Lot n° 58

MODES ET COSTUMES — [Recueil de modes du règne de Louis XIV]. Paris, 1680-1696. — 2 volumes in-folio (246 x 376 mm et 253 x 378 mm) rassemblant environ 682 planches gravées à l’eau-forte et au burin, dont 7 coloriées et rehaussées d’argent.

Estimation : 20 000 - 30 000 €
Adjudication : 82 140 €
Description
Veau brun moucheté de l’époque, dos à nerfs orné, titré doré, armes au centre des plats, coupes décorées. Etuis bordés modernes. (Habiles restaurations aux coiffes et coins ; une dizaine de déchirures sans manques restau - rées, 3 estampes restaurées avec atteinte à la composition.)

Exceptionnel recueil, constitué à l’époque par Louis Ier de La Tour du Pin de La Charce (1655-1714) et relié à ses armes.

Les gravures sont datées de 1680 à 1696 ; le recueil fut donc relié entre cette dernière date et 1714, mort de son propriétaire. Filleul de Louis XIV, issu d’une des plus anciennes familles de France, Louis Ier de La Tour du Pin fut capitaine de cavalerie, chevalier de Saint Louis, membre des Etats de Bourgogne et premier gentilhomme du prince de Condé. Il portait, entre autres, les titres de marquis de la Charce, comte de Montmorin et d’Oulle et, par son mariage, de marquis de Fontaine-Française et prince souverain de Chaume, figurant autour de ses armoiries. (Richard-Édouard Gascon, Histoire de Fontaine-Française, Paris, 1892, pp. 314-315).

Ces deux volumes offrent une spectaculaire revue de personnages, costumes et métiers du siècle de Louis XIV. Les « portraits en mode » y sont particulièrement bien représentés, gravés par plusieurs membres de la dynastie Bonnart – Henri II, le plus célèbre, ses frères Nicolas Ier et Robert -, représentant les célébrités de l’époque sous l’aspect de jeunes mannequins attrayants, à commencer par le roi, Madame de Maintenon, la famille royale, la Cour… D’Henri Bonnart figurent également plusieurs estampes de la série de ses allégories mises en mode. Les autres gravures de mode contenues dans ces volumes sont dues à Jean Dieu de Saint-Jean, aujourd’hui considéré comme l’inventeur du genre, et à ses suiveurs parisiens Claude-Au - guste Berey, Nicolas Arnoult, ou encore Antoine Trouvain. On y trouve enfin un très important ensemble (75 planches) de « costumes gro - tesques » de Nicolas de Larmessin, fascinante suite de portraits allégoriques composés à partir des outils et produits de leur métier.


RÉFÉRENCES
Pascale Cugy, « La fabrique du corps désirable : la gravure de mode parisienne sous le règne de Louis XIV », Histoire de l’art, n° 66, 2010, pp. 83-93.
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