Description
Manuscrit sur parchemin de [III] + 170 ff. (ff. 166v, 169v-170v blancs) ; écriture bâtarde à 16 ou 17 longues lignes pour le calendrier (justification : 65 x 50 mm), et à 21 longues lignes pour le texte (justification : 78 x 45 mm). Maroquin brun, double filet doré et fleurs de lis aux angles, décor losange-rectangle au filet doré et à froid déterminant cinq compartiments ornés de grands fers foliacés dorés, dos muet orné de fleurons dorés (Reliure du XVIe siècle).Texte
ff. 1-12v : Calendrier avec un saint pour chaque jour de l’année
ff. 13-17 : Péricopes des quatre évangiles
ff. 18-26 : Passion de notre seigneur Jésus Christ
ff. 26v-28v : Stabat Mater, Alma redemptoris, Domine non sum dignus
ff. 30-72v : Heures de la Vierge à l’usage de Rome
ff. 73-88v : Psaumes de la pénitence suivis des litanies
ff. 89-94v : Heures de la Croix et heures du Saint-Esprit
ff. 95-122 : Office des morts à l’usage de Rome
ff. 123-126v : Heures de la conception
ff. 127-143 : Suffrages de la Trinité et des saints Michel, Jean Baptiste, Jean évangéliste, Pierre et Paul, Jacques, Christophe, Sébastien, Nicolas, Claude, Antoine, Anne, Marie-Madeleine, Catherine, Marguerite, Barbe, Apolline, Geneviève, Avoie, Véronique, Adrien, Eustache, Côme et Damien, Antoine de Padoue.
ff. 143v-146v : Oraison de saint Anselme, prières contre la tempête
ff. 147-152v : Obsecro te, O intemerata
ff. 153-162 : Messe de saint Grégoire, Mon benoist Dieu ie croy de cueur et confesse de bouche, Missus est Gabriel angelus, Te deprecor
ff. 162v-166 : Suite des suffrages (saints Avertin, Raphael, Florent, Job)
ff. 167-168 : Oraison à Jésus Christ : Audi filii
ff. 168v-169v : D’une autre main : commandements de Dieu
Décor
Vingt-quatre grandes miniatures
f. A3v : Armes de la famille Carpentin (d’argent à trois fleurs de lys de sable), tenues par un couple,
f. 17v : Trahison de Judas (sur le devant de la scène, saint Pierre coupe l’oreille de Malchus).
f. 18 : Portement de la Croix
f. 29v : Adam et Ève chassés du paradis, à l’arrière-plan une fontaine et un portique
f. 30 : Annonciation devant une église
f. 44 : Visitation : Élisabeth est couverte d’un voile et d’un manteau noirs
f. 52 : Nativité : deux anges volent l’un au-dessus de la Vierge et l’autre au-dessus de Joseph
f. 55 : Annonce aux bergers : deux bergers assis sur le sol.
f. 58 : Adoration des mages dont un noir
f. 61 : Présentation au Temple, autel circulaire
f. 64 : Massacre des Innocents
f. 69 : Couronnement de la Vierge, trône sculpté
f. 73 : David en prière, deux hommes accoudés à un muret donnant sur un fleuve
f. 89 : Crucifixion, avec le centurion à cheval à droite ; à gauche, saint Jean soutient la Vierge avec, derrière eux, les deux Marie.
f. 92 : Pentecôte : agitation des apôtres aux côtés de la Vierge.
f. 95 : Résurrection de Lazare devant une église
f. 112v : Vierge à mi-corps tenant dans ses bras l’Enfant Jésus égrenant un chapelet, cadre or avec des tourelles.
f. 127 : Trinité
f. 147 : Vierge à l’Enfant à mi-corps
f. 150 : Pietà à mi-corps, s. Jean soutient la tête du Christ.
f. 153 : Messe de s. Grégoire, bœuf vu de dos en raccourci
f. 154v : Salvator mundi : Christ à mi-corps bénissant et tenant le globe terrestre
f. 157 : Annonciation cadre avec des colonnes et des pilastres, main B.
f. 163v : De saint Raphaël : un ange lui tâte les cuisses, main B.
Cinquante-deux petites miniatures
Vingt-quatre petites miniatures dans le calendrier, cernées de deux grosses colonnes surmontées d’un arc abritant les occupations des mois et les signes du zodiaque, main B : janvier : homme à table et Verseau (f. 1-1v) ; février : homme se chauffant près du feu et Poissons (f. 2-2v) ; mars : émondage et Bélier (f. 3-3v) ; avril : homme cueillant une fleur et Taureau (f. 4-4v) ; mai : fauconnier et Gémeaux (f. 5-5v) ; juin : homme tenant un mouton et Cancer (f. 6-6v) ; juillet : homme tenant une faux et Lion (f. 7-7v) ; août : faucheur et Vierge (f. 8-8v) ; septembre : liage des gerbes de blé et Balance (f. 9-9v) ; octobre : foulage du raisin et Scorpion (f. 10-10v) ; novembre : cochon prêt à cuire et Sagittaire (f. 11-11v) ; Décembre : boulanger et Capricorne (f. 12-12v).
Quatre petites miniatures représentant les évangélistes dans les péricopes : Jean sur l’île de Patmos (f. 13), saint Luc et le taureau (f. 14), Mathieu et l’ange (f. 15), Marc et le lion (f. 16v).
Une petite miniature de la Crucifixion (f. 26v)
Vingt-trois petites miniatures dans les suffrages des saints : Michel (f. 127v), Jean-Baptiste (f. 128v), Jean l’évangéliste (f. 129), Pierre et Paul (f. 129v), Jacques (f. 130), Christophe (f. 130v), Sébastien (f. 131v), Nicolas et les trois enfants dans la fournaise (f. 132v), Claude (f. 133), Antoine (f. 134), Anne apprenant à lire à la Vierge (f. 135), Marie-Madeleine pénitente dans une grotte (f. 135v), Catherine (f. 136), Marguerite (f. 136v), Barbe (f. 137), Apolline (f. 138), Geneviève (f. 138v), Avoie recevant la communion (f. 139), Véronique tenant le Suaire (f. 139v), Adrien avec un lion (f. 140v), Eustache se baignant à mi-corps (f. 141v), Côme et Damien (f. 142), Antoine de Padoue tenant un livre et la Croix (f. 143).
Bordures ganto-brugeoises sur quatre côtés autour des peintures et sur trois ou quatre côtés accompagnant les petites peintures. Sur fond d’or avec des acanthes blanches, ou compartimentées (bleu, vert, or, ff. 14, 129) couvertes d’acanthes dorées avec des fleurs coupées anémones, des œillets, des iris, pensées, des roses, des fraises, des oiseaux, un cheval (f. 55), des paons, des escargots, de singes, un chat (f. 127), des papillons, une coccinelle (f. 136), hybride se regardant dans une glace (f. 147).
Petites initiales d’une ligne et bouts de ligne sur fond bleu ou rouge, corps à l’or.
Initiales de deux à trois lignes sur fond rouge, parsemé de palmettes à l’or, corps en bleu.
Les miniatures de ce livre d’heures se répartissent entre deux traditions : l’atelier de Simon Marmion et l’enluminure flamande.
Simon Marmion est né vers 1425 près d’Amiens et mort le 24 ou 25 décembre 1489 à Valencienne, où il s’était fixé à partir de 1458. Peintre de tableaux et enlumineur, il est patronné par plusieurs membres de la famille ducale : Philippe Le Bon, Charles le Téméraire et Marguerite d’York. Loué en son temps en 1489 par Jean Molinet, puis en 1506 par Jean Lemaire de Belges, qui le qualifie de « prince des enlumineurs ». L’enlumineur affectionne le « dramatic close-up », c’est-à-dire les miniatures peintes à mi-corps, comme ici.
La Vierge à l’Enfant égrenant un chapelet (f. 122v) dérive de l’atelier de Simon Marmion (Huth Hours, Valenciennes, fin des années 1480 : Londres, Add. Ms. 38126, Renaissance painting in manuscripts. Treasure from the British Library, cat. expo. 1984, fig. 41). On retrouve également l’influence de Simon Marmion dans l’Annonciation et dans le Couronnement de la Vierge. Dans l’Annonciation, la Vierge assise dans une église lisant ses heures est commune aux Heures de Turin (Museo Civico, Ms. 558, f. 37), aux Heures de Jean II Rolin (Madrid, BN, Ms. Rés 149, f. 34v) et aux Heures Berleymont (San Marino, Huntington Library, HM 1173, f. 28) ; consulter Th. Kren (ed.), Margaret of York, Simon Marmion and « The Visions of Tondal », 1992; https://www.getty.edu/publications/virtuallibrary/0892362049.html, fig. 154, 156, 157). Le trône sculpté dans le couronnement de la Vierge est emprunté aux Heures de Jean II Rolin (Kren, fig. 197). Le mage noir est également peint dans des heures de Simon Marmion (P. M. de Winter, « Book of Hours of Queen Isabel la Catolica », Bulletin of the Cleveland Museum of Art, 1981, fig. 85, 86, 90, manuscrit offert à la reine Isabel en 1492, enluminé par le Maître du livre de prières de Maximilien : Alexandre Bening). Des maisons sont peintes derrière Élisabeth dans la Visitation comme dans les Heures de William Hasting enluminées par le Maître du livre de prières de Maximilien (Londres, BL, Add. 54782, f. 85v, de Winter fig. 72). Du même manuscrit s’inspire la Crucifixion (f. 250v). Du Maître du livre de prières, vers 1500, on reconnaît la sainte Marie-Madeleine dans une grotte (Vienne, ÖNB, Cod. 1862, f. 200). Enfin, la Pietà trouve ses origines en Flandres par exemple dans la Lamentation des Heures d’Isabel la Catholique, f. 261v (De Winter, fig. 157).
Deux mains se sont partagé le travail : la main A, la meilleure, est charmante, tandis que la main B est moins adroite.
Provenance : livre d’heures de la famille Carpentin, conservé depuis dans sa descendance.
Les armes Carpentin sont peintes de au f. 3v, la devise « A to », le chiffre dans les bordures aux ff. 134 J. C, 138 I. C, 139 J. C, 142 J. C et G. C. On retrouve les mêmes armoiries avec la devise « Encore mieux » et les initiales I.K dans les Heures de Jean Carpentin avec les armoiries de sa famille enluminées par le Maître du livre de prières de Dresde (A. Bovey, Jean Carpentin’s Books of Hours, 2011). Jean marié en 1461 à Montreuil à Jacqueline Dausque meurt en 1501, sa femme en 1512. Ils eurent cinq enfants. Jean le fils est peut-être le possesseur de ce livre d’heures (devise différente et chiffre avec C et non K)). Il épouse en 1499 Jacqueline de la Garde (morte en 1547).