Description
in-fol. maroquin aubergine janséniste, dos à cinq nerfs, titre doré, doublures de maroquin vert empire avec filet doré, gardes de soie or à motif floral, doubles gardes (Marius Michel).
♦ Précieux manuscrit de travail des trois nouvelles formant ce grand chef-d’œuvre .
Issu d’un projet de roman, La Vie et la Mort d’un soldat, conçu à l’automne 1830, Servitude et grandeur militaires se compose en effet de trois nouvelles, publiées dans la Revue des deux mondes de 1833 à 1835 : Laurette ou Le cachet rouge (1er mars 1833), La Veillée de Vincennes (1er avril 1834) et La Vie et la Mort du capitaine Renaud, ou la Canne de jonc (1er octobre 1835) ; l’édition originale paraît en octobre 1835, chez Félix Bonnaire et Victor Magen, augmentée de trois chapitres préliminaires (« Pourquoi j’ai rassemblé ces souvenirs », « Sur le caractère général des armées » et « De la servitude du soldat et de son caractère individuel »), et d’un autre chapitre « Sur la responsabilité » précédant La veillée de Vincennes. Ces chapitres théoriques ne figurent pas dans notre manuscrit, qui présente les trois récits dans leur état primitif, tels qu’ils ont été publiés séparément dans la Revue des deux mondes .
▬ I. Laurette, ou Le Cachet rouge. 49 feuillets. Le manuscrit comprend un feuillet de titre avec épigraphe : « Servitude et Grandeur militaires // Ave Cæsar morituri te salutant » (au verso, un début de phrase pour La Canne de jonc ) ; un second titre portant : Souvenirs de Servitude militaire, accompagné de la même épigraphe (et des comptes) ; un troisième titre portant : Laurette ou Le cachet rouge, suivi d’un sous-titre biffé : Histoire de Régiment ; puis la nouvelle elle-même, soit 46 pages chiffrées de 1 à 43 (avec quelques bis ; et une pagination biffée dans le coin sup. gauche de 16 à 61) comportant 370 corrections autographes, dont de nombreuses lignes rayées, des ajouts et modifications ainsi que trois passages importants supprimés. En haut de la première page du texte, on peut déchiffrer trois titres primitifs biffés : L’ordre cacheté, Une rencontre et Abnégation ; Vigny a également noté : « J’ai fait quelques changemens sur les épreuves ». La signature finale « Cte Alfred de Vigny »a été ensuite biffée.
La nouvelle est divisée en 3 chapitres :
I De la Rencontre que je fis un jour sur la grande route (p. 1-7) ;
II Histoire de l’ordre cacheté (p. 8-34(4)) ;
III Comment je continuai ma route (p. 35-43).
▬ II. La Veillée de Vincennes. 68 feuillets : une page de titre : La Veillée de Vincennes ; 67 pages au recto de feuillets (certains au filigrane LSV ou sur papier vergé), paginés 4-5 à 71 (et 66 à 132 dans le coin sup. gauche), comportant 520 corrections autographes, dont un passage supprimé, de nombreuses lignes biffées, des modifications et des ajouts. La signature finale «Alfred de Vigny » a été biffée.
La nouvelle est divisée en 12 cha - pitres :
I Les scrupules et l’honneur d’un soldat (p. 4-5 à 11) ;
II Sur l’amour du danger (p. 12-16) ;
III Le concert de famille (p. 17-23) ;
IV Histoire de l’adjudant. – Les enfans de Montreuil (p. 24-27) ;
V Un soupir (p. 27-28) ;
VI La Dame rose (p. 28-33) ;
VII La Position du premier rang (p. 34-40) ;
VIII Une séance [titres biffés : Un grand succès au théâtre et La répétition] (p. 41-45) ;
IX Une belle soirée (p. 46-55) ;
X Fin de l’histoire de l’Adjudant (p. 56-58) ;
XI Le Réveil (p. 59-66) ;
XII Un dessin au crayon (p. 66-71).
▬ III. La Vie et la mort du Capitaine Renaud, ou La Canne de jonc. 109 feuil - lets.
Un feuillet de titre : « Chapitre 2. La vie et la mort du Capitaine Renaud, ou La Canne de jonc », et 108 pages chiffrées de 1 à 3 et de 1 à 104 (avec des bis et des oublis). La nouvelle, précédée du chapitre préliminaire : Grandeur militaire, portant en tête l’indication « Troisième Livre » (p. 1-3), est divisée en 9 chapitres, numérotés à la suite du précédent : II Une nuit mémorable (p. 1-11), la page 2 portant en bas cette note au crayon : «Voir si ce n’est pas trop répété quand la suite reviendra » ;
III Malte (p. 12-16) ;
IV Simple lettre (p. 17-24 bis) ;
V Le Dialogue inconnu (p. 25-42) [saisissant récit de l’entrevue de Napoléon et du Pape] ; VI Un homme de mer (p. 43-71) ; VII Réception (p. 72-74) ; VIII Le corps de garde Russe (p. 75-85) ; IX Une bille (p. 86-92) ; « Dernier chapitre. Conclusion » (p. 92 bis-104).
Ces trois manuscrits, à l’encre brune au recto de grands feuillets sans marge, le troisième sur un papier différent des deux autres, ont servi pour l’impression de la Revue des deux mondes, comme le montrent les indications et les noms des typographes portés sur plusieurs pages. Ils présentent de très nombreuses ratures et corrections (près de 1750), des additions (dont témoignent notamment les changements de pagination), et des passages biffés et supprimés, comme celui-ci à la fin de La Canne de jonc, après la phrase « L’Honneur c’est la Pudeur virile » :
« Pudeur qui ne rougit pas comme celle de la femme de tout ce qui allarme la virginité, mais des actions publiques intéressées, et falsifiées par le charlatanisme qui est le mensonge agissant, et qui étend sur nous de tels exemples [menant grand bruit du tambour biffé] que des hommes graves se sont demandé si le caractère national n’allait pas se perdre à jamais ». On relève également de nombreuses et importantes variantes
par rapport à la version publiée.
EXPOSITION
Alfred de Vigny et les arts (Musée de la Vie romantique, 1997-1998, n° 117-119.
PROVENANCE
Louis Barthou (ex-libris, vente I, 427) ;
Jean A. Bonna (ex-libris).