[reliés à la suite :]
—[Guillaume Le Rouille], Epistre des Rossignols du Parc d'Alençon. 4 ff. extraits du Recueil de l'antiquité prexcellence de Gaule et des Gauloys, Poitiers, 1546.
— Mario Equicola, Apologie de Marus Equicolus gentilhomme Italian contre les mesdisantz de la nation françoise, Paris, pour Vincent Sertenas, 1550. Cahier G remonté.
ÉDITION ORIGINALE In-8 (145 x 96mm).
COLLATION : A-B8 : 16 feuillets.
ANNOTATIONS : quelques notes marginales, écrites à l'encre brune, par une main contemporaine.
RELIURE DU XVIIIe siècle. Veau blond, encadrement de filets dorés, dos long orné, titraison en long, tranches dorées.
PROVENANCE : — Louis-César de La Baume Le Blanc, Duc de La Vallière (1708-1780 ; sa vente, Paris, 1783, n° 5095 : “in-8. v. f.”).
— William Beckford (1760-1844 ; sa vente, Hamilton Palace, 1882, n° 113)
Bulletin Morgand, novembre 1884, n° 9498.
— Paul Jammes (sa vente, Paris, 12-13 octobre 2010, n° 326).
Mouillure claire et quelques rousseurs.
Rawles et Screech recensent huit exemplaires de La Sciomachie dont deux seulement sont encore en mains privées. Il faut ajouter à ceux-ci un exemplaire présenté sur le marché des ventes aux enchères (Paris, 5 et 6 décembre 2002, n° 25).
Une sciomachie signifie "un simulacre et représentation de bataille, tant par eau que par terre" (Rabelais).
Sous le titre de Sciomachie, Rabelais publie le compte rendu des festivités organisées à Rome par le cardinal Jean du Bellay à l'occasion de la naissance du second fils de Henri II, Louis d'Orléans. Le prénom du Prince est laissé en blanc dans l'introduction, ce qui indique que ce texte fut imprimé très peu de temps après la naissance et avant le baptême de l'enfant. Pour célébrer cette naissance, le cardinal Jean du Bellay, secondé par Rabelais, organisa à Rome une suite de grandioses réjouissances populaires.
Le Bulletin Morgand rappelle dans sa notice que "Rabelais, en 1549, s'était réfugié en Italie où il venait chercher protection près de son ancien ami le cardinal Du Bellay, retiré à Rome. Rabelais était, à cette époque, violemment attaqué". Rabelais, lors de ce second et dernier séjour à Rome (1547-1549), joua "moins le rôle d'un médecin que celui d'un secrétaire, peut-être d'un organisateur de fêtes pour lequel son talent le désignait particulièrement" (Mireille Huchon). Quand Rabelais publie La Sciomachie en 1549, il a déjà publié la majeure partie de son œuvre, Pantugruel, Gargantua et Le Tiers Livre, tous trois condamnés par la Sorbonne.
Michael Screech a mis en évidence que ce texte "constitue, sur un point important, un pont entre le Tiers Livre et le Quart Livre de 1552 en ce qui concerne certaines des préoccupations de l'auteur." Le point important est un passage au début de La Sciomachie où Rabelais affirme que la nouvelle de la naissance du jeune Prince fut connue à Rome chez les banquiers romains le jour même de l'événement au château de Saint-Germain-en-Laye. Pour lui, un tel fait n'est pas sans précédent et il ne s'agit ni d'une supputation bien calculée, ni même d'une "chose prodigieuse et admirable". Ses assertions restent vagues, mais Screech les élucide en les confrontant à d'autres passages du Quart Livre : "À la Renaissance, un événement qui semblait prodigieux pouvait être expliqué de diverses façons : par l'intervention d'un messager de Dieu, par les pouvoirs des anges gardiens ou par la redécouverte des pigeons voyageurs. Dans le Quart Livre de 1552, et probablement dans La Sciomachie, Rabelais choisit les pigeons voyageurs ce qui n'implique pas qu'il ne croyait pas aux anges gardiens ou à d'autres messagers de Dieu".
L'instantanéité de la communication, la transmission immédiate de la pensée, par pigeon ou par esprit, ont toujours fasciné Rabelais. Qu'en serait-il aujourd'hui pour lui, à l'âge de l'internet ?
BIBLIOGRAPHIE : USTC 9951 -- Tchemerzine, V, 332 -- Stephen Rawles and Michael Screech, A New Rabelais bibliography, Genève, 1987, n° 103, pp. 512-515 -- Michael Screech, Rabelais, Paris, 1992, pp. 409-413 -- Mireille Huchon, Rabelais, Paris, 2011 -- Brunet, III, 998 (pour l'Epistre).