Lot n° 41
Sélection Bibliorare

LA SALE (Antoine de). — La Salade, nouvelleme(n)t imprimee laquelle fait mension de tous les pays du monde Et du pays de la belle Sybille avec la figure pour aller au mont de la belle Sibille Et aussi la figure de la Mer & de la terre et plusieurs...

Estimation : 6 000 - 8 000 €
Adjudication : 21 875 €
Description
belles remonstrances. — [Paris : veuve de Michel Le Noir, 1521] Colophon: imprimé en la rue sainct iacqs a le(n)seigne de la Rose blanche et fut acheve le dixhuiytiesme iour de ianvier. — Petit in-folio, 254x180 : (4 ff.), lxiii ff. mal folioté lxxiii, 3 planches. [sig. ≅4 a-d6 e-f4 g6 h-i4 k6 l-n4].
Veau havane, succession de trois encadrements sur les plats, composés chacun d’une roulette de filets à froid, fers dorés aux angles extérieurs des deux cadres centraux, fleuron doré au centre, dos à nerfs (reliure du temps).

Bechtel, L.54-L55. - Brunet, III, 854. - Tchémerzine, IV, pp. 59-61.

Édition princeps très rare, imprimée en caractères gothiques sur deux colonnes.
Il s’agit d’un ouvrage didactique du conteur Antoine de La Sale (1385?-1461?) qui le composa pour l’éducation du duc d’Anjou dont il était le précepteur. Comme il l’indique au début de son texte, le terme de «salade» qu’il utilise dans le titre, signifie qu’il propose un mélange d’écrits qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres. L’auteur écrit ainsi: «(j’ai) faict ce petit livret que ie nomme La Salade Pource que en la Salade se met plusieurs bonnes herbes» (f. i verso).

Il compile ainsi dans ce recueil un petit traité des huit vertus utiles à un prince, un choix de récits de stratagèmes tirés d’auteurs anciens comme Valère-Maxime et Frontin, le Paradis et une excursion aux Lipari, deux textes en partie autobiographiques, des pages de géographie, un arbre généalogique de la maison d’Aragon, des cérémonies et ordonnances du roi Philippe le Bel sur le «gage de bataille», des livres de considérations protocolaires, dont deux en latin, etc. L’ouvrage se termine par une pièce en vers monorimes.
L’importance de ce livre tient notamment au fait qu’il contient l’un des plus anciens textes européens à rendre compte des régions du Nord du globe, en l’occurrence l’Islande et le Groënland, «inconnues de nos astrologues à cause des hivers longs et rigoureux».
L’édition se distingue par son illustration qui se compose sur le titre d’un grand bois divisé en deux compartiments (Saint Louis aux pieds du pape et l’armée royale face à l’armée turque), et de 33 autres gravures sur bois dans le texte. L’illustration se trouvant au feuillet i4 recto est la même que celle figurant sur le titre. La gravure placée au verso du feuillet l2 est identique à celle qui se trouvait sur le titre de Lhystoire et plaisante cronicque du petit Jehan de saintre d’Antoine de La Sale publiée en 1517.

À cela s’ajoutent de nombreuses lettrines gravées et trois planches dépliantes représentant respectivement «le mont de la Sibille» et ses environs, une carte du monde, et l’arbre généalogique de la maison d’Aragon en latin, imprimé en rouge et noir.
La carte du monde est des plus précieuses car elle est considérée comme la première carte imprimée à nommer les antipodes. Elle place une grande mer au pôle Sud (Mare Antipodes et Incognitum) au lieu d’un continent tentaculaire comme il était de coutume. Selon Laurence Claiborne Witten, libraire à Yale, cette carte est dérivée du manuscrit perdu de l’ouvrage de La Sale pour lequel Michel Le Noir, ou plus exactement sa veuve, avait obtenu le privilège exclusif d’impression en 1521. Sa conception et ses légendes sont celles d’une carte du monde du milieu du XVe siècle comme celle d’Andrea Bianco de 1436.

Cet exemplaire est en tout point conforme à celui numérisé sur Gallica. Le privilège est daté du 20 janvier 1521 alors que Bechtel, Brunet et Tchémerzine indiquent la date du 22 janvier. Cette édition se trouve indifféremment avec le présent titre ou avec celui à l’adresse de Philippe Le Noir. Dans ce second cas la gravure est placée à pleine page au verso.
Exemplaire en reliure légèrement postérieure, réalisée vers 1550.

Exemplaire lavé et remis dans sa reliure. Coiffes arrachées, quelques frottements d’usage et taches sur les plats. Coins légèrement émoussés. Les gardes volantes ont été renouvelées à l’aide de papier ancien recouvert de notes manuscrites qui ont été effacées. Plusieurs feuillets (une quinzaine) ont été restaurés dans les marges, notamment les 9 derniers. Les restaurations atteignent parfois le texte, les mots et lettres manquantes ont été restitués. Quelques taches et trous de vers aux derniers feuillets.
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