Lot n° 107

ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778) — Manuscrit autographe, Extraits de l’Histoire des Ordres Religieux et Monastiques ; environ 40 pages sur 38 feuillets in4, sous chemise avec titre autographe.

Estimation : 10 000 - 15 000 €
Adjudication : 12 350 €
Description
♦ Intéressantes notes sur la place des femmes dans les ordres religieux.

D’après l’Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, et des congrégations séculières de l’un et de l’autre sexe, qui ont été établis jusqu’à présent (1714-1721), important ouvrage en 5 volumes du grand historien franciscain, le Père Pierre Hippolyte HÉLYOT (1660-1716). Cette œuvre fondamentale constitue le grand répertoire de l’histoire des ordres religieux, donnant jusqu’aux costumes et habitudes des différentes congrégations. Ces notes se rattachent à l’ouvrage sur les femmes que Rousseau entreprit dès 1746 et jusqu’en 1751 pour sa protectrice Madame DUPIN, et qui ne vit jamais le jour. Rousseau s’intéresse particulièrement à l’originalité des mœurs de certains ordres de religieuses depuis le bas Moyen-âge, aussi bien quant à la particularité de leur habit (certaines religieuses d’Orient et d’Arménie qui portent les mêmes habits que les moines, celles qui ne portent pas de voiles, celles qui ne portent pas de chaussures), de leur cérémonie de vêture, etc., qu’à l’originalité de leurs pratiques. Il relève ainsi certaines discriminations dont ont été victimes des ordres féminins dans l’Église par rapport à des ordres masculins, et s’intéresse de près aux divers ordres militaires de religieuses, des religieuses-chevaliers (Ste Brigitte, Ordre de l’Amarante fondé par la Reine Christine ; institution des Religieuses hospitalières de St Jean de Jérusalem qui font leurs preuves comme des chevaliers ; projet d’Anne d’Autriche de créer un ordre de chevalières sous le nom du « collier céleste ou Filles du Rosaire », etc.). Il relève des informations sur des ordres militaires mixtes (Chevaliers couronnés de l’ordre de St Jacques en Allemagne, 1493) ; sur les religieuses de l’ordre fondé par Saint Césaire, où elles étudient les Lettres humaines ; sur les pouvoirs et droits considérables de certaines communautés comme les Bénédictines d’Angers ; sur l’évolution des cérémonies, comme la disparition de l’ancien usage de bénédiction et consécration des religieuses chartreuses, etc.

En voici un exemple : « L’institution des Religieuses hospitalières de St Jean de Jérusalem est aussi ancienne que celle des Chers du même ordre. Leur plus fameux couvent est delui de Sixène en Esp[agn]e. Les filles qui y sont receües sont obligées de faire preuve comme les Chevaliers. Ce monastère est comme une forteresse où il y a un très beau Palais pour la prieure qui est servie avec une grande pompe et a plusieurs officières titrées. Il y a des servantes d’offices qui ne font point de vœux et des données qui ne portent que la demi-croix. Elles font le service divin avec beaucoup de pompe et de majesté. Aux fêtes doubles elles portent des rochets de toile fine et tiennent à la main un sceptre d’argent. Elles ont dix Prêtres et un Prieur, auxquels elles donnent l’habit de l’ordre. La Prieure pourvoit aux Benefices vaquans, et donne l’habit d’obedience aux Prêtres qui la desservent ». Quatre feuillets portent en marge des notes de la main de Madame DUPIN, qui a également rédigé entièrement les deux derniers feuillets de ce dossier.
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