Lot n° 57

ENSEMBLE DE SEPT VOLUMES D’ESTAMPES témoignant des fastes du règne de Louis XIV — 6 volumes in-folio de différentes tailles, reliés uniformément à l’époque en maroquin rouge à la Duseuil aux armes de Louis XIV (OHR, pl. 2494, fer n° 10...

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : 48 020 €
Description
; dimensions du bloc armorié : 128 x 105 mm, le plus grand des quatre formats cités par OHR), dos à nerfs ornés de caissons fleurdelisés au chiffre royal (OHR, pl. 2494, fer n° 21), plats ornés d’un double encadrement de triple filet doré, chiffre royal aux angles de l’encadrement intérieur, armes royales au centre, roulette sur les coupes et les contreplats, tranches dorées. (Minimes défauts, quelques coins émoussés.) Et : un volume supplémentaire provenant d’une collection différente, également relié en maroquin rouge à la Duseuil aux armes royales (même bloc armorié que sur les 6 autres volumes mais de dimensions plus petites, 92 x 76 mm, second format cité par OHR), avec des fers différents au dos.
♦ Remarquable ensemble de célèbres estampes émanant du Cabinet du Roi, en premier tirage.

Le Cabinet du Roi, outil artistique et politique de diffusion par les estampes de la magnificence et de la gloire de Louis XIV, fut créé en 1667 par JeanBaptiste Colbert et arrêté en 1683 à la mort de ce dernier. Cette entreprise monumentale, regroupant au total 956 matrices, avait pour vocation d’exalter la personne du roi, de magnifier ses fêtes et divertissements, de montrer les bâtiments royaux, d’exposer les collections artistiques du roi et de promouvoir les sciences et arts. Les estampes parurent d’abord séparément, en divers formats avec des explications imprimées. Puis à partir de 1670, elles furent réunies en recueils, dont certains exemplaires furent luxueusement reliés en maroquin rouge, comme ici, pour être offerts aux souverains étrangers et aux grands personnages de l’entourage royal. Enfin, elles furent publiées de manière homogène dans un recueil intitulé Cabinet du Roi, comportant 23 volumes tous de même format grand-aigle, exécuté par l’Imprimerie royale en 1727.

- Les plaisirs de l’Isle enchantée, ou les festes, et divertissements du Roy, à Versailles, Diviséz en trois journées, et commencéz le 7.me Jour de may, de L’année 1664. [Paris, Imprimerie royale, 1673]. In-folio (530 x 370 mm), 20 planches montées sur onglets dont titre illustré (275 x 420 mm), gravées par Israël Silvestre, Chauveau et Le Pautre.

Cet album célèbre immortalise la première des grandes fêtes données à Versailles par Louis XIV, six jours de réjouissances fabuleuses du 7 au 13 mai 1664 en l’honneur d’Anne d’Autriche et de la reine Marie-Thérèse sur le thème romanesque de la magicienne Alcine tenant prisonniers en son palais Roger et ses preux chevaliers. En réalité, la fête était dédiée à Mademoiselle de La Vallière, maîtresse du roi. Les gravures restituent les grands moments de ces festivités : défilé équestre, course de bague, ballet sur le thème des quatre saisons, somptueux festin, feux d’artifice et illuminations des jardins de Versailles, etc.

- [PERRAULT (CHARLES) et FLÉCHIER (Esprit)]. Festiva ad Capita Annulumque Decursio, a Rege Ludovico XIV Principibus, summisque aulae proceribus edita anno M DC LXII. Scripsit Gallicè Carolus Perraul. Latinè reddidit, & Versibus Heroïcis expressit Spiritus Flechier. Paris, Imprimerie royale, 1670. Grand in-folio (420 x 545 mm), (5) ff. (faux-titre, titre-frontispice avec portrait du roi, titre avec vignette aux armes royales, épître dédicatoire au dauphin), 105-(1) pp. contenant 40 planches dont une double, et 7 planches doubles montées sur onglets dont 3 dépliantes. Cet ouvrage relate la grandiose fête équestre donnée par Louis XIV en 1662 en l’honneur de la naissance du dauphin. C’est Charles Perrault qui fut chargé d’en écrire le texte. Le présent exemplaire contient la version latine, parue simultanément à la française et due à Esprit Fléchier. Les compositions furent gravées par François Chauveau d’après Henry Jissey. Les 4 premières planches doubles montées sur onglets, contenant chacune 2 gravures disposées en bandeaux, représentent le défilé des 117 cavaliers ou groupes traversant Paris, dont le roi, le prince de Condé, le duc de Guise et d’autres personnalités de la Cour. Ces gravures offrent par ailleurs le grand intérêt de montrer des rues et des édifices de Paris aujourd’hui disparus, comme la rue Saint-Nicaise. Suivent 30 planches, dont une double, de cavaliers en armes dans de superbes armures ou costumes emplumés. Ces dernières sont entrecoupées de 10 planches d’emblèmes des principaux participants. Figurent pour finir 3 planches doubles sur onglets qui sont des vues générales de la fête. Menessier de La Lance II, 300-301.

- Tapisseries du Roy, où sont representez les quatre élémens et les quatre saisons. Avec les devises qui les accompagnent, et leur explication [relié en 2 volumes]. Paris, Sébastien Marbre Cramoisy, 1679. 2 volumes in-folio dont un volume de texte (428 x 284 mm) : titre et (13)
feuillets paginés 1-82, et un volume de planches (530 x 390 mm) : titre-frontispice, titre à encadrement gravé, 4 planches doubles des tapisseries des quatre éléments, 8 planches d’emblèmes à 2 figures chaque, titre gravé à encadrement, 4 planches doubles de tapisseries des quatre saisons, 8 planches d’emblèmes à 2 figures chaque, et 4 planches doubles représentant l’alliance entre la France et les Suisses, le siège de Douai, la défaite des Espagnols à Bruges et le siège de Tournay. (Mouillures aux
3 dernières planches doubles.)
Ces estampes illustrent une autre manifestation de la splendeur de la Cour de Versailles : les tapisseries royales des Gobelins. C’est en 1662 que furent créées les manufactures des Gobelins, dont la direction fut confiée au premier peintre du roi, Charles Le Brun. Il dessina les cartons de tapisseries allégoriques sur le thème des quatre éléments et des quatre saisons, restitués par la gravure par Sébastien Le Clerc.
Le volume de texte contient également : [LE JEUNE DE BOULENCOURT].
Description générale de l’Hostel Royal des Invalides établi par Louis Le Grand dans la Plaine de Grenelle près Paris. Paris, chez l’auteur (imprimé par Gabriel Martin), 1683. (8)-51 pp. Sans le frontispice et les planches.
- [Louvre et Thuileries (titre au dos)]. In-folio (490 x 345 mm), 40 planches dont 11 plans ou vues doubles ou dépliants et 29 planches, dont un titre-frontispice, de la suite des Ornemens de peinture et sculptures qui sont dans la galerie d’Apollon au Chasteau du Louvre et dans le grand appartement du Roi au Palais des Tuilleries.
Ce recueil de planches seules témoigne des travaux d’agrandissement et d’embellissement commandés par Louis XIV avant la construction du château de Versailles, dans la continuité du « grand dessein » de son grand-père Henri IV. Les 40 estampes de plans architecturaux, vues
panoramiques animées et ornements décoratifs furent gravées par Bérain, Scottin, Silvestre, Chauveau, Le Moine, d’après Israël Silvestre et Sébastien Le Clerc.
- [Maisons royales (titre au dos)]. In-folio (495 x 360 mm), 26 planches datées 1666 à 1682, montées sur onglets, dont 8 plans doubles ou dépliants, 15 vues doubles ou dépliantes, 2 plans et une vue.
Ce recueil de planches seules est consacré aux maisons royales : Palais-Royal, château de Vincennes, château de Madrid, de Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau et Monceaux, etc. Il compte 8 plans doubles ou dépliants, 15 vues animées doubles, 2 plans et une vue par Israël Silvestre.

PROVENANCE DE CES 6 VOLUMES
Paul Louis Weiller (ex-libris). [Avec un septième volume d’une autre provenance, en reliure similaire
mais légèrement différente :] FÉLIBIEN DES AVAUX (ANDRÉ). Relation de la Feste de Versailles. Du
18 Juillet mil six cens soixante-huit.
Paris, imprimerie royale (Sébastien Marbre Cramoisy), 1679.
In-folio (430 x 282 mm), 43 pp. (dont titre), 5 planches doubles. Maroquin rouge à la Duseuil aux armes de Louis XIV, dos à nerfs orné. (Deux minuscules trous de vers au mors supérieur, très légers frottements aux coins et coiffes ; minimes rousseurs, restauration angulaire et marginale à la dernière planche.)
Premier tirage des 5 spectaculaires planches doubles gravées par Jean Le Paultre.
Le texte avait initialement paru en 1668 (Paris, Le Petit). Il s’agit de la relation du somptueux Grand Divertissement royal du 18 juillet 1668, deuxième fête donnée par Louis XIV à Versailles pour célébrer sa gloire après la paix d’Aix-la-Chapelle.

PROVENANCE
Baron Horace de Landau (ex-libris gravé et cote n° 208).

RÉFÉRENCES
Marianne Grivel, « Le Cabinet du Roi », Revue de la Bibliothèque Nationale. n° 18, 1985, pp. 36–57 ; André Jammes, « Louis XIV, sa Bibliothèque et le Cabinet du Roi », The Library, Fifth Series, vol. XX, March 1965 ; Georges Duplessis, « Le Cabinet du Roi », Paris, Bachelin, 1869 ; Brunet I, 1442-1444.
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