Lot n° 135

François MAURIAC (1885-1970). L.A.S., Vémars 16 juillet 1921, à Marcel PROUST ; 2 pages in-8._Belle lettre à Proust. À la sortie de son livre Préséances, Mauriac est très touché du zèle de Proust à lui procurer des articles :« Vous ne...

Estimation : 700 - 800
Adjudication : 3 328 €
Description
pouvez me prouver mieux votre amitié car je sais ce qu’une lettre vous coute… Mais ne vous mettez pas en peine pour moi : les articles “quémandés” ne valent rien. » Son livre n’est sorti que depuis un mois : « La N.R.F. m’a consacré (pour mes 2 derniers livres) des notes très aimables et il me déplairait fort de solliciter cette quinteuse personne. Quant à l’A.F. elle a assez à faire à pourvoir d’encens, chaque matin les autels de Pierre Benoit […] Je n’oublierai jamais votre gentillesse à mon égard. Un article de vous ? C’eût été trop beau et je n’ai jamais cru que le miracle dont j’ai bénéficié à 20 ans (un article délicieux de Barrès sur mes vers [Les Mains jointes] dans l’Écho de Paris) se puisse répéter dans ma destinée. Adolescent, le maître que j’aimais le plus m’a loué dans un premier Paris – à trente ans, il eût été invraisemblable que Marcel Proust au-dessus de qui je ne mets personne, voulût me consacrer quelques-unes de ses phrases merveilleuses, dont les méandres font mes délices. […] Je n’aime aucun de mes amis jusque à tout lui répéter. E. de G. m’a choisi, je ne l’ai pas choisi (…sed ego elegi te), mais je lui suis reconnaissant de sa fidélité. Tout un monde en lui me déplait, toute une “malveillance salonnarde” comme dirait votre Léon [Daudet] – mais malgré cela il est fidèle et on est si seul qu’en fait d’amitié, il faut que rien ne se perde ». Si on l’interroge, il avoue “sécher” « par paresse et horreur de la copie estropiée. […] Sombre ? moine ? Espagnol ? Ah ! Vous ignorez mon côté troubadour, heureusement… Mais il y a du Greco en moi, peut-être… et bien d’autres choses encore »…
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