Lot n° 104

QUENEAU RAYMOND (1903-1976) — MANUSCRIT autographe signé « Raymond Queneau », Battre la campagne, [1967] ; 162 pages in-4 (21 x 27 cm)

Estimation : 10 000 - 12 000 €
Adjudication : 6 500 €
Description
♦ Manuscrit complet du recueil poétique Battre la campagne.

Battre la campagne fut publié en février 1968 chez Gallimard dans la collection Blanche. C’est le deuxième volet de la trilogie commencée l’année précédente avec Courir les rues (Queneau avait envisagé un temps le titre Courir la campagne), et achevée en 1969 avec Fendre les flots. Citons le prière d’insérer: « Ce livre fait suite à Courir les rues. Les rues, si on les suit jusqu’au bout, mènent aux champs ou dans les bois. On y rencontre des paysans, des plantes, des animaux, mais la ville avance le long des routes nationales. Y aura-t-il toujours des paysans, des plantes, des animaux ? Ou plutôt y aura-t-il toujours ces paysans, ces plantes, ces animaux ? Se retournant vers son enfance, l’auteur se souvient qu’il rencontra ses paysans, ses plantes, ses animaux. Souvenirs et questions se présentent sous forme de poèmes ». Pour dénoncer le cruel ordre des choses, Queneau détourne souvent des proverbes ou expressions toutes faites, ainsi que des fables de La Fontaine. Citons le dernier poème qui donne son titre au recueil :

« Il met sa fièvre à la fenêtre

pour la faire sécher

il boit la bonne tisane

des herbiers

en regardant voler les hêtres

et marcher

les chemins vicinaux et les ruines

se disloquer […]

les animaux ont mis leurs habits du dimanche

c’est un conte de fée

le malade va mieux il reprend sur la planche

sa température essorée

tout cela n’était qu’une anicroche

dans un tissu trop serré »

Ce manuscrit quasi définitif, mis au net, est rédigé au stylo à bille noir et bleu, au recto de feuillets filigranés L.J.&Cie ; il présentant de très nombreuses corrections autographes, certains poèmes étant abondamment corrigés, d’autres pas du tout : au total on dénombre 249 corrections, dont des vers biffés (quelques fois une strophe entière), des mots modifiés, quelques rares corrections orthographiques ; ces corrections concernent 58 poèmes sur les 155 que compte le recueil. Il est resté inconnu de Claude Debon pour l’édition de la Pléiade. La page de titre porte dans le coin supérieur droit une dédicace à sa femme : «pour Janine », supprimée dans l’édition. La suite du manuscrit est chiffrée au crayon de 2 à 157 (la numérotation passant de 132 à 134), puis la table des poèmes sur 5 pages non chiffrées. La p. 13 est accompagnée d’une photocopie. Dans la table se trouvent 2 titres biffés : Le langage des fleurs et Une clé qui ne sert à rien. Tous les poèmes se suivent dans l’ordre du recueil imprimé, sauf Exode, ici situé entre Le Songe végétal et Modestie, à la toute fin du manuscrit (il sera placé dans le livre entre Un précurseur et Le Ténébreux.

Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, tome I, édition établie par Claude Debon, 1989 (p. 433-526, et notice p. 1372-1374).
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