Lot n° 193

ARAGON Louis (1897 - 1982) L.A.S. « Aragon », Paris 23 novembre [1971], à Suzanne …

Estimation : 400 - 500 EUR
Adjudication : 5 200 €
Description
ARAGON Louis (1897 - 1982) L.A.S. « Aragon », Paris 23 novembre [1971], à Suzanne CORDONNIER-MUZARD; et 2 L.A.S. « Suzanne C » et « S C »(minutes) de Suzanne MUZARD à Aragon, novembre 1971; 2 pages in-4 chaque. Mise au point à propos de la liaison de Suzanne Muzard et André Breton, à la suite d'un article de France-Soir citant Aragon. [20 novembre]. Suzanne Muzard proteste: « Je ne pense pas que mon ex-mari admettra comme exact que je lui soutirais fourrures et bijoux, pour selon vos propres termes, m'empresser de les vendre afin de renflouer le père du Surréalisme à une époque où vous étiez le meilleur ami d'AB. [...] Je cherche aujourd'hui à comprendre les raisons de vos insinuations malveillantes, et pourquoi il vous plaît que dans une période sentimentale de sa vie AB soit classé comme ayant vécu aux crochets d'une femme »... 23 novembre. ARAGON se défend d'avoir donné aucune interview à France-Soir: « Il n'y a eu aucune insinuation malveillante de ma part. On fait dire dans la presse de nos jours n'importe quoi à n'importe qui. [...] Je vous ferai encore remarquer, non seulement que le vocabulaire employé n'est pas le mien, je n'ai jamais employé le mot deche pour signifier les difficultés matérielles de la vie, mais que d'autre part, quelles qu'aient pu être alors les difficultés d'André dans ce domaine (difficultés dont je n'ai jamais eu connaissance ou conscience), elles n'étaient en rien comparables à ce qui se passait dans ma vie. Je ne vois aucune raison dans tout cela, et il faut tout de même que je vous dise que, malgré la rupture entre nous plus tard (et cela a été le grand drame de ma vie) je n'ai jamais cessé d'aimer et d'admirer André, je n'ai jamais écrit quoi que ce soit contre lui, même quand il s'associait à des textes dirigés contre moi »... Cependant à l'occasion de plusieurs biographies récentes, il a exprimé son indignation « qu'on vous ait supprimée purement et simplement de sa vie, qu'aucune mention ne se trouve où que ce soit de la seule femme qu'il ait à ma connaissance véritablement aimée »... Il s'est exprimé aussi sur ce que Breton pensait et disait d'elle « dans cette sombre période de sa vie après votre dernier départ, où Éluard et moi craignions qu'il ne se tue, à cause de votre absence - j'ai dit à qui a voulu l'entendre que c'était une honte de barrer de son existence la femme pour qui, elle partie, il a écrit le plus beau poème de sa vie, L'Union libre »... Et de raconter la conversation qu'Éluard et lui eurent avec Breton, dans les premiers jours de 1932, après la publication du poème sans nom d'auteur... 24 novembre. Réponse de Suzanne Muzard: « vous restez l'unique témoin d'une passion jadis orageuse - qui dès le début était condamnée par son gâchis - à ne pas survivre. Je ne renie pas d'avoir aimé André. Et, je crois puisque vous me l'affirmez, avoir compté dans sa vie... beaucoup trop. J'ai toujours ignoré qu'il avait pensé à se tuer. [...] que l'entourage de A. m'ait jugée néfaste ne me semble pas excessif. Pourtant j'avais des circonstances atténuantes ! Je n'étais qu'un pion entre deux hommes dont j'étais l'enjeu... Je n'ai jamais pensé faire état, des preuves qu'André a signifié en imprimé ou en privé - dans la fin de Nadja »... Quant à L'Union libre, le poème fut écrit en sa présence et seulement diffusé plus tard: « AB avait sans doute renoncé à m'en honorer ! Mais ce que vous ne savez pas est: que le titre L'Union l.. était un défi contre le mariage et EB »... Elle est touchée qu'Aragon veuille la faire sortir de l'ombre, à 71 ans ! « J'ai pu constater que l'amour n'est pas toujours exclusif mais plutôt renouvelable. AB et moi avons refait surface - ailleurs - séparément. J'ai pendant 25 ans vécu d'un sentiment dont j'ai pu mesurer la réelle importance »..
Partager