Lot n° 120

SILHOUETTE (La).

Estimation : 8000 - 10000
Adjudication : 10 000 €
Description
Journal des caricatures, beaux-arts, dessins, moeurs, théâtres, etc. Paris, rue des Fossés Saint-Germain-l’Auxerrois [et] rue Neuve-des-Petits-Champs, 1829-1830. 52 livraisons à couvertures bleues ill., en deux chemises à dos maroq. rouge à grain long, dos ornés en long, étui (Lavaux).
COLLECTION COMPLÈTE, D’UNE EXTRÊME RARETÉ de cette publication satirique, premier journal de caricatures publié en France. Elle ouvrit la voie à L’Artiste, à La Caricature et au Charivari.
Elle renferme 105 lithographies sur blanc, quelques-unes coloriées. Grandville a fourni neuf planches au journal : les deux premières sont des lithographies à la plume, coloriées ; les sept autres sont en noir (lithographies de V. Ratier). La Silhouette marque la prise du pouvoir par la nouvelle génération, née sous l’Empire et débarrassée du souvenir de la Révolution. Elle est politiquement hostile au gouvernement de la Restauration. Daumier y débute (3 planches) dont sa première lithographie intitulée Passe ton Chemin cochon (tome III, p. 39) avec Monnier et Grandville, Raffet, Pigalle, Traviès, Johannot - tous âgés d’une vingtaine d’années. Grandville a stigmatisé l’ennemi et résumé l’esprit du journal dans la lithographie publiée le 12 août 1830 sous le titre : Eteignons les lumières et rallumons le feu ! Une assemblée de personnages dont la tête est un soufflet s’active autour d’un bûcher dans lequel on jette des livres de Béranger, Volney, Paul-Louis Courier... Balzac, chef de meute. Parmi les fondateurs, on remarque Emile de Girardin et Balzac. Ce
dernier y publie son Etude de moeurs par les gants, la Philosophie de la toilette, la Physiologie gastronomique et Des Artistes, parmi d’autres. «Balzac y écrit souvent; il y évoque les caricaturistes politiques et assure, avec une prescience remarquable, que leur art est une puissance» (Adhémar, Honoré Daumier, p. 13).
Ainsi, l’armée du rire, qui prendra sous peu d’assaut la forteresse Louis-Philipparde à coups de poires et de Caricature, est déjà réunie dans ce premier journal satirique. Certaines des illustrations sont demeurées fameuses comme la marquise de Philipon avec son petit miroir convexe enchâssé à la place du visage. Les premières livraisons étaient plutôt littéraires et furent illustrées de lithographies très émouvantes comme celle de Johannot pour l’Eléonore de Bürger. Quand les illustrations se firent plus audacieuses et politiques, notamment celle de Charles X en Jésuite, la revue attira l’attention de la censure.
Exemplaire parfaitement conservé (petite réparation à 2 ou 3 ff. de texte) AVEC SES COUVERTURES DE LIVRAISONS (qui manquaient à la coll. Dumas), et renfermant quelques pl. en deux ou trois exemplaires (noir et colorié, blanc ou chine), dont la pl. III du premier vol. «Marquise» qui est en trois états (2 coloriés) l’un d’eux avec le visage découpé et remplacé par une petite glace maintenue par un collage au verso de la lithographie.
Bien complet des titres (et tables, il n’en existe pas pour les vol. I et IV, ainsi que l’indique Carteret). Vicaire précise, à propos des planches, que «la Bibliothèque nationale possède le texte des quatre volumes de La Silhouette mais aucune de ses lithographies».
(Carteret III, 563; Vicaire VII, 500; Ray French illustrated Book n°146.) (2)
Partager