Lot n° 251

MORICE (Ch.). Paul Gauguin. Paris, Floury, 1919. In-4, demi-maroq. rouge à coins, dos lisse, …

Estimation : 18 000 - 20 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
MORICE (Ch.). Paul Gauguin. Paris, Floury, 1919. In-4, demi-maroq. rouge à coins, dos lisse, tête dorée, couverture et dos cons. UN DES 60 EXEMPLAIRES DE LUXE TIRES SUR JAPON, accompagnés de la très belle eau-forte originale de Gauguin représentant Stéphane Mallarmé « au corbeau », cette épreuve en deux états, dont l’un rayé. (184 x 145 mm). Seule eau-forte de l’oeuvre gravée de Paul Gauguin. Il existe de cette admirable eau-forte deux états gravés en 1891, deux tirages posthumes et le cuivre rayé : - Un premier état au fond plus léger et au visage moins fouillé, non signé, n’est connu qu’à deux exemplaires (un de ceux-ci accompagné du cuivre original est conservé à la Bibliothèque nationale de France). - Un second état est signé et daté, au-dessus de la tête du poète «P G 91» (avec le 9 inversé). Réalisé par Delâtre, il a été tiré à très petit nombre (une dizaine environ) pour les amis de l’artiste et non mis dans le commerce. - Deux tirages posthumes à la demande de Charles Morice, réalisés vers 1919 : quelques épreuves sur vergé ou japon pour l’éditeur Floury et un tirage en bistre sur japon, tiré à 79 exemplaires dont celui proposé ici, fait partie. Un des 79 exemplaires en bistre sur japon de 1919, numéroté à la mine de plomb : 9/79 (Feuille 330x240). - Le cuivre rayé tiré à 79 exemplaires environ sur papier vélin. Paul Gauguin et Stéphane Mallarmé se rencontrent fin 1890 grâce à leur ami commun Charles Morice. Gauguin devient alors un habitué des Mardis entre deux voyages à Tahiti. C’est grâce à Mallarmé qu’Octave Mirbeau annonce dans Le Figaro la vente organisée par Gauguin en février 1891 à l’Hôtel Drouot, destinée à réunir les fonds nécessaires à son départ aux îles Marquises (lettre de Mallarmé à Mirbeau du 5 janvier 1891). Pour le remercier, Gauguin fit ce portrait, seule eau-forte jamais réalisée par lui. «Ces quelques traits une minute esquissés, vague souvenir d’un beau visage aimé au clair regard dans les ténèbres» (Lettre de Paul Gauguin à André Fontainas, mars 1899). Hommage de Gauguin à la relation Manet-Mallarmé. «Gauguin représente le poète en buste de trois-quarts droit, le visage aigu cerné de quelques traits, avec une puissance qui confine à la brutalité [...] Dans la version gravée, le corbeau domine ironiquement la tête du poète dont Gauguin se plaît à accentuer les oreilles faunesques : double hommage à la relation Manet-Mallarmé. Le fond obscur, buissonnant de traits creusés au burin, l’éclairage blafard du visage, concentré, mais au regard lointain, la présence étrange de l’oiseau, donnent à ce portrait quelque chose d’inquiétant, bien dans la manière d’Edgar Poe, tel le surgissement d’un mystère en pleine lumière. La place du corbeau, presque juché sur le chef du poète, peut être lue comme une référence à la troisième lithographie de Manet pour Le Corbeau : Sur le buste’ [...] En dessinant à son tour le visage du poète, Gauguin répondait aussi au portrait caché de la première illustration du Corbeau : Sous la lampe’» (Nectoux, p. 98). Références : Nectoux, Mallarmé, Peinture, musique, poésie, 1998, p. 98. - Mallarmé, Musée d’Orsay, 1998, cat. 235 et 60 pour une autre épreuve. - Stéphane Mallarmé à Valvins, Musée départemental Stéphane Mallarmé, 1995, p. 55. - Kornfeld, 12 II B b. Ouvrage capital sur Gauguin et l’un des plus rares ouvrages de la collection Floury, illustré de très nombreuses reproductions hors et dans le texte, en noir et en couleurs. (Lég. érafl. au dos du vol. ; les deux gravures en très belle impression, lég. plis et cass. au bord des grandes marges, petite trace de frottement sous le sujet à gauche, lég. trace de jaunissement sur les marges latérales de l’épreuve sur cuivre rayé).
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