Lot n° 63

[DIDEROT (Denis) (1713-1784)] — Principes de la philosophie morale ou essai de M. S*** sur le mérite de la vertu. Avec réflexions. Amsterdam [i.e. Paris], Zacharie Châtelain, 1745. — Deux parties en un volume in-12 (97 x 160 mm), XXX-297 pp.,...

Estimation : 8 000 - 10 000 €
Adjudication : 31 592 €
Description
(5) ff. et 2 planches de Durand gravées par Fessard.
Veau marbré de l’époque, dos à nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge, coupes décorées.
Boîte-étui moderne en demi-maroquin lavallière, dos à nerfs, titre doré. (Habiles restaurations aux coiffes et charnières ; quelques petites rousseurs occasionnelles.)

Édition originale du premier véritable ouvrage de Diderot.

Le philosophe avait débuté sa carrière littéraire en 1743 avec la publication d’une première traduction (The Grecian history de Temple Stanyan). Toutefois, les Principes de la philosophie morale, loin d’être une simple traduction de l’Inquiry concerning Virtue and Merit de Lord Shaftesbury (1699), représente véritablement son premier écrit philosophique. L’ouvrage correspond davantage à une libre interprétation, de telle manière que « l’Essai de M. S… qui n’était proprement qu’une démonstration métaphysique, s’est converti en éléments de morale assez considérables », comme le note Diderot dans son Discours préliminaire.

« Cet exercice auquel se livra Diderot sur un original anglais fut davantage une paraphrase qu'une traduction. C'est un travail fort important pour saisir l'évolution de sa pensée. […] Il y avait quelque danger à présenter au public français, un ouvrage qui affirmait aussi franchement l'existence d'une morale naturelle, indépendant des sanctions d'une religion ou d'une Eglise données. » (Arthur M. Wilson, Diderot, sa vie et son œuvre, Paris, Laffont/Ramsay, 1985, p. 44). Ainsi, les Principes de la philosophie morale constitue le premier manifeste du glissement de Diderot de la foi chrétienne vers le déisme.

♦ Précieux exemplaire portant un envoi autographe signé de l’auteur sur la page de garde :

« Pour Mr de Ste Croix. A Madame de Ste Croix. Totum muneris hoc tui est [i.e. ‘C’est bien là un effet de ta faveur’, Horace]

De la part
De son Très humble et obeis[san]t s[erviteu]r Diderot. »

Les envois de Diderot sont extrêmement rares.

« Le biographe le plus méticuleux de Diderot (Arthur Wilson) a eu connaissance de cet exemplaire mais n’a pu identifier M. et Mme de Sainte-Croix qui, d’après le libellé de l’envoi semblent s’être acquis une dette de reconnaissance auprès du futur encyclopédiste. L’exposition Diderot de la Bibliothèque Nationale (1963) ne présentait aucun livre dédicacé par le philosophe. » (Christian Albertan et Anne-Marie Chouillet, «Autographes et documents », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 1999, n° 27, p. 178).


PROVENANCE
Paul Boulenger (ex-libris) ; Mildred Bliss – Dumbarton Oaks (ex-libris) ; Pierre Bérès, catalogue n° 48, 1951, n° 118.
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