Lot n° 182

ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778). L.A.S. de son paraphe au marquis de Saint-Brisson. Motiers, 3 …

Estimation : 10 000 - 15 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778). L.A.S. de son paraphe au marquis de Saint-Brisson. Motiers, 3 février 1765. 2 pp. in-4. Adresse, marques postales, manque de papier au niveau du sceau, quelques rousseurs. Magnifique lettre. Après la parution de son roman pédagogique Emile, Rousseau condamné par le parlement quitte la France et trouve refuge à Môtier-Travers en Suisse, sur les terres de Frédéric II. A la suite d'une nouvelle publication, Les lettres écrites de la Montagne en réponse aux Lettres écrites de la campagne par Jean-Robert Tronchin procureur général de Genève, Rousseau se retrouve au cœur du scandale. Ces lettres suscitent dès les premiers mois de 1765 en France et en Suisse un véritable déchaînement. L'ouvrage est brûlé à Paris, à la Haye, interdit à Berne. C'est donc Rousseau blessé, amer, qui répond au jeune Séguier de Saint-Brisson «[...] je ne vous dirai jamais assez avec quelle douleur je vous vois entrer dans une carrière couverte de fleurs et semée d'abysmes, où l'on ne peut éviter de se corrompre ou de se perdre [...] le métier d'Auteur n'est bon que pour qui veut servir les passions des gens qui mènent les autres, mais pour qui veut sincèrement le bien de l'humanité, c'est un métier funeste. [...] Le meilleur Livre fait très peu de bien aux hommes et beaucoup de mal à son Auteur [...]» il évoque sa situation «Comment pouvez-vous croire que je veuille passez en Corse, sachant que les Troupes française y sont ? Jugez-vous que je n'aye pas assez de mes malheurs, sans en aller chercher d'autre ? Non, Monsieur dans l'accablement où je suis, j'ai besoin de reprendre haleine, j'ai besoin d'aller plus loin de Genève [...] Je voudrai chemin faisant me chercher quelque retraite fixe où l'on eut l'humanité de me recevoir et de me laisser mourir en paix. [...] l'étourdissement où me jettent des agitations sans relâche m'a rendu stupide ; ma tête est en létargie, mon cœur même est mort. Je ne sens ni ne pense plus» Il conclut sur l'ouvrage de Saint-Brisson «Je suis très fâché que vous m'ayez nommé à la tête de votre Ariste. Ne faites plus pareille sottise ou je me brouille avec vous tout de bon [...]» Document bénéficiant d'un CBC
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