France qui est là-dedans »... Ceux qui l'ont détruite sont des « parricides »: « Crime anonyme et collectif, exécuté au grand soleil, mais par des êtres qui s'appelaient la foule, l'irresponsable et détestable foule [...] Nous pouvons relever la Colonne. Nous ne pouvons la faire relever à ceux-là qui l'ont abattue ! Nous ne pouvons leur imposer cette expiation vengeresse et juste. [...] Un seul nom surnage à présent sur la mémoire du crime englouti, et c'est le nom de COURBET, l'Erostrate de la Colonne, plus coupable et plus imbécile que les stupides Erostrates qui ont si bestialement brûlé Paris ! Courbet, le faux artiste, qui trouvait laide cette fière Colonne, s'élançant droite vers Dieu, comme un Te Deum de victoire pour les yeux ravis, comme la flamme d'un encensoir inextinguible, Courbet, qui restera à jamais le titulaire du crime de la Colonne, dans une exécrable immortalité ! » Comment châtier un tel homme: « il faudrait, disait un homme indigné l'autre jour, montrer à toute la France le citoyen Courbet, scellé dans une cage de fer sous le socle de la Colonne. [...] Certes, la faiblesse de nos jours décrépits reculera devant un châtiment si mâle, mais l'Histoire est là qui se chargera de la cage. Et je vous réponds qu'elle sera de fer ! »
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