Lot n° 125

Alexandre DUMAS. Louis-Philippe et son règne. [1852]. Manuscrit autographe. In-folio, demi-basane …

Estimation : 15 000 - 20 000 EUR
Adjudication : 17 056 €
Description
Alexandre DUMAS. Louis-Philippe et son règne. [1852]. Manuscrit autographe. In-folio, demi-basane verte, dos lisse, titre doré. 697 ff. Le manuscrit commence à la page 19 mais le texte est bien complet. Le manuscrit autographe du livre publié en 1852 sous le titre le Dernier roi. Manuscrit complet rédigé par Dumas de sa belle écriture. Il présente de petites différences, la plupart stylistiques, avec le livre publié. C’est à sa belle écriture, son seul bien monnayable, que Dumas en 1823 dut d’entrer au service du duc d’Orléans (futur roi Louis-Philippe) en qualité d’expéditionnaire. Il était chargé de recopier élégamment les lettres soumises à la signature de ses supérieurs. Cette écriture exceptionnelle lui valut l’honneur d’être appelé auprès du duc lui-même pour copier un mémoire secret, la réfutation des prétentions de Maria-Stella qui se prétendait la fille légitime de Philippe-Égalité échangée à sa naissance contre un garçon, Louis-Philippe, qui n’était en fait que le fils d’un geôlier. Le jeune Dumas, qui copiait, copiait et encore copiait ne rêvait que gloire théâtrale, et aussitôt son temps de pénitence terminé hantait coulisses et foyers des théâtres, et dérobait de plus en plus à son employeur, des heures de travail pour se livrer à ses compositions personnelles au point que l’état des employés de 1828 porte cette note de la main du duc d’Orléans « supprimer les gratifications de M. Alexandre Dumas qui s’occupe de littérature ». Le duc, bon prince, accepta néanmoins d’assister à la création d’Henri III et sa cour (il revint même pour la deuxième représentation) le 10 février 1829. Les bonnes relations entre les deux hommes se détériorent vite après la proclamation de Louis-Philippe comme roi des Français. Dumas, blessé dans son orgueil et républicain, modéré mais fervent, finira par donner sa démission et ne cessera plus de s’opposer à la monarchie de Juillet, malgré l’amitié qu’il entretient avec le nouveau duc d’Orléans fils aîné du roi et plus tard avec le duc de Montpensier autre fils de Louis-Philippe. Son histoire de Louis-Philippe est donc un violent réquisitoire contre la politique menée par le roi en opposition avec les promesses nées de la révolution de 1830. Le volume s’ouvre sur la naissance de Louis-Philippe, sa généalogie et le mariage de ses parents. Dumas note qu’aucune des formalités que l’on faisait habituellement à la naissance des princes du sang ne fut accomplie pour lui. Il fut simplement ondoyé. « La cérémonie se fit au Palais-Royal par l’aumônier de la maison en présence du curé de la paroisse et de deux valets. Ce fut douze ans plus tard seulement que Louis XVI et Marie-Antoinette tinrent le jeune duc de Chartres sur les fonds de baptême. » Dumas rapporte, sans y croire naturellement, la raison que donne Maria Stella (la pseudo-fille de Philippe-Egalité) pour cette négligence inhabituelle : la duchesse se trouva enceinte en Italie, en même temps qu’une femme du peuple dont le duc de Chartres avait fait la connaissance. Ils auraient fait un marché : si la duchesse accouchait d’une fille, et l’Italienne d’un garçon, un échange serait fait. Ce qui arriva. Maria-Stella vraie fille de Philippe-Égalité fut élevée en Italie et le garçon devint duc de Chartres ! En détaillant longuement les détails de cette naissance, Dumas laisse entendre que Louis-Philippe fut d’emblée marqué comme un prince de seconde zone. L’éducation reçue de Mme de Genlis est également l’objet de longs développements : Son « gouverneur » (titre de Mme de Genlis) fit de lui quelqu’un de cultivé. Mais le roi ne tint pas les promesses du prince : Elle lui donna « le goût des maîtres et l’admiration des génies primitifs, goût et admiration qui s’exagérèrent peut-être un peu trop chez le Roi, qui oubliant les promesses faites par le duc d’Orléans, refusa constamment une fois monté sur le trône d’accorder la moindre valeur, aux œuvres de la littérature moderne. Ce mépris affecté pour les grandes sommités littéraires du XIXe siècle a peut-être le 24 février 1848, coûté la régence à Madame la duchesse d’Orléans et le trône au comte de Paris. Le tribun Lamartine a cruellement vengé Lamartine le poète. » Dumas pointe ensuite ce qui résulta de son éducation : deux qualités, le courage et la patience. « Courageux il sut affronter, patient, il sut attendre ». Mais aussi un grave défaut : « Tout ce qui entourait le duc, comme tout ce qui entoura le roi au lieu de tendre à le grandir tendait à le rapetisser. » La Révolution est une nouvelle occasion pour Dumas de chercher des analogies, et les événements auxquels est mêlé le jeune prince sont un moyen de rappeler ce qui s’est passé quand il est devenu roi : « Le duc de Chartres avait détruit la cage de bois de Louis XIV [au Mont-Saint-Michel où elle était conservée, lors d’une visite faite avec Mme de Genlis]. Le peuple allait détruire la cage de pierre de Charles X. Un jour la royauté se trompa, au lieu d’enfermer les corps à la Bastille, elle y enferma les idées. Les
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