Lot n° 209

BERLIOZ Hector (1803-1869). L.A.S. à sa mère, Paris, le 14 juillet 1825. 3 pp. in-4. Adresse, …

Estimation : 3 000 - 4 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
BERLIOZ Hector (1803-1869). L.A.S. à sa mère, Paris, le 14 juillet 1825. 3 pp. in-4. Adresse, marques postales. Émouvante lettre à sa mère rédigée après l'exécution de sa messe le dimanche 10 juillet, il s'excuse «Si j'ai tardé jusqu'à présent de vous en faire hommage, ce n'est pas que j'aie eu le moindre doute sur le plaisir que cette nouvelle vous ferait [...] la seule cause de ce retard, est le désir que j'avais de voir mon succès sanctionné par les journaux, il y en a une sixaine (sic) qui me donnent des encouragements et des éloges [...]» il poursuit sur l'exécution de la messe «J'ai eu la plus belle exécution qu'on puisse voir, j'avais cent cinquante musiciens ; les protections de mon maître, du directeur de l'Opéra (1), du chef d'orchestre (2), et surtout le zèle qu'ils y ont mis, m'ont fait surmonter les obstacles les plus grands. Dès la fin de l'exécution, les compliments, les questions, les invitations de toute espèce me sont tombées dessus comme la grêle, je ne savais à qui répondre. Mais tout cet engouement d'amateurs était loin de me satisfaire, c'était le suffrage des artistes, celui seulement des connaisseurs, que j'ambitionnais, j'ai eu le bonheur de l'obtenir. Quel plaisir d'entendre tous ces musiciens blasés sur les esthètes de leur art, venir me dire que je les avais fait frissonner, que j'avais le diable au corps, que mes crescendos leur avaient fait perdre haleine, que j'irais loin, qu'il fallait me modérer, etc., etc., etc. [...] je me suis sauvé chez mon maître qui m'avait fait dire qu'il m'attendait. En entrant, M. Lesueur m'a embrassé ; je ne savais plus où j'en étais ; il m'a témoigné sa joie, sa satisfaction, je dirai même son enchantement de manière à me bouleverser tout à fait. Puis il m'a raconté que s'étant caché dans un coin de l'église pour n'être pas reconnu, il avait vu et entendu l'effet prodigieux de ma musique sur le public. Mme Lesueur et ses filles qui étaient placées dans une autre partie de Saint-Roch, me rapportaient ce qu'elles avaient également vu et entendu, les compliments qu'on leur avait adressés sur mon compte ; le dépit des élèves de Berton ¹ qui étaient singulièrement vexés de tout cela. [...]». 1. Le directeur de l'Opéra était à l'époque Duplantys. 2. Valentino. Provenance : Collection Reboul, collection Evesque. Bibliographie : Hector Berlioz, Correspondance générale, 1803-1832. Tome I. Flammarion, 1972. Notre lettre n° 47, p 92 à 94.
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