Description
[BARTHÉLEMY (Jean-Jacques)] Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du quatrième siècle avant l'ère vulgaire. À Paris, chez de Bure l'aîné, 1790. 7 volumes in-8, xxiv-382-(2 blanches) + (8 dont les 2 premières blanches)-568 + (8 dont les 2 premières blanches)-560 + (8 dont les 2 premières blanches)-564 + (8 dont les 2 premières blanches)-543-(une blanche) + (8 dont les 2 premières et la dernière blanches)-511-(une blanche) + (8 dont les 2 premières blanches)-130-(2)-cccxxii-(2 dont la dernière blanche) pp. ; déchirures marginales à 4 feuillets de texte. — Recueil de cartes géographiques, plans, vues et médailles de l'ancienne Grèce, relatifs au voyage du jeune Anacharsis ; précédé d'une analyse critique des cartes. Ibid. In-4, xlii pp. — Le tout en reliure homogène, veau fauve raciné glacé, dos lisses cloisonnés et fleuronnés avec pièces de titre et de tomaison grenat, fine frise dorée encadrant les plats, coupes filetées, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur teinte rouge ; coiffes, mors et coins légèrement frottés, quelques taches sur les plats (reliure de l'époque). ILLUSTRATION GRAVEE SUR CUIVRE comprenant 31 planches gravées sur cuivre par Guillaume de La Haye, soit : 2 dépliantes et 29 à double pages, toutes montées sur onglets dans l'atlas, dont 24 portant des cartes et plans topographiques (11 rehaussés de couleurs) tracés de 1781 à 1788 par Jean-Denis BARBIE DU BOCAGE, parfois d'après les relevés établis peu avant pour le comte de Choiseul-Gouffier. « ROMAN ANTIQUE », LE VOYAGE DU JEUNE ANACHARSIS EN GRECE habita son auteur pendant les trente années que prit son écriture. « J'ai composé un voyage plutôt qu'une histoire », écrivait-il, et de fait cet ouvrage érudit est construit autour du récit de voyage en Grèce d'un jeune Scythe, vivant à l'époque intermédiaire entre le siècle de Périclès et celui d'Alexandre. Écrit dans un style élégant tissé d'emprunts à la littérature classique grecque et romaine, ce livre reflète dans une certaine mesure l'expérience bouleversante que fut pour l'abbé Barthélemy son long séjour en Italie à la découverte des vestiges gréco-romains. VERITABLE SOMME ARCHEOLOGIQUE, le Voyage aborde dans son parcours tous les aspects de l'histoire et de la civilisation grecque antique : loin des fables mythologiques, l'abbé Barthélemy s'y est appliqué à retrouver le passé à partir de faits, mais aussi de traces rassemblées dans une sorte de musée imaginaire. Conduisant avant le comte de Volney une réflexion philosophique sur la fragilité des civilisations, il cherche cependant à ressusciter cette Antiquité ensevelie par les siècles, en suscitant l'enthousiasme et l'émerveillement du lecteur, et y parvient jusque dans ses paysages où, avec des accents rappelant Jean-Jacques Rousseau, s'exprime un sentiment très vif de la nature. La réussite de cette entreprise fit écrire à Louis de Fontanes : « Toute l'Antiquité par vos soins rajeunie / Reparaît à nos yeux sous ses propres couleurs, / Et vous nous rendez son génie ». MANIFESTE NEOCLASSIQUE, le Voyage du jeune Anacharsis en Grèce promeut une beauté fondée sur l'idée de perfection, alliant simplicité et harmonie. S'il rejoint d'une certaine manière le classicisme des Aventures de Télémaque de François de Fénelon (1699), il s'inscrit bien plutôt dans le mouvement intellectuel qui s'affirme au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, irrigué par la réflexion esthétique conduite dans les années 1750-1760 par le théoricien allemand Johann Joachim Winckelmann, et illustré par les spectaculaires publications de Julien-David Le Roy, Les Ruines des plus beaux monuments de la Grèce (1758) ou du comte de Choiseul-Gouffier, Le Voyage pittoresque de la Grèce (dont la publication débuta en 1782). Ainsi, à la croisée de l'érudition et de l'engouement de salon, le Voyage du jeune Anacharsis en Grèce accompagne et entretient une véritable mode grecque qui, en France, imprima sa marque sur l'architecture, les arts décoratifs ou encore les costumes. C'est après la lecture de passages de ce Voyage consacrés aux festins de Sparte et d'Athènes, que madame Vigée-Lebrun donna en 1788 un « souper grec » où les convives, personnages de la Cour, écrivains et artistes, habillés à la grecque, se virent proposer mets et vins grecs. Par son succès, l'ouvrage de l'abbé Barthélemy joua un rôle non négligeable dans la naissance d'un philhellénisme qui trouva ses prolongements politiques dans la première moitié du XIXe siècle. UNE PEDAGOGIE A VISEES MORALISATRICES. Pour l'abbé Barthélemy, il s'agit aussi d'offrir au lecteur un livre qui permette de « se former en se cultivant », et il n'hésite pas à peindre les personnages historiques qu'il évoque sous des couleurs propres à les offrir en modèles ou en repoussoirs, avec des allusions toutes contemporaines. Par exemple Aspasie, épouse de Périclès, qui comme Madame de Pompadour protège les lettres et les arts et influence la politique du prince, est ici accusée explicitement de contribuer au re