Lot n° 168

PROUST Marcel (1871-1922). L.A.S. «Ton Marcel», [janvier 1922], à Lucien DAUDET ; 4 pages in-8. …

Estimation : 2 000 - 2 500 EUR
Adjudication : 9 360 €
Description
PROUST Marcel (1871-1922). L.A.S. «Ton Marcel», [janvier 1922], à Lucien DAUDET ; 4 pages in-8.
Émouvante lettre inédite sur la maladie.
Il est en retard pour remercier son «cher petit» de ses «gentils souhaits, croisés avec nos voeux “oraux” de l'autre soir. Nous avons été, je le crois du moins, tellement amis, que ce peu à quoi se sont réduites nos relations me donne toujours quand nous nous voyons l'impression que l'engrenage fonctionne à vide. Si j'étais mieux portant, si je pouvais parler, sortir, recevoir (je ne peux pas dire donner des fêtes mais recevoir des visites), peut-être arriverais-je à revenir et à obtenir que tu reviennes au point d'où nous sommes partis pour commencer à nous écarter. Mais puisque la fatalité de ma santé, (que ton Père dans sa divination m'avait prédite comme obstacle à ma destinée) fait que je ne peux ni parler ni remuer sans recommencer à tomber dans mes crises, je me borne à te dire que les voeux les plus grands que je fais pour toi sont pour la santé de ta chère Maman, fabuleuse de prime jeunesse [...], pour le succès de tes oeuvres écrites et peintes [...].
La conséquence est que tu es physiquement tellement le même qu'autrefois que je me permets de t'embrasser, mon rat (Lettre fort m.g. pour qui ne saurait que nous ne nous sommes jamais embrassés)»... [Au cours du mois de juin 1922, Lucien
Daudet rendra une dernière visite à Marcel
Proust. Selon Céleste, il «était d'une extrême sensibilité, qu'il mettait tout à l'admiration et à la dévotion pour M. Proust. C'est peutêtre l'un des rares que M. Proust ait aimés bien pour lui-même, sans jamais songer à l'utilité pour un personnage de son livre.
Mais peut être aussi n'offrait-il pas un type assez marquant».]
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