Lot n° 179

STENDHAL (1783 - 1842) L.A.S. «Henri», [Brunswick 1807], à sa soeur Pauline BEYLE à Grenoble ; …

Estimation : 2 500 - 3 000 EUR
Adjudication : 2 372 €
Description
STENDHAL (1783 - 1842) L.A.S. «Henri», [Brunswick 1807], à sa soeur Pauline BEYLE à Grenoble ; 2 pages et quart in-4, adresse avec marques postales et cachet de cire rouge. «Cette langue allemande est le croassement des corbeaux ; j'ai commencé ce matin à l'apprendre, pour me tirer d'affaire en voyage. Presse mon grand-papa pour écrire à M. D[aru] dans le sens dit. [...] Actuellement je te dirai que je suis, je crois, heureux d'avoir tant à travailler : mon âme a encore la mauvaise habitude d'aimer, et ma raison me dit que c'est absurde. Excepté toi, je ne vois rien de digne d'être aimé ; du reste, mon mépris pour la canaille humaine augmente considérablement : ils m'amusent encore comme des singes jouant des farces. Je suis fatigué de ridiculités, tant il faut que je me donne de soins pour n'en pas perdre le spectacle d'une seule. Quand je suis ennuyé je demande des jouissances à mon estomac. Adieu ; je suis poussé par un portefeuille dont la gueule horrible est le gouffre où va se perdre mon repos de toute la journée. Les gens avec qui je fais la conversation sont si secs que j'ai du plaisir à faire aller mon imagination. Je ne puis plus lire Duclos, qui me faisait tant de plaisir à Paris, où j'avais des sentiments doux ; j'ai une indigestion de sécheresse ; je lis Ancillon. J'ai vingt pages à t'écrire, pas un instant ! Adieu, aime-moi comme je t'aime, c'est difficile»... Correspondance générale, t. I, n° 265.
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