Lot n° 51

FLAUBERT (Gustave) — Madame Bovary.

Estimation : 20000 - 30000 €
Adjudication : 102 500 €
Description
Paris, Michel Lévy, 1857. In-12, percaline rouge, dos lisse, tranches marbrées (Reliure de l'époque).Édition originale très recherchée.
Un des rares exemplaires sur vélin fort, seul grand papier, dont il a été tiré environ 75 exemplaires. Celui-ci est demeuré inconnu au relevé des exemplaires en grand papier de Madame Bovary établi par Auguste Lambiotte.
Exceptionnel envoi autographe signé : Offert à Mme Elisa Maurice Schlesinger, comme hommage d’une vieille et inaltérable affection, l’auteur son tout dévoué G. Flaubert.
Très précieux exemplaire offert par Flaubert à Élisa Schlésinger, l'amour de sa vie, objet d'une passion durable et sans retour. Il fit d'elle le personnage de Mme Arnoux dans L'Éducation sentimentale, et de son amour déçu celui de son héros Frédéric Moreau.
Très émouvante relique flaubertienne.
Il est établi que Flaubert a rencontré pour la première fois Élisa Foucault (devenue Madame Schlésinger en 1839) sur la plage de Trouville en août 1836. Il est alors âgé de quatorze ans et demi, et comme pour Frédéric Moreau, « ce fut comme une apparition. » Dix ans plus tard, il écrivait à Louise Colet : « Je n’ai eu qu’une passion véritable. J’avais à peine quinze ans ». Devenu étudiant en droit à Paris, Flaubert fréquenta assidûment les Schlésinger à partir de mars 1843. Il est proche de Maurice, son mari (futur modèle de M. Arnoux), mais aussi d’Élisa. En revanche, s’il est « extrêmement probable que Flaubert lui avoua son amour, qu’elle en fut troublée et qu’une tendresse profonde naquit entre eux » (P.-G. Castex), rien n’est certain quant à la nature de leur relation. Après le départ de Flaubert pour Croisset en 1844, il ne revit plus guère Mme Schlésinger. Gérard-Gailly croit toutefois qu’il demeure hanté par son image et « poursuit son fantôme dans toutes les femmes qu’il rencontre. »
En 1856, l’année de Madame Bovary, Flaubert est invité à Bade (où se sont installés les Schlésinger) pour le mariage de leur fille Marie : il refuse, « mais il est profondément ému : dans sa réponse à Mme Schlésinger, il évoque Trouville et le passé disparu. La correspondance se poursuit pendant quelque temps, à l’occasion du procès de Madame Bovary et Flaubert veut constater, dans l’épreuve, qu’il compte toujours en eux des amis très sûrs. » (P.-G. Castex).
La dernière lettre de Flaubert à Élisa est d’octobre 1872 : « L’avenir pour moi n’a plus de rêves, mais les jours d’autrefois se représentent comme baignés d’une vapeur d’or. Sur ce fond lumineux où de chers fantômes me touchent les bras, la figure qui se détache le plus splendidement, c’est la vôtre, oui la vôtre ! Ô pauvre Trouville !… »
Le volume a été relié en Allemagne – probablement à Bade, où la famille Schlésinger demeurait à l'époque. Il se trouve conservé dans une « boîte-volume » en demi-chagrin rouge fermant à clé, modèle déposé par Édouard Rouveyre.
Exemplaire un peu court de marges (17,5 x 12 cm) ; petite mouillure angulaire aux premiers feuillets, rousseurs éparses ; reliure usée, dos en grande partie manquant et quasi détaché.
A. Lambiotte, Le Livre et l'Estampe, n°12, 1957 et n°14, 1960 – M. Brun, Le Livre et l'Estampe, n°39-40, 1964 – P.-G. Castex, « Gustave Flaubert et Madame Schlésinger », Les Amis de Flaubert, n°17, 1960 – Émile Gérard-Gailly, Le Grand amour de Flaubert, Paris, 1944.
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