Lot n° 150

Philippe SOUPAULT (1897-1990). 16 L.A.S. et 2 L.S. 1927-1954, à René Laporte ; 33 pages formats divers, plusieurs en-têtes (Kra, éditeur, Les Cahiers libres, Excelsior, etc.), une enveloppe.{CR}{CR}Intéressante correspondance littéraire entre...

Estimation : 800  -  1 000 
Adjudication : 975 €
Description
les deux amis.{CR}Le poète René Laporte (1905-1954) avait fondé la revue Les Cahiers libres. À travers ces lettres, on suit Soupault dans ses diverses activités et déplacements, éditeur chez Kra, directeur de Radio-Tunis (1938-1941), et, après la guerre, chargé de mission en Amérique pour rétablir les agences de presse françaises, puis envoyé par l’Unesco en Afrique. On y croise les noms de Léon Pierre-Quint, Jean Giraudoux, André Beucler, Jacques Kayser, René Bertelé, etc. Plusieurs lettres sont complétées par Ré Soupault (3e femme de Philippe).{CR}Les deux poètes évoquent leurs divers travaux et leurs problèmes éditoriaux. En 1927, Soupault corrige les épreuves de son livre sur William Blake et Laporte celles du Dîner chez Olga, son premier roman, que Soupault apprécie. Plus tard, il le félicite pour ses poèmes et lui demande d’envoyer les bonnes feuilles du roman qu’il prépare. En 1942, il fait une longue critique du roman de Laporte Les Passagers d’Europe : il analyse les personnages, loue sa description de l’atmosphère de Tunis, la perfection des scènes d’émeutes, et le félicite d’avoir osé « laisser de côté le faux pittoresque (à la Flaubert et à la Maupassant) et ne montrer que l’essentiel »…{CR}D’Alger et de Tunis, Soupault envoie des articles à différentes revues, et mais hésite à soutenir un film avec André Beucler sur la Tunisie (février 1940). Dès 1939, il pressent le climat à venir : « Tu me proposes des Hitler m’a dit et des livres jaunes [ouvrages laissant entrevoir la possibilité d’une guerre]. Tâche d’en faire encore envoyer par la valise »…{CR}En 1942, Soupault ayant été relevé de ses fonctions de directeur de la Radiodiffusion de Tunis par le ministère de l’Information de Vichy (puis emprisonné du 12 mars au 13 septembre), les lettres se font plus longues. – 30 janvier : « Il nous semble que tout est ralenti, comme dans une prison. Venir en France nous parait, sinon vain, du moins imprudent. Les amis sont dispersés. […] Je travaille ici à un gros roman et à différentes notes. Mais j’ai peu de courage ». Cela ne l’empêche pas de porter un jugement sur ses contemporains : « J’attends tes poèmes. Ceux récents que j’ai lus d’Aragon et d’Éluard ne me satisfont guère. Ils sont admirablement réssis mais semblent négliger tout ce que le poème a conquis depuis Apollinaire. Retours en arrière qui sont d’autant plus dangereux qu’on ne peut que les admirer à cause de leur intériorité. Il faut réagir aussi contre le verbalisme de Lanza del Vasto et de Pierre Emmanuel ou le confusionnisme de Patrice de la Tour du Pin. Je me sens plus jeune que tous ces jeunes »… – 23 février : à l’abri dans sa maison, et malgré les difficultés matérielles, il travaille beaucoup : « Je termine un livre sur Labiche et la Société bourgeoise du Second Empire » qu’il espère voir éditer. « J’ai soumis quelques idées, sur l’instigation de Bertelé à Claude Roy. Il m’a répondu d’une façon évasive et hésitante »…Une carte postale du 13 septembre annonce sa libération : « Le cauchemar a pris fin provisoirement. Malheureusement je ne pourrais pas encore venir en France. ». – 2 octobre : il se remet à Alger de sa captivité et voudrait retrouver du travail ; son roman en cours lui plait : « Ce sont des séries d’expériences. Chaque chapitre est écrit dans un style différent, dans une lumière spéciale ». {CR}Après un long silence, les deux amis renouent en 1945, alors que Soupault est aux États-Unis. –5 juin : « Je vais publier un livre en français et en anglais, le Temps des Assassins et un poème Message de l’île déserte » ; il prépare aussi une vie de Roosevelt. – 20 août : Soupault raconte sa vie depuis la prison à Tunis et s’apprête à quitter les USA. {CR}De Brazzaville (14 avril 1951), il accepte avec réticence de faire partie du jury du Prix Apollinaire où figure Cocteau (qu’Apollinaire détestait et méprisait). La dernière lettre (1954) est une lettre de remerciements pour des poèmes.{CR}On joint : – un manuscrit autographe signé, article louangeur sur René Laporte paru dans la revue Transit (31 mars 1938, 2 p. in-4) ; – 5 L.A.S. et 1 L.S. de Ré Soupault à René Bertelé pendant l’emprisonnement de Soupault à Tunis, et 1 L.A.S. de New-York (24 octobre 1945) annonçant sa rupture avec Soupault ; – et une L.A.S de Marie-Louise Soupault-Le Borgne (2e femme de Philippe).
Partager