Lot n° 189

Camille SAINT-SAËNS (1835-1921). L.A.S., Saint-Cyr-sur-Morin 4 septembre 1917, à l’organisateur de concerts Paul Boquel ; 2 pages in-4, adresse en tête Château de la Brosse St-Ouen (un bord lég. effrangé).{CR}Amusante lettre de la...

Estimation : 300 - 400
Adjudication : 364 €
Description
campagne.{CR}Il est à la campagne [chez Aline Chazal, veuve de son ami Léon Chazal (1821-1898), contrôleur général de la Banque de France]. « Il y a ici un vieux piano qui n’offre pas grande résistance, mais qui empêchera mes doigts de se rouiller complètement. J’ai recommencé à travailler la R[hapsodie] d’Auvergne, afin de la jouer non pas seulement à votre satisfaction, mais à la mienne, ce qui est moins facile. Vous verrez ! On dort bien mieux ici qu’à Paris, à cause du silence complet, impossible à la ville. Malheureusement l’époque est passée où les oiseaux donnent leurs concerts ; il ne reste que les coqs, avec leur chant ridicule et amusant. Et puis les coqs ne vont pas sans les poules, et celles-ci donnent des œufs frais. Il y a aussi de belles vaches, d’où abondance de lait pur et de fromage à la crème. Car il n’y a pas seulement ici un parc immense, il y a aussi des prés et des champs. C’est un magnifique domaine ; et ce domaine serait à moi, si j’avais voulu. L’ancien propriétaire était féru de musique et surtout d’orgue ; il m’avait pris en grande amitié, il voulait me faire épouser sa nièce et me faire son héritier. Mais la nièce, hélas ! n’avait aucun charme ; c’était l’insignifiance, la nullité, à tous les points de vue. Le courage m’a manqué… Si la nièce avait été séduisante, je serais riche, et l’on jouerait mes opéras dans tout l’univers. Et je ne connaîtrais pas l’humiliation de saluer la foule idolâtre, après avoir fait des fausses notes, avec les huit dizièmes d’un siècle sur la tête »...
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