♦ ÉSOPE. Esopi appologi sive mythologicum... additionibus Sebastiani Brant. S.l.n.d. [au colophon] : Bâle, Jacobus Wolff de Pforzheim, 1501. 2 parties en un volume in-folio, peau de truie estampée à froid, plats encadrés de doubles filets se croisant aux angles, panneau central dessiné par une bordure à motifs de rinceaux, le rectangle du centre orné d'un décor à répétition incluant un fer à la pomme de pin, fermoirs de laiton ciselé orné d'un monogramme, dos à trois nerfs portant le titre à l'encre en haut (Reliure de l'époque).
Magnifique et très rare édition illustrée d'Ésope, la première publiée par Sébastien Brant (1458-1521), elle contient une partie inédite renfermant des fables écrites par le célèbre poète satirique. Littérateur natif de Strasbourg, l'auteur de la célèbre Nef des fous faisait partie du cercle humaniste de Bâle où il vécut durant vingt-cinq ans.
Son édition d'Ésope offre une révision de l'Esopus d'Heinrich Steinhöwel publié par Johan Zainer à Ulm vers 1476-1477 et compte parmi les plus remarquables de la Renaissance. Cette version de Brant fut traduite en allemand et publiée à Strasbourg en 1508. Imprimée en caractères gothiques, l'édition, post-incunable, sort des presses de Jacob Wolff de Pforzheim (Jacob von Pfortzen) qui fut l'un des grands imprimeurs de Bâle à partir des années 1480 jusqu'à sa mort vers 1518-1519. Elle comporte deux parties. La première partie se compose de 124 feuillets, dont le dernier est blanc.
Elle s'ouvre par une page de titre, imprimée sur trois lignes, ornée au verso d'un superbe portrait d'Ésope à pleine page. Sur le feuillet suivant se trouvent, au recto, la dédicace de Sébastien Brant à Adalbert de Rapperg, doyen de l'église de Bâle, datée de Strasbourg, février 1501, puis au verso la préface de Lorenzo Valla, humaniste romain à qui l'on doit la redécouverte d'Ésope. Vient ensuite la vie fabuleuse d'Ésope, traduite du grec par Rinuccio d'Arezzo et qui occupe plusieurs pages.
Elle renferme enfin le prologue et le livre de Romulus, les fables attribuées à Ésope, les Fabulae extravagantes (fables de sources inconnues), les fables d'Avianus (fables médiévales imitées d'Ésope) et les Fabulae collectae qui rassemblent des pièces de Pierre Alphonse et des facéties du Pogge. Brant y a ajouté deux pièces de l'Anonyme de Nevelet, intitulées De judeo et pincerna latrone et De cive et milite servientibus uni domino. La deuxième partie, en 80 feuillets, est une addition personnelle de Sébastien Brant et constitue l'un des intérêts majeurs de l'édition.
Elle regroupe une série de 140 fables tirées de divers auteurs antiques tels Hésiode, Ovide, Juvénal, Virgile, Homère, etc., mais on ne sait cependant pas quelle part exacte de liberté se réserva Sébastien Brant quant à l'adaptation ou l'écriture de ces nouvelles fables. Ces fables sont dédiées par l'humaniste alsacien à son fils Onophrius (ou Onuphrius) pour servir à son instruction ; une dédicace à ce dernier, ainsi qu'une dissertation sur l'utilité des fables, tirée de Boccace et intitulée Utilitas et commoditas fabularum poetarum, précèdent ce corpus littéraire.
Dans notre édition, chaque fable est proposée selon un modèle identique, et ce dans les deux parties, sous une forme versifiée et sous une forme prosaïque (cette dernière se présentant sous la forme d'un commentaire moral plus ou moins abondant). L'édition est remarquablement illustrée de 335 bois gravés, de deux factures très différentes. Dans la première partie, le grand portrait en pied d'Ésope, que l'on retrouve dans plusieurs éditions incunables de cet auteur, est emblématique : on y voit le fabuliste représenté sous sa légendaire apparence difforme, entouré de plusieurs motifs iconographiques faisant référence à l'univers de ses fables.
La Vie d'Ésope et les fables sont illustrées de 193 figures, d'un style archaïque typique de la fin du XVe siècle, presque toutes reprises de l'édition bâloise imprimée vers 1490 et attribuée à Michael Furter, Johann Amerbach ou encore à son associé Jacob Wolff de Pforzheim (l'imprimeur de notre Ésope), les bois étant alors des copies en sens inverse de ceux de l'édition d'Ulm de Zainer (les bois de cette dernière édition sont reproduits par Schramm, t. V, n°109-301) - le cycle iconographique de l'édition d'Ulm étant, rappelons-le, la première mise en images dans un livre imprimé du corpus ésopique. Ces gravures, dont le décor est en général réduit à l'essentiel, dégagent un charme indéniable, certaines revêtant même un caractère énigmatique. Dans la deuxième partie, le bois imprimé au verso du feuillet A1 est un portrait de Sébastien Brant agenouillé et priant, accompagné de ses armoiries. Reproduit par Davies au catalogue Fairfax Murray, t. I, p. 39, ce bois apparut pour la première fois dans l'édition bâloise de 1498 des Carmina de Brant. Les fables sont illustrées de 140 bois exécutés par un autre artiste dans un style très différent de celui des gravures de la première partie. Ces illustrations apparaissent plu