Lot n° 116
Sélection Bibliorare

JACOB Max (1876-1944). 70 MANUSCRITS autographes, [Méditations religieuses] ; environ 130 pages, …

Estimation : 5 000 - 6 000 EUR
Adjudication : 4 550 €
Description
JACOB Max (1876-1944). 70 MANUSCRITS autographes, [Méditations religieuses] ; environ 130 pages, la plupart in?4 ou in?fol.
Important ensemble de méditations religieuses, dont certaines seront choisies par l'abbé Morel pour le volume posthume des 38
Méditations religieuses de Max Jacob publiées chez Gallimard en 1947 ; les autres sont inédites. Elles ont été numérotées par l'abbé
Morel, de 1 à 71 (la 63 manque).
Le titre ou thème de la méditation est accompagné de l'indication de l'heure de sa rédaction ; parfois, la méditation prend appui sur un extrait des Écritures, ou sur une pensée de Pascal. Toutes sont écrites à l'encre, sauf une au crayon (15) ; elles présentent quelques ratures et corrections. Quatre méditations (22, 28, 44, 62) sont écrites au verso de courriers administratifs de l'Assistance Publique adressés en 1911 au Dr Persillard à Saint-Benoît-sur-Loire (la veuve du docteur sera la logeuse de Max Jacob à partir de 1939), et une (8) au dos d'un texte ronéoté de La Prévoyance médicale.
Neuf méditations ont été rehaussées de dessins, la plupart superposés au texte : la 3 montre une tête d'homme coiffé d'un chapeau au crayon vert, et un petit autoportrait à la plume ; la 4 une petite fleur à la plume ; la 19 une esquisse de tête au crayon ; la 27 s'achève par un petit autoportrait à la plume, de profil ; la 35 est ornée d'une petite frise à la plume avec des anguilles ; la 43 montre une esquisse de tête au chapeau à la plume ; la 56, un héron à la plume ; la 64 est rehaussée d'une grande tête de Christ au crayon et à la plume ; mais on retiendra surtout la 39 avec son grand autoportrait au crayon et à la plume.
Les méditations ont été regroupées par thème, et plusieurs portent le même titre : La Mort (1 à 7) ; Le sépulchre (8) ; But de la vie (9 à 14) ; Amour de N.S. pour nous (15, 16) ; Bienfaits de Dieu (17 à 21) ;
Excellence de l'esprit (22 à 25) ; Excellence des vertus (26 à 29) ;
Exemples des Saints (30 à 33) ; [Les] Péchés (34 à 41, dont la 37 : le Péché) ; Situation de l'homme sur la terre (42) ; Solitude de l'homme (43 à 45) ; Solitude de l'homme dans la création (46) ; Création (47) ;
Les deux bandes (48 à 50) ; Le jugement (51) ; [Le] Jugement Dernier (52 à 57) ; Choix entre [le] Paradis et [l']Enfer (58 à 61) ; Paradis ou enfer (62) ; [Le] Paradis (64 à 66) ; L'Enfer (67 à 71).
Nous citerons la méditation 35, Les Péchés 9h20. : «Arrachez-vous les ongles puisque ça vous fait du bien. Arrachez aussi à votre âme la racine des mauvaises pensées. Le péché est comme une anguille comme elle il se glisse [...] Le péché est sale et noirâtre, il est dans la chair, il participe d'elle, est le côté fumier de l'homme»... Puis la méditation s'achève en un poème de 12 vers : «Dégout de mes égouts, je suis une citerne.
Enfant j'étais colère, paresseux et méchant [...]
Je ne suis pas meilleur étant vieux maintenant.
L'homme le plus stupide est aussi le plus louche
Ma parole qui sort à chaque mot fait mouche [...]
Bêtise c'est orgueil et l'orgueil c'est l'enfer
J'ai déjà sa brûlure et j'ai déjà son ver
Pourtant on me voit le soir à la Prière
Le matin à l'aurore, la Messe ! et je la sers !»
Et il ajoute au bas du poème : «Tartufe ! Sainte Nitouche !»
Dans une autre méditation sur les Péchés, rehaussée du grand autoportrait, Max Jacob fustige son amour de «la mangeaille et la boisson» et sa mondanité, dans les dîners de la comtesse Murat ou de Coco Chanel...
Nous citerons encore la fin de la dernière méditation, L'Enfer, très corrigée : «Éternité ! que tu es longue ! tu l'as trouvé ta posture définitive, inutile de te retourner dans ton lit maintenant. Voici ta figure dans le cosmos, c'est celle d'une brûlure dont tu n'aurais pas voulu une minute et qui va te cuire à jamais sans réduction de la sauce. Sur le registre de l'harmonie tu es inscrit : brûlé vif. [...] Sur la tapisserie du cosmos est un écarlate sanglot, figure oubliée par le ciel, non par le démon ; cette figure c'est toi immortel, immortellement brûlé vif.
Les guerres secoueront les géologies, les forêts seront charbons, ce qui était précipice se comblera, le sommet deviendra creux mais la brûlure que tu ne pouvais pas endurer une minute sera cette même douleur. [...] les enfants deviendront vieillards centenaires et la figure oubliée de la tapisserie restera dans son écarlate flambant. Éternité sous terre ! un son d'orgue comme le bruit de toupie une planète voilà ton cri qui ne cessera pas plus que le bruit d'une planète. Ton cri fait partie du cri universel».
Provenance : archives de l'abbé Maurice MOREL (vente 14 décembre 2005, n° 81).
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