Lot n° 78

SADE (Donatien-Alphonse-François de). Lettre autographe signée « De Sade » à son oncle …

Estimation : 600 - 800 EUR
Adjudication : 3 250 €
Description
SADE (Donatien-Alphonse-François de). Lettre autographe signée « De Sade » à son oncle Jacques-François-Paul-Aldonse de Sade. [Château de La Coste, dans l'actuel département du Vaucluse, janvier ou début de février 1769]. 3 pp. in-4, adresse au dos avec vestige de cachet armorié de cire rouge. « NOUS AVONS ARRANGE UNE PETITE COMEDIE, mon cher oncle, vous sçavez bien que vous ne m'avés jamais refusé l'amitié de venir faire les honneurs de ma maison pendant ce temps-là. Si vous n'y veniez pas, dans cette circonstance-ci, ça me feroit tort, on nous croiroit brouillés, et je serois au désespoir que l'on pût l'imaginer ; vous verrés, mon cher oncle, par des lettres de Paris que je vous montrerai, que je commence à suivre bien mieux vos conseils et que je ne me rends point à tous ceux qu'on me donne depuis que vous m'en avés fait le reproche ; je vous demande instamment, mon cher oncle, de ne pas me refuser la grâce que je vous demande de venir passer ces trois jours-là chés moi, il seroit question d'arriver le mardi gras, nous vous recevrons par un bal, ensuite les deux jours d'assemblée et le vendredi 10 la représentation exécutée par les meillieurs sujets de la troupe de Marceille, nos hommes sont aimables et nos femmes jolies, voyez en quoi l'assemblée, j'espère, vous plaira mieux que l'année passée ; LA PIECE QUE NOUS DONNONS EST BEVERLEI OU LE JOUEUR ANGLOIS, PIECE NOUVELLE ET D'UN NOIR EFFROIYABLE. JE VOUS AI OUÏ DIRE QUE VOUS AIMIES CE GENRE-LA. J'ESPERE QUE VOUS SERES SATISFAIT ; tâchés d'engager quelques femmes de Lille [L'Isle-sur-la-Sorgue] ou de Mazan à venir pour le jour, elles trouveront un soupé et un bal, des lits même à la rigueur si elles veulent, mais vous surtout, mon cher oncle, venés, je vous en conjure, ne me refusés pas cette grâce. On dit que M. de Rochoir [probablement pour Rochechouart] sera peut-être chés vous, alors, nous serions fort en l'état de le recevoir pourvu que je l'ai sçu trois jours avant, c'est pour le coup que ça feroit un merveilleux effet. Je suis persuadé que si vous vouliés, il ne tiendroit qu'à vous, ÇA ME DONNEROIT UNE CONSIDERATION DANS LE PAÏS NECESSAIRE APRES TOUT CE QUI S'EST PASSE [le scandale d'Arcueil, qui venait de lui valoir une incarcération de février à novembre 1768], enfin vous sçavés mieux que moi tout ce qu'il faut, je me borne donc à vous désirer seulement... Tout va bien là-bas, les nouvelles sont bonnes, c'est ce qui m'a engagé à sortir un peu de ma coquille imaginant que ça ne peut faire qu'un bon effet. » DRAME BOURGEOIS D'EDWARD MOORE (The Gamester, 1753), où un joueur, sur les conseils d'un faux ami, ruine sa famille et se suicide en prison, LE JOUEUR FUT UNE DES PIECES QUI ALIMENTA SINGULIEREMENT LA REFLEXION DES PHILOSOPHES FRANÇAIS SUR LE THEATRE. Elle fit l'objet de plusieurs traductions et adaptations à l'époque même : certaines demeurées manuscrites, par Pierre-Jacques de Monticourt, en 1760 par Denis Diderot (qui s'inspire de la précédente), par d'Alembert (partielle), et deux publiées, l'une en 1762 par l'abbé N. Bruté de Loirelle, l'autre en 1768 par Bernard-Joseph Saurin (qui s'inspire de celle de Diderot mais en y ajoutant une tentative d'infanticide) et qui est celle choisie par le marquis de Sade.
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