Description
Un feuillet sur parchemin, 299 x 215 mm (299 x 215 mm) ; 35 lignes sur deux colonnes ; encre carbone ; réglures à la pointe sèche, foliotation grecque « ΙΘ/I » (19/1), « 113 » (ancienne cote ?) ; minuscule grecque cursive légèrement italique, quelques ligatures calligraphiées ; initiales rubriquées, bandeau à l’encre noire avec un travail d’entrelacs, frise à l’encre rouge et noire orné en fin d’un motif trifolié à la fin du recto du feuillet, guillemets rubriqués marginaux au verso du feuillet ; le feuillet porte les marques d’un ancien réemploi de reliure, marge intérieure rognée avec léger manque de texte (2 ou 3 lettres manquantes). Fragment d’un manuscrit grec daté du 11e/12e siècle du plus célèbre commentaire biblique du début de la chrétienté provenant de la bibliothèque d’un des fondateurs de la Renaissance florentine, Niccolò Niccoli.
TEXTE Les homélies de Jean de Constantinople (c.347-407), célèbre orateur grec du Ve siècle qui reçut le surnom posthume de Chrysostome, « Bouched’or », rassemble plus de 900 prédications. Notre feuillet commence sur les six dernières lignes du sixième chapitres de la dix-septième Homélie sur les Epîtres de S. Paul à Timothée I (Pat. Graec. 62:600) et la seconde colonne ouvre sur deux lignes de Timothée II 1:1-2 et l’incipit du premier chapitre de la première homélie sur Timothée II qui continue au verso du feuillet (Pat. Graec. 62:599-600 ou Clavis Patrum Graecorum 4436 et 4437 ). PROVENANCE Provient de la célèbre bibliothèque du précurseur des humanistes florentins, Niccolò Niccoli (c.1364/5-1437), inspirateur de la cursive humanistique et qui «built up a magnificent library, notable for the rarity and quality of the texts that it contained» (A. C. de la Mare, The Handwriting of Italian Humanists, I, i, 1973, p.46). Poggio Bracciolini (dit en français Le Pogge), célèbre philologue et proche de Niccoli, décrit la bibliothèque de son ami comme admirable car elle contenait plus de 800 manuscrits. Cette somme importante pour l’époque a même été confirmée par un libraire et biographe de la période Vespasiano da Bisticci. Cette bibliothèque était d’autant plus remarquable qu’elle contenait plus de 146 volumes en grecs ; fait rare pour l’époque, car les érudits grecs après la chute de Constantinople (1453) n’étaient pas encore arrivés avec leurs manuscrits pour nourrir les publications de la Renaissance (B. L. Ullman and P. A. Stadter, The Public Library of Renaissance Florence, Niccolò Niccoli, Cosimo de’ Medici and the Library of San Marco, 1972, pp. 59-60). Niccoli apprit le grec auprès de Manuel Chrysoloras qui enseignait alors à Florence (c.1497-1400), cependant il ne le maitrisa probablement jamais parfaitement. Ce manuscrit pourrait bien provenir de Chrysoloras lui-même. Entre 1429 et 32, le volume d’où provient le feuillet a été prêté à Ambrogio Traversari, qui le traduisit en latin (Vite, ed. A. Greco, 1970, I, p. 451). La version latine de cette traduction écrite de la main de Niccoli, datée de 1432, est aujourd’hui conservée à Florence (Bib. Naz. Conv. Sopp. J.VI.6). La bibliothèque de Niccoli fut transmise à 16 héritiers ; c’est auprès d’eux que Cosme de Medicis (1389-1464) se tourna pour acquérir les plus beaux volumes de ce qui formera le noyau de la nouvelle bibliothèque publique du couvent de San Marco à Florence. La provenance de Niccoli « ex hereditate Nicolai de Niccolis » avec l’ex-libris de San Marco fut inscrite sur ces volumes par le bibliothécaire du couvent, Zanobi Acciaiuoli actif de 1497 à 1513. Il indique à la suite que le volume contenait également les Homélies des Epîtres aux Philippiens. Une note manuscrite en marge supérieure attribuée au même bibliothécaire par le chercheur Xavier van Binnebeke (voir art. p.30), indique que le feuillet isolé était à la fin d’un autre volume : « ‹propter or ob› ignorationem avulsa est ab alio volumine quod desinit in quaternione / ‹Ι›h et in prima ad Thimoteum, cum ligari simul debuissent ». Les chercheurs Ullman and Stadter rattachent le feuillet à l’entrée 1098 de l’inventaire de la bibliothèque daté de 1499/1500 « Iohannes Chrysostomus in epistolas ad Timotheum secundam et in eph’as [sic for «epl’am »] ad Philippenses, in membranis » (Ullman and Stadter, p.253). Xavier van Binnebeke explique plus en détail l’identification :
«At least one further leaf can be added to the group of identified Chrysostom manuscripts with links to Niccoli and San Marco. This is London-oslo, Schøyen Coll. Ms. 1571/1 (PL. VII), transmitting the end of Chrysostom, In Epist. Pauli I ad Timotheum, and the beginning of II ad Timotheum. As becomes clear from partly cut off inscriptions by Zanobi Acciaiuoli, Ms. 1571/1 served as a (?temporary) flyleaf to a volume of the convent library that came «ex hereditate Nicolai de Niccolis » and contained Chrysostom’s « expositio in epistolam ‹S.› Pauli ad Timotheum secundam per homilias .X. » and « expositio eiusdem in epistolam ad Philippenses per homilias .XVI.m »1.
This manuscript is still identifiable in the inventory of 1499/1500 at no. 1098, but remains in hiding. The single leaf may originally also have belonged to a Chrysostom from San Marco but I haven’t yet been able to securely identify it. ».
Durant les guerres et l’occupation Napoléonienne (1808) la majorité de la bibliothèque de San Marco fut saisie pour être transmise à la bibliothèque Nationale de Florence. La confusion du déménagement de la bibliothèque permit surement à quelques personnes, probablement les moines eux-mêmes, de cacher certains volumes. Les marchands londoniens Payne and Foss en achetèrent quelques-uns entre 1829 et 1832 qu’ils proposèrent ensuite dans une lettre datée du 16 mars 1833 au plus célèbre bibliophile
Sir Thomas Phillipps. La liste des seize manuscrits qui accompagnait la lettre des marchands à Phillipps était dans la collection Schøyen cotée Ms. 1571/2 (voir art. de Ullman and Stadter). Cependant notre manuscrit ne fut pas acquis par Phillipps. On le retrouve notre manuscrit ensuite dans la collection de Mark Lansburgh, « The Illuminated Manuscript Collection at Colorado’, The Art Journal , XXVIII, 1968, p.6 ». Son cachet à l’encre bleue se trouve au verso du feuillet. Le libraire Jörn Günther vendit ensuite le feuillet en 1992 à Martin Schøyen (MS 1571/1).
BIBLIOGRAPHIE
Van Binnebeke, 2010, Payne & Foss, Sir Thomas Phillipps, and the Manuscripts of San Marco, 30-31 (et n. 5, p. 30, n. 1-3, p. 31) ; pl. VII - B. L. Ullman and P. A. Stadter, The Public Library of the Renaissance: Niccolô Niccoli, Cosimo de’ Medici and the Library of San Marco, Medioevo e Umanesimo 10 (Padua, 1972) – Sotheby’s, Londres, 10-07-2012, lot 4 – Pinakes 46875.