Lot n° 148

MAUPASSANT Guy de (1850-1893) L.A.S. «Joseph Prunier», Paris 11 mars 1876, à son ami Robert …

Estimation : 8 000 - 10 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
MAUPASSANT Guy de (1850-1893) L.A.S. «Joseph Prunier», Paris 11 mars 1876, à son ami Robert PINCHON dit «La Tôque» ; 4 pages in-4 sur papier bleu. Très belle et longue lettre amicale et pornographique, illustrée de dessins à la plume, dont un portrait de Flaubert. Il envoie à son ami «de nombreuses nouvelles pour tâcher de te distraire le plus possible». D'abord leur ami HADJI [Albert de Joinville], employé au chemin de fer de l'Est, qu'il dessine à son bureau sous la surveillance d'un commis principal : «toutes ses journées sont occupées par son bureau il occupe toutes ses soirées auprès d'Edith. C'est assez dire qu'il est devenu imbécile tout à fait. Il ne voit plus un seul de ses amis, sa femme lui sert de tout excepté de banquier - malheureusement». Quant à Petit Bleu [Léon FONTAINE], il a annoncé «qu'il ne canoterait pas cet été, [...] il n'irait plus à Bezons, mais que, quelquefois seulement, il viendrait diner avec nous à Chatou», à cause du travail que lui donne Claretie. «J'en ai conclu immédiatement que le Claretie dont il s'agit doit porter des jupons», qu'il veut cacher «pour dérober sa conquête à celle que nous pourrions en faire. Ma police est sur pied, je saurai tout»... Chenet fait un tableau d'enfants pour le Salon. Quant à lui : «je ne m'occupe pas de théâtre en ce moment, je trouve que décidément les directeurs ne valent pas la peine qu'on travaille pour eux !!! Ils trouvent, il est vrai nos pièces charmantes, mais ils ne les jouent pas ; et pour moi j'aimerais mieux qu'ils les trouvassent mauvaises et qu'ils les fissent représenter. C'est assez te dire que Raymond Deslandes juge ma répétition [Une répétition] trop fine pour le Vaudeville. J'ai du reste peu travaillé. Mon coeur me faisant beaucoup souffrir j'ai été consulter et on m'a ordonné un repos complet avec Bromure de Potassium, digitale et défense de veiller. Ce traitement n'a obtenu aucun succès. Alors on m'a mis à l'arsenic, iodure de potassium, teinture de colchique - ce traitement n'a obtenu aucun succès. Alors mon médecin m'a envoyé consulter un spécialiste, le maître des maîtres, le docteur POTAIN [il dessine le portrait peu flatteur du médecin]. Ce dernier m'a déclaré que le coeur lui-même n'avait absolument rien mais que j'étais atteint d'un commencement d'empoisonnement par la nicotine. Cela m'a produit tant d'effet que j'ai avalé immédiatement toutes mes pipes pour ne plus les voir. Cependant mon coeur bat toujours autant ; il est vrai qu'il n'y a que quinze jours que je ne fume plus. J'ai fait une pièce de vers [Au bord de l'eau] qui va d'un coup me faire passer la réputation des plus grands poëtes : elle paraîtra le 20 de ce mois dans la République des Lettres. Si l'éditeur-propriétaire ne la lit pas car cet homme est un Catholique forcené et ma pièce, chaste de termes, est ce qu'on peut faire de plus immoral, impudique &a comme images et donnée. FLAUBERT plein d'enthousiasme m'a dit de l'envoyer à Catulle Mendès Directeur de cette revue ; ce dernier complètement renversé va essayer de la faire passer malgré le propriétaire ; puis il l'a lue à plusieurs membres du Parnasse - on en a parlé, et samedi dernier, à un dîner littéraire auquel assistait ZOLA, il parait que j'ai fait le sujet de la conversation pendant une heure, entre hommes qui ne me connaissent pas du tout. Zola écoutait sans rien dire. Mendès m'a présenté à quelques parnassiens qui m'ont accablé de compliments. Mais seulement c'est roide de publier l'histoire de deux jeunes gens qui meurent à force de baiser. Je me demande si comme l'illustre Barbey d'Aurevilly je ne vais pas être appelé devant le juge d'instruction.» En marge, dessin légendé représentant FLAUBERT, TOURGUENIEFF, Alphonse DAUDET, et, tout petit, «moi», Maupassant leur lisant son poème. La lettre devient plus libre, avec le dessin de deux glorieux phallus entourant le nom de l'actrice Suzanne LAGIER (1833 - 1893 ; elle inspirera à Maupassant son poème 69) : «Ma femme à Barbe [un poème érotique de Maupassant] m'a fait faire la connaissance d'une admiratrice passionnée, sous tous les rapports, mais avec laquelle je joue jusqu'ici le triste rôle de Joseph vis-à-vis de Mme Putiphar c'est Suzanne Lagier. La première Baiseuse, Pompeuse, Gamahucheuse, enculée &a &a d'Europe, pleine d'esprit du reste et gonflée de foutre de 3 générations elle déborde des histoires les plus excessivement cochonnes et drôles. Elle vient passer des soirées, chez moi & réciproquement. Elle m'aime, mais la grosseur de son ventre m'épouvante car mes calculs ne me laissent pas douter qu'il ne puisse contenir au moins 3 individus comme moi [...] Elle a 43 ans ; est resté assez fraîche, mais grosse, oh mais grosse. Je lui ai laissé tous mes paletots ; comme je n'en ai plus, je vais bien être forcé de lui laisser ma queue. Avec une femme de cette expérience et de cette dépravation, qu'arrivera-t-il ? Je me creuse le cerveau depuis 2 mois pour trouver ce qu'elle pourra bien en faire (de ma queue) dans quel endroit inattendu, prodigieux épouvantant pourra-t
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