Lot n° 192

Louis BLANC (1811-1882). Manuscrit autographe signé, Agitateur, [vers 1845] ; 5 pages et quart petit in-4.{CR}Article politique, avec de nombreuses ratures et corrections, dans lequel Louis Blanc évoque l’épouvantable famine de 1845 en...

Estimation : 200  -  300 
Adjudication : 416 €
Description
Irlande, et l’attitude de Daniel O’Connell.{CR}« Les agitations des anciennes républiques ont produit beaucoup de mal, mais elles ont ouvert carrière aux plus, hautes vertus ». Le calme est trompeur, et propice à l’intrigue : « Soyez sûrs que les troubles intérieurs seront presque, toujours rachetés par l’éclat des grandes choses et des grands dénouements. Peut-être le pouvoir tombera-t-il aux mains de quelque ambitieux habile dans l’art fatal d’égarer les passions du peuple. Mais partout où les esprits sont tenus en éveil, la tyrannie trouve mille obstacles à s’établir et à se maintenir ». Louis Blanc donne des exemples dans l’Antiquité, le Moyen-Âge et même sous la Convention, où les agitations les plus violentes coïncident avec des périodes de gloire. Faut-il en conclure que « les agitations populaires sont bonnes en soi ? Non, certes elles accusent, on le doit reconnaitre, les vices d’une civilisation imparfaite. ». Elles montrent du désordre, mais aussi de la force. « À l’époque où nous sommes, le mot agitateur n’a d’application que dans la Grande-Bretagne. […] Mais qu’on ne s’y trompe point, O’Connel n’est pas un agitateur à la manière de Caïus et de Tiberius Gracchus. […] Des milliers d’Irlandais n’ont pas même un peu de paille pour y dormir et y mourir. […] Pourquoi, le pouvant, n’ordonne-t-il pas à ces bêtes humaines qu’on traque de se retourner contre les chasseurs ? Héros de meetings, il aime à mêler sa voix tonnante au tumulte de ces assemblées » ; mais il recule devant l’action. Louis Blanc fustige l’attitude et l’égoïsme d’O’Connell, et conclut : « O agitateur de l’Irlande tu pouvais si aisément devenir un grand homme : il en est temps encore. Tu as soixante dix ans, mais tu appartiens à une famille de centenaires ».
Partager