Description
2 enveloppe) ; le tout sous emboîtage toile bleue, titre au dos.
Précieuse réunion des cahiers de premier jet et de mise au net de ce très beau texte poétique, qui permet d’entrer dans l’atelier de création du poète.
La Mounine a été recueillie dans La Rage de l’expression (Lausanne, Mermod, 1952) ; elle clôt le recueil. Dans la « Note du 11 juillet 1979 » adressée à Lionel Salem, Francis Ponge a retracé la genèse de ce texte. Au cours d’un voyage vers Aix-en-Provence pour aller rendre visite à sa tante, il subit un « choc émotif » en voyant tout à coup le ciel de Provence s’obscurcir en plein jour. La Mounine est tout entière consacrée à essayer de retranscrire et d’analyser ce phénomène et les sensations qu’il a provoquées en lui. Alternant prose, vers, passages lyriques et réflexions, Francis Ponge, de mai à août 1941, va noter dans ce cahier – qui est une sorte de journal poétique – les textes que cette expérience a suscités. Autour de plusieurs images fortes, les pétales de violette, le poulpe et son encre, les cendres, auxquelles il revient sans cesse dans d’infinies et magnifiques variations, il va non pas articuler un poème, mais offrir au lecteur l’atelier même de la création poétique. En effet La Mounine expose non pas le résultat final, débarrassé de ses scories et tâtonnements, mais le processus d’élaboration. On voit ainsi le même poème repris de nombreuses fois, avec à chaque fois d’insensibles variations, en prose ou sous forme de vers.
Cahier de premier jet, titré sur la couverture à l’encre noire : « Notes après coup sur un paysage de Provence. », et ajouté au-dessous, au crayon bleu : «ou La Mounine ». Cahier de format 22 x 17,5 cm à couverture gris-bleu portant le titre ; on y a jouté plus tard, à l’encre noire, en haut le titre du recueil La Rage de l’expression, et en bas le nom de l’éditeur Mermod. Au revers de la couverture, note autographe : « Ce cahier constitue le manuscrit original pour ce texte qui y a été inscrit au fur et à mesure de sa conception. F. P. » Le cahier compte 30 feuillets de papier ligné paginés de 1 à 38, avec une lettre autographe collée sur la p.[39], plus 3 feuillets volants venant d’un autre cahier (4 pages autographes et une avec dactylographie collée) et un brouillon de lettre autographe collé sur la 3e p. de couverture. Il est écrit à l’encre noire ou bleue (et un petit passage au crayon), d’abord au seul recto des feuillets, jusqu’à la page 22 (les versos n’étant paginés), la suite recto-verso. On compte 120 passages ou mots biffés, corrigés ou ajoutés, et de nombreuses variantes avec le texte définitif En tête de la page 1, Ponge a noté : « Cahier ouvert à Roanne le 3 mai 1941 » ; suit le titre : Notes après coup d’un voyage à Marseille et à Aix les 27 et 28 Avril 1941, et le début du texte : « Il n’a fait jour résolument qu’aux Martigues »… (p. 1-2) ; Nuit du 10 au 11 Mai : « Décidément la chose la plus importante de ce voyage fut cette vision fugitive de la campagne au lieu dit “Les Trois Pigeons” ou “la Mounine” pendant la montée en autobus de Marseille à Aix »… (p. 2-6) ; 11 au 12 Mai : « Sur la campagne en Provence »… (p. 7-9) ; 12 au 13 Mai : « Je n’arriverais pas à conquérir ce paysage »… (p. 10-15) ; 10 Juin (au crayon) : « Je me suis demandé ce soir »… (p. 15) ; 10 au 30 Juin 41: « Cette étude devrait-elle être très longue encore »… (p. 16-17) ; 1er au 12 Juillet 41: «À quelle heure – très matinale – le grand coup de gong a-t-il était [sic] donné »… (p. 18) ; Notes après coup sur un ciel de Provence : « Quelle poulpe reculant dans le ciel de Provence a provoqué ce tragique encrage de la situation ? »… (p. 19-21) ; 12/7/41 Notes après coup sur un ciel de Provence : « La plus fluide des encres à style estelle vraiment la bleue-noire ? »… (p. 22) ; 13/7/41 La Mounine : «Au lieu dit la Mounine entre Marseille et Aix un matin d’avril »… (p. 23, texte collé) ; 14/7/41 La Mounine : «Au lieu dit la Mounine auprès d’Aix en Provence un petit matin »… (p. 24, 4 morceaux collés) ; 19/7/41 Note (motion) d’ordre à propos du Ciel de Provence : « Il s’agit de bien décrire ce ciel tel qu’il m’apparut et m’impressionna si profondément »… (p. 25-26) ; 19/7/41: « Lorsqu’Audisio m’écrit »… (p. 27-29) ; 19 au 25 juillet La Mounine : «Au lieu dit La Mounine auprès d’Aix en Provence »… (p. 29-30, avec commentaires inédits) ; 25 Juillet 41. 1h30 du matin : « (Un pas nouveau) »… (p. 30-32) ; 25 Juillet au 5 Août La Mounine : «Au lieu dit La Mounine auprès d’Aix en Provence »… (p. 32, 4 strophes dont une biffée, avec corrections) ; La Mounine : « a) La strophe I »… (p. 33-34) ; La Mounine : «Au lieu dit la Mounine auprès d’Aix en Provence »… (p. 35-36, version en prose du poème, avec corrections) ; La Mounine : «Au lieu dit la Mounine auprrès d’Aix en Provence »... (p. 36, version mise en vers, avec corrections) ; Premiers jours d’Août 5 ou 6 : « L’abime supérieur (zénithéal) »... (p. 37-38, plus p. [1-3] des ff. volants, texte publié dans la Pléiade p. 438-439) ; 7 Sept bre 41 : « Au lieu dit La Mounine auprès d’Aix en Provence »... (p. [4], mise au net des quatre premières strophes, avec corrections, puis brouillon de la cinquième, suivi d’une note inédite : « Il y avait comme un blâme au ciel une altération (voir ce mot dans le sens double de soif et d’autrification) voir aussi contamination »...) ; le poème dactylographié (p. [5]). Plus le brouillon de lettre à Linette Fabre, Roanne 17 août 1941, racontant l’épisode de la Mounine (voir Pléiade, p. 437) ; et un brouillon de lettre à Jean Hytier, 10 août 1941, sur André Gide : « Audace et mesure, affranchissement et contrainte, etc. [...] Un peu plus que Pétrone et beaucoup moins que Goethe ».
▬ On joint une note autographe : « La Mounine. Un autre cahier manuscrit (copie revue de celui-ci) est entre les mains de H.L. Mermod, éditeur à Lausanne. F.P. 3 Nov. 1947 » [il s’agit probablement du cahier suivant, récupéré par Ponge, et provenant des archives familiales].
Cahier de mise au net, titré (bande de papier bleu collée sur la couverture) : « LA MOUNINE. Note après coup sur un ciel de Provence ». Cahier de format 22 x 17 cm, couverture de papier marbré avec bande de papier
bleu portant le titre ; et au revers de la couverture : « Francis Ponge, 12 rue Émile Noirot Roanne (Loire) ». Il compte 20 feuillets de papier quadrillé, soigneusement écrits au recto à l’encre noire. Mis au net, il présente
quelques corrections (13 passages ou mots biffés, corrigés ou ajoutés). IL est daté en fin : « Roanne – Mai Août 1941 ». Une description très précise en a été donnée par François Chapon (voir ci-dessous).
BIBLIOGRAPHIE
François Chapon, Francis Ponge. Manuscrits, livres et peintures (Centre Georges-Pompidou, 1977, p. 18-19).
Francis Ponge, Œuvres complètes (Bibl. de la Pléiade), t. I, p. 412-432, 437-440 et notes p. 1043-1050.
PROVENANCE
Francis Ponge ; archives familiales ; Lionel Salem