Lot n° 87

BERLIOZ (Hector). 2 lettres autographes signées. – À son père Louis Berlioz. …

Estimation : 800 - 1 000 EUR
Adjudication : 2 000 €
Description
BERLIOZ (Hector). 2 lettres autographes signées. – À son père Louis Berlioz. SAINT-PETERSBOURG, 31 mars 1847. Très belle lettre écrite lors de la tournée qu'il effectua en Russie de février à mai 1847 : « J'ai fait sans encombre ce grand voyage de Pétersbourg qui vous a peut-être inquiété, et je pars tout à l'heure pour Moscou où je ne demeurerai que quinze jours, ainsi mes sœurs peuvent me répondre ici. Voici mon adresse : maison Kosikowski, perspective Newski au coin de la petite Morskoïa (Pétersbourg). J'AI EU LE BONHEUR DE REUSSIR DANS MES ENTREPRISES MUSICALES AU-DELA DE TOUTES LES PREVISIONS. [Lors des deux concerts qu'il donna à Saint-Pétersbourg les 15 et 25 mars 1847, le programme comprit le Carnaval romain et des extraits de Romeo et Juliette, de la Damnation de Faust, de la Symphonie funèbre et triomphale]. MA MUSIQUE A FAIT FUREUR DANS TOUTES LES CLASSES DE LA SOCIETE RUSSE. L'impératrice m'a comblé de gracieusetés de toute espèce et ses enfans les grands-ducs Alexandre et Constantin et la duchesse de Lichtenberg [la grande-duchesse de Russie Maria Nikolaïevna, épouse du duc Maximilien de Leuchtenberg, fils du prince Eugène de Beauharnais], ont suivi son exemple. L'empereur seul n'a pu assister à aucun de mes concerts. Il est malade d'une gastro-entérite qui l'inquiète et le tourmente beaucoup. J'AI EU UN ORCHESTRE EXCELLENT COMPOSE D'ARTISTES ALLEMANDS QUI M'ONT INTERPRETE AVEC UNE FIDELITE ET UNE VERVE EXTRAORDINAIRES, on a mis à mes ordres pour les chœurs les choristes des théâtres, ceux de la Chapelle impériale et ceux de plusieurs régimens de la Garde qui ont marché parfaitement. L'effet produit par mon dernier ouvrage surtout a été magnifique, on a fait répéter une foule de morceaux, l'impératrice m'a fait appeler après la première partie du concert et m'a chaleureusement complimenté ainsi que ses fils. Les recettes des deux concerts ont atteint un chiffre où nous ne pouvons prétendre en France, et malgré l'énormité des frais, il me reste à cette heure une quinzaine de mille francs de bénéfice. Si j'étais arrivé quinze jours plus tôt, j'aurais pu donner un concert de plus et par conséquent gagner encore 8 mille francs au moins, mais le carême est fini et avec lui les concerts. Peut-être à mon retour la direction du grand théâtre pourra-t-elle interrompre les travaux de son répertoire pour monter ma partition de Roméo et Juliette. Alors ce sera une compensation. TOUTE L'ARISTOCRATIE RUSSE ME COMBLE DE POLITESSES DE TOUTE ESPECE. On me prédit un très beau résultat de ma course à Moscou. TOUT ICI EST GRANDIOSE, et rien ne ressemble ni pour les mœurs ni pour les institutions aux idées saugrenues que nous nous en faisons en France. Il dégèle à force en ce moment, on espère que la Baltique sera navigable dans un mois et demi[e], j'en profiterai alors probablement soit pour aller à Copenhague, soit pour rentrer en France par Hambourg et la Prusse. Le roi de Prusse avait eu la bonté d'écrire à sa sœur l'impératrice de Russie à mon sujet et je dois sans doute beaucoup à sa chaleureuse recommandation... » (3 pp. in-8, adresse au dos ; fentes aux pliures). – À un commanditaire ou impresario. LONDRES, 11 juin 1851. Le compositeur parle d'un projet de festival à Paris, et d'un autre au Crystal Palace de Londres à l'occasion de l'Exposition universelle dans la capitale anglaise : « ... Votre idée de faire exécuter les chants nationaux d'Autriche, de Russie et d'Angleterre, est excellente ; la France n'en a pas. LA MARSEILLAISE ET AUTRES CHANSONS REVOLUTIONNAIRES NE SONT QUE DES HYMNES DE COLERE OU DE VENGEANCE. Mais j'ai écrit pour le festival de l'Industrie en 1844 une Hymne à la France dont les paroles conviendront parfaitement... Le prince Albert a accepté la dédicace de mon Te Deum... » (4 pp. in-8, bifeuillet fendu en 4 aux pliures, avec fortes traces de restauration à la bande adhésive).
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