STENDHAL. - GATTEL (C.-M.). Maitre Italien ou Grammaire française et italienne de Vénéroni. Lyon, Bruyset aîné & C., an XI, 1803. In-8, basane racinée, dos lisse orné, pièce de titre rouge, étiquette au contreplat du libraire Théophile Barrois (Reliure de l'époque) et étui moderne demi-box fauve signé Boichot. Précieux volume portant deux notes autographes de Stendhal, provenant de la bibliothèque de son ami Louis Crozet. Signature de Louis Crozet sur le titre (avec la mention "Bac.", restée mystérieuse). "On ne sera pas surpris de trouver dans la bibliothèque de Crozet les ouvrages qui ont le plus contribué à la formation de l'esprit de Beyle. (...) Certains de ces ouvrages portent sur leurs marges ou sur leurs feuillets de garde des notes manuscrites, fruit du travail improbus des deux amis pendant la période 1810-1814. (...) Tous ces livres … appartiennent à mon cousin M. Paul Royer avocat à Grenoble qui a bien voulu m'autoriser à oublier ces notices." (ROYER (L.).
Les livres de Stendhal dans la bibliothèque de son ami Crozet. Paris, Giraud-Badin, 1923, pp. 21-22). Royer décrit ainsi cette grammaire, sous le n° 7 : "Sur le feuillet de garde, signature de Crozet. Une note de Stendhal : "1811, 14 février. Gli Italiani (non) hanno una cosi grande vanita [les Italiens n'ont pas une si grande vanité]". C'est dans l'espoir de revoir ensemble l'Italie, au début de 1811, que Beyle et Crozet apprenaient l'italien dans cette grammaire éditée par leurs vieux maîtres de l'école centrale, professeur de logique, l'abbé Gattel". L'exemplaire porte également ces deux notes sur le faux-titre, non annoncées par Royer : "Si j'étais fortuné" (avec tache d'encre) ; "L'Italien, la langue est belle". Ces notes autographes de Stendhal sur ce volume sont particulièrement précieuses car, formulées comme des maximes, elles témoignent de la jeunesse et de l'enthousiasme de l'écrivain et soulignent sa passion précoce pour l'Italie. En mai 1800, à 17 ans, Henri Beyle s'engage dans l'armée de réserve de Bonaparte, traverse les Alpes et découvre l'Italie avec éblouissement. Cette Italie qu'il imaginait, enfant, comme le pays d'origine de sa mère, morte alors qu'il n'avait que sept ans, le conquiert. En ce début d'année 1811, Henri Beyle est auditeur au Conseil d'Etat et inspecteur du mobilier de la couronne à Paris auprès de Vivant Denon, mais il nourrit l'espoir d'obtenir un congé pour retourner en Italie, en compagnie de son ami Louis Crozet. Finalement, il effectuera un premier grand tour italien, seul, de septembre à novembre 1811. Les multiples séjours suivants, en touriste et d'études, marqueront pleinement son œuvre littéraire, depuis L'Histoire de la peinture en Italie jusqu'à La Chartreuse de Parme. Victor del Litto (in La Pléiade, Œuvres intimes, I, p. 1138) évoque lui aussi, succinctement, cet exemplaire : "Jean Vigneron, dit Veneroni (1642-1708), est auteur d'une grammaire très répandue à l'époque, Le Maître italien ou grammaire française et italienne. L'abbé Gattel, l'ancien professeur de Stendhal à l'Ecole centrale de Grenoble, venait d'en donner une nouvelle édition publiée à Avignon en 1800. Un exemplaire de la réédition de Lyon, an XI-1803, existait autrefois dans la bibliothèque de Louis Crozet". Louis Crozet (1784-1858), ami de jeunesse de Henri Beyle, devenu ingénieur des Ponts et Chaussées et maire de Grenoble, "fut aussi son conseiller, presque son collaborateur dans ses premiers essais littéraires" (Royer, p. 6). C'est lui qui aida Stendhal à publier l'Histoire de la peinture : "Crozet est chargé de la mettre au point, de la critiquer, de la faire imprimer, de corriger les épreuves" (Royer p. 15). Et il hérita des œuvres imprimées et manuscrites de Stendhal, léguées par la suite à la bibliothèque municipale de Grenoble. "Quand le jeune Beyle quitte Grenoble, commence l'époque des lectures actives (...). La quarantaine de volumes (pour une quinzaine de titres) restés à Plancy chez Louis Crozet et annotés parfois par les deux amis, sont le témoignage vivant des séances systématiques de lectures et d'études littéraires, philosophiques et d'économie politique, effectués dans les années 1810-1812. " Les bibliothèques de Stendhal " par H. de Jacquelot. In : Bibliothèques d'écrivains. Paris, Éditions du CNRS, 2001, p. 72-73). Stendhal possédait également de ce même auteur, un Dictionnaire (2 vol.)., listé dans le "Catalogue des livres retrouvés au domicile romain du consul Beyle, via Condotti, n° 48" (V. Del Litto, Les bibliothèques de Stendhal, Paris, Champion, 2001, 205). Infimes frottements.