Lot n° 75

BALZAC Honoré de (1799-1850) — ÉPREUVES corrigées, Mémoires de deux jeunes mariées, 1841-1842 ; 188 feuillets in-8 (21,5 x 14,5 cm), en feuilles (quelques légères rousseurs, déchirure réparée à la page 263-264 du tome I), sous une...

Estimation : 30 000 - 35 000 €
Adjudication : 67 600 €
Description
chemise de demi-maroquin rouge et étui.
Exemplaire d’épreuves portant de très nombreuses corrections et additions autographes de Balzac, pour la seconde édition du roman.

Dans ce roman par lettres entre deux amies, Balzac aborde la grande question du mariage et de l’amour (et ce n’est pas pour rien que ce roman est dédié à George Sand), en mettant en scène le débat entre la passion romanesque dévorante incarnée par Louise de Chaulieu et le dévouement domestique caractérisé par la stabilité conjugale à laquelle se résigne Renée de Maucombe, devenue comtesse de L’Estorade. Le roman épistolaire Mémoires de deux jeunes mariées a d’abord paru en feuilleton dans La Presse, du 26 novembre 1841 au 15 janvier 1842, avant d’être publié en librairie chez Hippolyte Souverain, au début de 1842. Balzac intègre alors le roman, sans la préface, dans le tome II de La Comédie humaine publié par Furne en septembre 1842. Ces épreuves sont en fait le travail préparatoire pour cette seconde édition du roman dans La Comédie humaine, pour laquelle Balzac a utilisé un exemplaire défait de l’édition Souverain. Ces épreuves comprennent le feuillet de dédicace à Georges [sic] Sand et les pages 19 à 348 du premier tome, soit le texte complet moins la préface et les sept dernières pages, et les pages 265 à 325 (et dernière) du second tome, daté in fine « Paris, 1841 » [1842]. La note autographe portée en tête des épreuves précise la place du roman dans l’édition de La Comédie humaine : « Premier livre – Scènes de la vie privée tome II » (et en bas cette note : « D’après mes calculs, cette copie doit donner entre 12 et 13 feuilles. Une fille d’Eve ira après »). Comme pour les autres romans qu’il rassemblait dans La Comédie humaine, Balzac a supprimé la préface. Il a aussi veillé à la présentation typographique, supprimant ainsi les blancs de l’édition Souverain ; il ordonne aux typographes, en tête de la première page (19) du roman : « On séparera les lettres par un filet maigre de la moitié de la justification, avec deux lignes de blanc, dessus et dessous, puis la suscription, puis la date, en tout une valeur de dix neuf lignes – et pour les dates intérieures des lettres, deux lignes de blanc ». Balzac corrige abondamment son texte, avec des phrases ajoutées dans les marges (« Dis donc, Renée, est-ce qu’un homme pourra nous tromper ? » p. 63, « de votre part une abnégation beaucoup plus belle que le prétendu servage de votre amour quand il est sincère » p. 191, « chez nous en tout, la grâce c’est le mystère » p. 196), jusqu’à des paragraphes entiers (p. 80, 84, 118, ou p. 199 dont la marge est remplie d’additions) ; il pratique aussi quelques suppressions. Il change aussi les dates de certaines lettres, ou en ajoute, précisant ainsi la chronologie du roman ; il modifie les noms affectueux que se donnent les jeunes filles (ainsi, au lieu de «mignonne », « chère biche » au début de la 1ère lettre, ou « belle biche blanche » p. 48). Des personnages secondaires changent de nom, pour les rattacher au personnel de La Comédie humaine ; ainsi (p. 39) Mlle de Fontenille, amie de Talleyrand, devient « Chargebœuf », et (p. 44) la jeune demoiselle de Fontenille devient «Vandenesse ». À la fin du roman, il a jouté de sa main la date : « Paris, 1841 ».


PROVENANCE
Jean Davray (ex-libris JD au contreplat de la chemise ; vente Collection JD, Paris 6-7 décembre 1961, n° 123).


EXPOSITIONS
Balzac (librairie Pierre Berès, 1949, n° 379) ; George Sand (Bibliothèque nationale, 1954, n° 143).
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