Lot n° 185

TOCQUEVILLE Alexis de (1805 - 1859) 12 L.A.S. «Alexis de Tocqueville», 1844 - 1856 et s.d., à …

Estimation : 4 000 - 5 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
TOCQUEVILLE Alexis de (1805 - 1859) 12 L.A.S. «Alexis de Tocqueville», 1844 - 1856 et s.d., à Émile FORGUES ; 18 pages in-8, plusieurs adresses (traces de montage avec onglets). Belle correspondance amicale, sur la politique et le journalisme, et leur collaboration au journal Le Commerce. [Le journaliste, critique et traducteur Émile FORGUES (1813 - 1883) collaborait notamment à la Revue britannique, à L'Illustration. Tocqueville participe à la direction du journal Le Commerce.] Tocqueville 23 août 1844. Il regrette d'avoir quitté Paris sans saluer Forgues. «Les affaires du dernier jour, ce dernier jour qui vous surprend sans cesse en toutes choses, m'ont forcé de renoncer à vous voir. [...] j'ai eu le plus grand plaisir à vous lire deux fois depuis mon retour en ce pays. On ne saurait mettre dans un feuilleton plus d'esprit et du plus fin. Si j'avais quelque chose à vous reprocher ce serait vos qualités mêmes. La satisfaction que vous donnez aux gens qui ont un goût délicat ne doit pas être la mesure exacte des impressions de la masse des lecteurs. C'est du sel attique servi à des gens du bas empire. Que ne leur jetezvous à la tête un gros morceau tout farci de termes d'argot ? Ils vous en seraient bien meilleur gré ! J'ai été tellement saisi par les petites affaires domestiques depuis mon retour chez moi que je n'ai pu que m'occuper que très rarement du journal. Vous savez cependant quel grand intérêt et de principe et de parti et d'avenir personnel j'y prends. Ma pensée n'a donc pas tardé à revenir de ce côté et j'aurais un vif désir de savoir un peu comment les choses se comportent depuis mon départ. [...] Je sais que d'ici à notre retour, le journal ne peut pas recevoir l'impulsion que j'espère lui donner alors ; mais je voudrais du moins que d'ici là il put bien se maintenir. Je persiste, de plus en plus, dans l'idée que vous réussirez à merveille, le jour où vous le voudrez, dans la polémique politique. Vous avez tout ce qu'il faut pour cela, la promptitude de compréhension et le trait, les deux qualités principales du journaliste remarquable. Ne perdez donc pas de vue au moins la pensée d'entrer dans cette arène nouvelle où vous pouvez jouer un rôle important»... Il ajoute qu'il s'est assuré pour novembre «la collaboration active [...] d'un homme politique anglais très spirituel et très distingué, à moins que d'ici là les deux peuples ne soient en train de se couper la gorge». Vendredi soir. «J'ai parlé aux personnes qui s'intéressent avec moi à la rédaction du Commerce de la conversation que nous avions eue l'autre jour ensemble. Elles attachent comme moi un grand prix à votre collaboration, bien qu'elles eussent vivement souhaité que cette collaboration fut plus complète. Nous désirerions tous que le journal put contenir un article de vous lundi prochain [...] je vous ferai faire connaissance avec le Rédacteur en chef et quelques-uns de nos amis»... Lundi soir. «La réunion annuelle des propriétaires du Commerce à eu lieu avant-hier. Là, l'idée des feuilletons par reproduction a été l'objet d'attaques universelles. La réunion a paru également penser qu'il y avait plus d'inconvénient que d'avantage à diviser la rédaction et à avoir un rédacteur en chef pour ce feuilleton et un autre pour la politique. Je n'ai pu combattre ces impressions de manière à les effacer et j'ai cru que les rapports d'amitié qui existent entre nous m'obligent à vous faire part, à mon grand regret, de cet état des esprits avant que vous en fussiez averti d'une façon plus difficile. Je n'ai pas besoin, du reste, d'ajouter que ces Messieurs étaient également unanimes pour attacher le plus grand prix à votre collaboration ordinaire»... Mercredi soir. «Les amis politiques auxquels je vous ai présenté hier ont été si satisfaits de faire votre connaissance qu'ils veulent avant leur départ avoir une occasion de vous revoir et de causer un jour longuement avec vous». Il l'invite à dîner avec eux chez Véfour... Mercredi. «Je trouve, je vous l'avouerai, que depuis quelques jours notre feuilleton languit terriblement. Je conçois que nous ne donnions pas toujours des romans ; mais c'est à la condition de les remplacer par quelque chose dont le public léger puisse s'accommoder. Or, le 3 janvier, il n'y a pas eu du tout de feuilleton. Le 5, il y a eu pour feuilleton une chronique du palais. Le 7 un article sur l'état du chant à l'opéra et aujourd'hui une revue scientifique. Avec une série d'articles pareils placés au bas du journal je crains bien que nous ne gardions que les lecteurs politiques, qui par les temps actuels, sont un petit nombre. Il serait donc bien nécessaire ou de continuer à intervalles moins inégaux le roman commencé, quelque médiocre qu'il soit, ou de le remplacer de manière à faire oublier qu'il n'y a pas de roman»... Jeudi matin. «Il y a aujourd'hui à l'académie française une séance très intéressante. J'espère que votre intention est de vous charger d'en rendre compte. Je le désire d'autant plus que ma position dans cette circonstance est assez délicate
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