Description
Paris, Bauche, 1763. 2 parties en un volume in-8, maroquin rouge, triple filet doré avec fleurons aux angles, armoiries au centre, dos orné, dentelle intérieure, tranches dorées (Reliure de l'époque).Édition originale et seule parue de ce rare manuel à l'usage des colons de la Guyane.
Elle est ornée de 7 planches dépliantes gravées sur cuivre par Chalmandrier.
Cette « Maison rustique de Cayenne » consacre de nombreux passages à la culture et la préparation de la nourriture (manioc, racines, herbes et légumes, fruits, basse-cour, chasse, pêche...), des boissons (vins de banane, inhame, acajou...), aux manufactures de cacao, café, sucre, mais aussi coton, roucou, indigo, aux esclaves noirs et aux Indiens, etc., et s'achève sur un important dictionnaire des arbres et des plantes détaillant leur utilisation alimentaire et médicale.
La seconde partie du volume renferme un remarquable dictionnaire français-galibi et galibi-français en édition originale, accompagné d'un essai de grammaire de cette langue parlée par les Kalinagos, ethnie caraïbe qui peuple le sud du Venezuela, la Guyane et le nord du Brésil.
Préfontaine, l'auteur de la première partie, était commandant de la partie nord de la Guyane concédée au duc de Choiseul pour l'établissement de la colonie de Kourou. Il a dédié l'ouvrage à Choiseul, principal ministre de Louis XV et ministre de la Guerre et de la Marine, qui voulait alors implanter une nouvelle colonie de peuplement en Guyane, afin de réaffirmer la position française en Amérique, mise à mal en cette année 1763 par le traité de Paris. On connaît cet épisode sous le nom de « désastre de Kourou » : environ quinze mille colons français (alsaciens et lorrains pour la plupart) furent envoyés dans les savanes guyanaises. Le projet colonial, mal préparé et réalisé dans l'approximation, fut un échec total : les colons, dont un certain nombre est déjà malade sur le bateau surpeuplé, débarquent à Kourou en pleine saison humide et dans les marais ; douze mille moururent de maladies dans l'année et une soixantaine de familles seulement purent se réfugier sur un archipel voisin, baptisé Îles du Salut pour l'occasion, avant de retourner en France.
Précieux et bel exemplaire en maroquin rouge aux armes de la duchesse de Choiseul-Praslin, cousine de Choiseul par son mariage avec César-Gabriel de Choiseul-Chevigny (1712-1785), marquis de Choiseul puis duc de Praslin, qui était alors ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de son cousin Étienne-François de Choiseul-Stainville, à qui l'ouvrage est dédié. Anne-Marie de Champagne de Villaines de La Suze (1714-1783), fille de René Brandelis de Champagne, marquis de La Varenne et de Villaines, avait épousé César-Gabriel de Choiseul en 1732. Elle était dame du palais de la dauphine.
Infimes frottements sur les coupes, minime éclat à une coiffe, un coin émoussé, petite mouillure angulaire à deux planches.
Bibliographie de la Guyane française, 215 – Vicaire, 708 – Leclerc, n°1538 – Sabin, n°65039 – INED, n°3656 bis.
