Description
TINAN Jean de (1874-1898). MANUSCRIT autographe signé «Jean de Tinan», Penses-tu réussir ! ou Les diverses amours de mon ami Raoul de Vallonges, 1897 ; [2]- 295 feuillets petit in-4 (19 x15 cm) écrits au recto, montés sur onglets, en un volume petit in-4 relié maroquin bleu nuit, triple filet d'encadrement des plats, dos à nerfs soulignés d'un filet doré, caissons à double filet très ornés, lettres et roulette dorées, double filet interrompu sur les coupes, doublures de maroquin orange bordées d'un filet doré et encadrées de maroquin bleu nuit, gardes de moire bleu nuit, doubles gardes de papier marbré (René Aussourd).
Manuscrit complet et unique du roman, chef-d'oeuvre Jean de Tinan.
Penses-tu réussir ! fut publié en 1897 au
Mercure de France. Le roman fut apprécié par Stéphane Mallarmé, qui écrivit à l'auteur en septembre : «Votre éducation sentimentale strictement limitée au sujet, était un livre, souvent me semblait-il, à écrire ; cependant exigeant quels dons ! un riche ciel-de-fond très littéraire ou même poétique à posséder d'abord et à tendre, avec sécurité, pour qu'y éclatât, toujours dans un beau milieu, votre amusante et poignante désinvolture de sentiment si sincère». Selon Hubert Juin, Jean de Tinan est «une sorte de Musset qui se serait pris de passion intime pour Laforgue : comme l'autre, il a dit le mal de son siècle, en se confessant à cru. [...] Le héros de Penses-tu réussir ! et d'Aimienne, Raoul de Vallonges, c'est Tinan lui-même, qui se regarde, qui se raconte, qui se prend à son propre piège, qui s'examine avec détachement et ironie ; c'est le résumé et le portrait, aussi, de ceux de sa génération :
Éducation sentimentale, en effet ; c'est le jeune Parisien de la fin du siècle, qui prend à charge son mot à André Lebey : “Il faut déguiser nos sincérités en snobismes”»...
Le manuscrit est écrit à l'encre noire au recto de feuillets, sans marge, paginés au verso au crayon bleu. De nombreuses pages sont abondamment raturées et corrigées, avec des corrections, suppressions et additions.
Le manuscrit, qui porte des indications typographiques aux crayons bleu ou rouge, a servi pour l'impression et porte des annotations de typographes. Il comprend : un titre imprimé, un titre autographe, un feuillet de dédicace autographe à Pierre
Louÿs («Je dédie mon premier livre d'études à mon ami Pierre Louÿs en témoignage de ma profonde affection T. décembre 96»), et les 295 pages chiffrées. Le roman est daté en fin : «Montpellier - Montigny sur Loing
- Abbaye de Jumièges - Paris Novembre 94 - Juin, Août, Décembre 96».
Le roman, précédé d'un texte «Pour servir de Préface» dédié à Maurice Barrès (p. 1-3), est divisé en neuf chapitres (eux-mêmes divisés en séquences numérotées), chacun précédé d'une page de titre. - Chapitre premier, dédié à André Lebey, De cigares en cigares, «pour habituer le lecteur à mon ami Raoul de Vallonges» (p. 4-31) ; - Chapitre deuxième, dédié à Ferdinand Herold, En façon d'Épithalame pour un mariage manqué, «Où Raoul de Vallonges raconte un de ses amours» (p. 32-83) ; - Chapitre troisième, dédié à Ernest La Jeunesse, Soirée perdue et nuit d'amour à la passante, «Où l'on accompagne Raoul de Vallonges l'un des soirs les plus indécis de sa sensibilité» (p. 84-118) ; - Chapitre quatrième, dédié à Henri Albert, À propos de ..., «pour “situer” un peu mon ami Raoul de Vallonges» (p. 119- 134) ; - Chapitre cinquième, dédié à Fernand
Vanderem, La petite Jeanne pâle, «où Raoul de Vallonges raconte un autre de ses amours» (p. 135-186) ; - Chapitre sixième, dédié à Jean Lorrain, Origine Grandeur et décadence d'un “Essai sur Cléo de Mérode considérée comme symbole populaire”, «pour insister auprès du lecteur sur ce que
Vallonges est “littérateur”» (p. 187-209) ; -Chapitre septième, dédié à Jacques Doucet, Petit emploi du temps, «pour “situer” encore un peu mon ami Raoul de Vallonges» (p. 210- 218) ; - Chapitre huitième, dédié à Willy, Lettre longue à la Bienaimée..., «Où Raoul de Vallonges raconte un troisième de ses amours» (p. 219-279) ; - Chapitre neuvième, dédié à Henri de Régnier, La p'tite Sirène de Pont des Arts, «Où l'on termine sous forme allégorique» (p. 280-292) ; - à la suite, l'Envoi «pour offrir ce livre à madame X.» (p. 293- 295), daté «19 janvier 97».
Les pages 121 à 131 du manuscrit, formant deux séquences (ii-iii) du quatrième chapitre, contenant la «Chanson du Moulin Rouge» et «Tristesse traitée au kummel», biffées d'une croix au crayon bleu, sont restées inédites ; elles ont été supprimées sur épreuves, Tinan en ayant jugé le style trop négligé.
On a relié en tête : - une longue L.A.S. à Pierre Louÿs, «mon très cher maître», Lund soir [23 février 1897] (5 p. in-4 ), sur ses livres en cours et ses projets, et la vie littéraire du temps : Jean Lorrain, H. de Régnier, Heredia, Jarry, Lebey, Mirbeau, Francis
Jammes, Sully-Prudhomme, et le «jeune Marcel Proust» au lendemain de son duel, ainsi que «ces demoiselles» Heredia.... ; - 2 portraits photog
