Lot n° 93

MALRAUX André (1901-1976) — Tapuscrit avec additions et corrections autographes, Antimémoires ; 737 pages in-4, sous 5 classeurs cartonnés de toile noire et rouge, avec reproductions des plats et dos de l’édition collées.

Estimation : 5 000 - 6 000 €
Adjudication : 9 100 €
Description
Tapuscrit complet des Antimémoires, abondamment corrigé, ayant servi à la composition de l’édition originale, publiée en septembre 1967 chez Gallimard. On sait qu’André Malraux a rejeté l’idée de mémoires chronologiques, au profit d’une évocation où le passé se mêle au présent, et où des pans de sa destinée surgissent au fil d’un voyage. Malraux donna cette copie à son ami l’écrivain Roger STÉPHANE (1919-1994). L’édition des Antimémoires dans la « Bibliothèque de la Pléiade » (Œuvres complètes, t. III, Gallimard, 1996) la désigne comme « le manuscrit Stéphane » [le nombre de pages indiqué dans la «Pléiade » (728) tient à l’omission des pages bis, et d’un saut dans la numérotation]. Un descriptif détaillé en est donné dans la « Pléiade » (p. 1146-1150).

Ce tapuscrit correspond à peu près au texte de la première édition, pour laquelle il a servi de copie, comme en témoignent les notations typographiques du préparateur ; il y aura encore des retouches sur épreuves. On remarquera cependant que la division en cinq parties fut postérieure à cette dactylographie : les feuillets portant le chiffre romain et le titre de chaque partie (« Les Noyers de l’Altenburg », «Antimémoires », « La Tentation de l’Occident », « La Voie royale » et « La Condition humaine ») sont tapés sur une autre machine et ajoutés postérieurement. Par conséquent, les chapitres, ici, sont numérotés en continu, jusqu’à 14 « Singapour » ; la division tardive en sections imposera par la suite une numérotation qui recommence à chaque section. La pagination est discontinue.

La page de titre originale, barrée d’un trait par le préparateur, porte : Antimémoires **** Des Rois et des Morts « Des Rois et des Morts » ne fut pas retenu.

Le tapuscrit tout entier est une véritable mosaïque de fragments découpés et remontés, ou rapportés, parfois de simples languettes, souvent avec un bref raccord autographe, ou une addition autographe au stylo bille bleu, allant de quelques lignes à une demi-page autographe. Une soixantaine de feuillets seulement sont vierges de toute modification. Des mots, des phrases ou des lignes entières ont été biffés puis repassés au crayon bleu. Citons au hasard quelques additions autographes : « Sans doute l’Égypte découvrit-elle l’inconnu dans l’homme comme le découvrent les paysans hindous » (I, 55) ; un passage sur les communistes lors du dialogue avec Nehru (II, 233) ; « Les silex taillés nous instruisent, ils ne nous émeuvent pas, sauf comme témoins de l’intelligence humaine » (III, 425) ; « Je pense aussi aux bras de l’aumônier des Glières, dressés sur les étoiles de Dieulefit : “Il n’y a pas de grandes personnes…” » (V, 94). Etc.


PROVENANCE
Don d’André Malraux à Roger STÉPHANE.
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