Lot n° 520
Sélection Bibliorare

[Reliure brodée] ─ Missel Le missel du Duc de Bordeaux dans une superbe reliure de Doll avec 20 gravures tirées sur soie, peintes et brodées. Exemplaire unique réalisé pour le duc de Bordeaux, futur comte de Chambord. Exceptionnel exemplaire dans une reliure aussi étonnan te que somptueuse de Doll, relieur de la duchesse d’Angoulême. Il est enrichi de 20 grandes gravures tirées sur soie, puis peintes et brodées.

Estimation : 30 000 – 50 000 EUR
Adjudication : 57 150 EUR
Description

Description

[Reliure brodée]

Missel Missale romanum ex decreto Sacrosancti Conciliii Tridentini restitutum, S. Pii Quinti Jussu editum, Clementis VIII et Urbani VIII, Papae auctoritate recognitum […].

Liège, Clément Plomteux, 1781In-folio (374 x 240 mm). Maroquin bleu, riche encadrement composé de rinceaux, grappes, feuillages et fleurs de lys brodés de fils d'or, canetilles et paillettes dorées, fleurs de lys brodées de même dans les angles, larges motifs en métal gaufré (blanc et argent) d’où jaillissent des faisceaux brodés de fils d’or représentant, sur le plat supérieur, l’agneau mystique couché sur le Livre aux Sept Sceaux (Apocalypse) et sur le second le triangle trinitaire avec le tétragramme, dos à nerfs richement orné de fers dorés et à froid, roulettes dorées en encadrement intérieur, doublure et gardes de soie rose, tranches dorées ; emboîtage de même maroquin, dos richement orné, roulette à froid et filets dorés encadrant les plats, feuillages dorés dans les angles et armes dorées au centre, doublure de velours blanc, fermoirs en métal, tranches dorées (Doll). Quelques feuillets légèrement brunis, manque de papier dans l’angle de la p. 307, restauration dans la marge inférieure de la p. 245 et dans la marge extérieure de la p. 339 sans atteinte au texte, infimes restaurations dans la marge extérieure de la p. 497Reliure très légèrement frottée. Boîte-étui légèrement passée avec quelques éraflures.

Exemplaire unique réalisé pour le duc de Bordeaux, futur comte de Chambord.

Exceptionnel exemplaire dans une reliure aussi étonnan te que somptueuse de Doll, relieur de la duchesse d’Angoulême. Il est enrichi de 20 grandes gravures tirées sur soie, puis peintes et brodées.

Belle impression liégeoise au format in-folio avec musique notée. Le texte, imprimé sur deux colonnes en rouge et en noir, est inscrit dans un encadrement d’ornements typographiques.

10 gravures en noir et blanc à pleine page et 20 grandes gravures tirées sur soie, puis peintes et brodées. 7 d’entre elles recouvrent 7 des 10 gravures en noir que compte l’édition. Ces planches, bordées d’un listel jaune brodé, ont été montées dans un encadrement de papier.

Les fonds (paysages et architecture) ont été finement gouachés. L’alternance entre les fonds gouachés et la broderie, qui ont conservé leur fraîcheur d'origine, offre un saisissant effet de trompe-l’œil.

Cette luxueuse reliure a été exécutée par F. Doll dans les années 1820 au moment de la naissance du duc de Bordeaux et avant la Révolution de 1830 qui chasse Charles X du trône, le contraignant, ainsi que toute sa famille, à l’exil.

Doll fut actif à Paris entre 1796 et 1835. Il débuta dans l’atelier de Bozerian, avec Thouvenin et Lefebvre, avant de s’établir rue de Seine, 16 rue Mazarine puis 13 rue Marais-Saint-Germain en 1825. Il travailla pour Napoléon Ier et la reine Marie-Amélie, tante de la duchesse de Berry et épouse de Louis-Philippe. Il fut aussi le relieur du duc et de la duchesse d’Angoulême.

Ce missel est à rapprocher de celui réalisé pour la duchesse de Berry à la même période et dont le travail de broderie est signé d'une certaine Mme Pierre qui, très vraisemblablement, exécuta aussi les planches de ce missel liégeois. Dans le Catalogue de la riche bibliothèque de Rosny (Paris, Bossange, Techener et Bataillard, [1837], n° 26), le missel romain y est longuement décrit : "Comment la broderie a-t-elle pu reproduire cette grâce, cette naïveté de dessins, que pourrait faire le pinceau le plus exercé ? Tout ce que nous pourrions dire serait au-dessous de la curiosité de ce volume, que nous engageons MM. les amateurs de venir voir et admirer."

Henri d'Artois, duc de Bordeaux, puis comte de Chambord (1820-1883), fils posthume du duc et de la duchesse de Berry, naît aux Tuileries le 26 septembre 1820, sept mois après l’assassinat de son père. "L’enfant du miracle", comme le surnommait Lamartine, est le dernier représentant de la branche aînée des Bourbons et prétendant au trône sous le nom de Henri V à l’abdication de Charles X. Malgré le combat sans relâche que mena sa mère en sa faveur, il ne ceint jamais la couronne et mourut sans postérité. L'exemplaire demeura jusqu'à la fin du XXe siècle dans la bibliothèque du château de Brünnsee, propriété que la duchesse de Berry avait achetée en Autriche et où elle termina ses jours. 

Provenance

Henri d’Artois, comte de Chambord (l'emboîtage est frappé des armes de Charles X, OHR 2498, fer n° 1). ─ Jean-Paul Morin (ex-libris "Jamais perdu en mer"; Paris, 19 décembre 2012, n° 85).

Bibliographie

De Theux, Bibliographie liégeoise, col. 671 (indique par erreur 8 gravures).

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