Lot n° 49

[01]. Aux origines des sociétés anonymes : les moulins du Bazacle — [TOULOUSE]. – PÉRÈS (Sanson). Manuscrit signé en deux endroits, intitulé « Compte de la recepte et despence par le sieur Sanson Peres marchand de Thoulouse comme parier et trésorier du moulin du Basagle des revenus d'icelluy, la présante année m vic liii comme s'ensuict. 1653. », titre répété avec variante sur le premier plat.

Estimation : 800 - 1000 €
Adjudication : 1 875 €
Description
1653. 19 ff. manuscrits dans un cahier in-folio relié en parchemin semi-rigide, vestiges de lacs de parchemin (Reliure de l'époque).Comte rendu annuel comprenant d'abord le « Compte de la recepte ordinaire », où figure notamment le produit de la vente des farines, puis l'« Estat de la despence », ordonné en plusieurs chapitres : « achapt du bois », « achapt du fer », « achapt du foing », « journées des charpantiers et des manœuvres », « bastardeau [c'est-à-dire le barrage] de La Manière », « charroy du bois de coural [cœur de chêne] », « cordage », « menus frais », « diminution des espèces en louys d'argent », « gages des officiers ».
Sanson Pérès conclut cet état sur une remarque relative à la surcharge de travail que lui a occasionnée une campagne de réparations menée durant trois mois, et propose que ses gages soient majorés en conséquence. Avec apostille signée par deux auditeurs.
« L'honneur des moulins du Bazacle », à Toulouse, précurseur des sociétés anonymes modernes, et une des entreprises qui connut la plus grande longévité dans l'histoire de France.
À Toulouse, sur la Garonne, furent très tôt installés des moulins à blé flottants, progressivement remplacés par des constructions sur pilotis. En raison des crues ravageuses du fleuve, plusieurs compagnies de meuniers s'organisèrent au XIIe siècle autour de systèmes d'assurance mutuelle, dont la compagnie dite du Bazacle : ces groupements appartenaient aux détenteurs (pariers) d'actions (uchaux) de moulins. Un pas important fut franchi en 1372 par la compagnie du Bazacle qui, sous le nom d'Honor dels molis del Bazacle (le terme d'« honneur » étant emprunté au vocabulaire du régime féodal) réforma son fonctionnement en société anonyme : un capital unique était constitué, et non plus fragmenté pour chaque moulin, les actions étaient anonymes, et les actionnaires, qui recevaient des dividendes en nature (farines), devaient se réunir annuellement pour nommer un exécutif comprenant un régent et des officiers. Parmi ces officiers se trouvait le trésorier, qui devait recevoir, conserver et délivrer l'argent sans être le donneur d'ordre de ces opérations ; il devait aussi entre autres veiller aux réparations des moulins. L'anonymat des parts fit rapidement passer le capital des mains des meuniers à celles de la bourgeoisie toulousaine. L'« Honneur des moulins du Bazacle » subsista jusqu'au XXe siècle, quoiqu'ayant opéré une reconversion au XIXe siècle dans la production d'électricité. Cf. Germain Sicard, Aux origines des sociétés anonymes : les moulins de Toulouse au Moyen Âge, Paris, Armand Colin, 1953.
Marchand de fer à Toulouse, Sanson Pérès appartenait à une famille de tuiliers originaire de Pibrac. Son fils accéderait au capitoulat, charge anoblissante.
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