Lot n° 3

[ENLUMINURE]. — Initiale « B » historiée. — Trois anges et l’hospitalité d’Abraham et de Sara [ou Abraham, Sara et les trois anges] — Feuillet extrait d’un antiphonaire. — En latin, feuillet enluminé sur parchemin.

Estimation : 2500 - 3000
Adjudication : 2 816 €
Description
Feuillet complet, recto-verso ; musique carrée notée sur des portées de quatre lignes tracées à l’encre rouge ; écriture gothique arrondie, premier mot avec des lettres cadelées avec décor calligraphié (en rouge et noir) ; initiales en rouge avec décor filigrané ; initiale historiée inscrite dans une initiale ornée avec décor de feuilles d’acanthe colorées sur fond d’or bruni, décor enluminé se prolongeant dans la marge avec feuilles d’acanthe colorées et petits disques à l’or bruni.
Quelques frottements et manques à la surface picturale, sinon bel état.

Espagne, Castille (?), milieu du XVe siècle.

Dimensions du feuillet : 535 x 380 mm

Cette enluminure figure une scène peu commune dans un antiphonaire, celle de l’hospitalité d’Abraham et de Sara servant un repas à trois anges, suite à l’apparition de ces trois anges aux chênes de Mambré. Elle illustre le chant (introït) pour le dimanche de la fête de la Trinité, premier dimanche après la Pentecôte : « Benedicta sit sancta trinitas atque indivisa unitas… » [Bénie soit la Sainte Trinité et son indivisible unité…]. Il est intéressant de noter que l’enlumineur a choisi de figurer une scène vétéro-testamentaire qui préfigure la Trinité, avec les trois anges accueillis par Abraham et Sara, plutôt qu’une scène plus classique de représentation de la Trinité.

Cette scène reprend le passage de Genèse 18, 1-14 : « Aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham, qui était assis à l’entrée de la tente. C’était l’heure la plus chaude du jour. Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente et se prosterna jusqu’à terre. Il dit :
« Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. Je vais chercher de quoi manger, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! ». Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. » Abraham se hâta d’aller trouver Sara dans sa tente, et il dit : « Prends vite trois grandes mesures de fleur de farine, pétris la pâte et fais des galettes ». Puis Abraham courut au troupeau, il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer. Il prit du fromage blanc, du lait, le veau que l’on avait apprêté, et les déposa devant eux ; il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre, pendant qu’ils mangeaient… ».
A la suite de cette visite, Abraham s’entend dire qu’il sera père, malgré l’âge avancé de Sara : ils engendreront Isaac.

Le style de cette initiale historiée rappelle certainement une facture italianisante mais des détails suggèrent qu’il s’agit plutôt d’une réalisation ibérique, très influencée par la production et l’esthétique italienne mais aussi tournée vers la peinture flamande qu’elle adapte en Espagne. On pense aux enluminures faites plus tôt dans le siècle pour les livres de chœur attribués à l’artiste espagnol nommé Maître de Burgo de Osma (Chapitre de Soria).
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