Lot n° 255

ZOLA Émile (1840-1902). 312 L.A.S. « Emile Zola », 1876-1901, à SA FEMME ALEXANDRINE ; environ …

Estimation : 300 000 - 400 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
ZOLA Émile (1840-1902). 312 L.A.S. « Emile Zola », 1876-1901, à SA FEMME ALEXANDRINE ; environ 1100 pages in-8, plus 4 cartes et 34 télégrammes, le tout monté sur onglets en 6 volumes in-8 reliés demi-veau bleu nuit, dos à nerfs, titre doré.
Magnifique et importante correspondance de Zola avec sa femme Alexandrine.
Cette correspondance permet de suivre la vie et la pensée de Zola au jour le jour pendant les périodes où il est éloigné de sa femme, notamment lors des longs séjours d'Alexandrine en Italie : en 1895, 1896 et surtout 1897, date à laquelle commence l'Affaire Dreyfus, Zola lui écrit chaque jour ou presque une longue lettre, quelquefois deux. Même chose pour la période d'août 1898 à juin 1899, pendant laquelle il a été contraint de s'exiler en Angleterre. En 1899 et 1901, Alexandrine repart en Italie, ce qui déclenche de nouveau chez Zola un envoi quasi-quotidien de lettres. Alexandrine, sa femme, est la seule à qui Zola confie tout, des détails les plus anodins de ses activités quotidiennes à ses accès de désespoir les plus profonds. Ayant plus de trente ans de vie commune derrière eux à l'époque de cette correspondance, ils ont connu ensemble la misère et la richesse, et mené côte à côte chacun des combats qui ont émaillé la carrière de l'écrivain. De surcroît, cette femme issue du peuple est sa première lectrice. Zola lui soumet ses œuvres au fur et à mesure de leur rédaction et la tient sans cesse au courant de l'évolution de son travail. Cette correspondance est donc à la fois intime et littéraire, pleine d'anecdotes et de confessions. Chaque lettre (toutes ont au moins trois pages bien serrées : dans l'ordre généralement pages 1, 3, puis 2 en travers de la page, et éventuellement 4) s'efforce de faire la part entre ces différents aspects : nouvelles domestiques, événements de la journée, rencontres, visites, avancement de l'œuvre et sentiments personnels. Cette correspondance constitue donc un document absolument unique pour la connaissance de Zola, notamment pendant la période bouleversée de l'affaire Dreyfus.
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Alexandrine Meley est née à Paris en 1839. Fille naturelle, elle connut une enfance et une adolescence difficiles et eut, à l'âge de 17 ans, une fille naturelle, qu'elle dut placer à l'Assistance publique. Se faisant appeler Gabrielle, elle mène alors une vie de grisette, posant pour les peintres. C'est alors que Zola la rencontre, en mars 1864. Il travaille aux éditions Hachette, et n'a encore rien publié. Le couple emménage en 1865 dans le quartier des Batignolles et, après avoir vaincu les réticences de Mme Zola mère, officialise sa situation le 31 mai 1870. Dès que Zola se consacre entièrement à sa carrière d'écrivain, Alexandrine prend en charge l'organisation de la vie domestique, mettant tout en œuvre pour que son mari ait la tranquillité nécessaire à son travail. Admiratrice absolue de ses livres, elle est, parfois avec véhémence, son premier soutien. À mesure que l'œuvre de Zola connaît le succès, le couple s'élève dans la hiérarchie sociale, donne une réception hebdomadaire à laquelle sont conviés les écrivains, journalistes et directeurs de théâtre amis. Selon Henry Céard, « Alexandrine Zola était alors une grande femme portant élégamment la toilette, le teint clair, l'œil vif, la repartie vive ! Dans un salon, personne n'avait plus de chic, et Goncourt, si peu prodigue de compliments envers les femmes, disait d'elle qu'elle avait très grand air. Mais sous les gants, il y avait une main rude »...
C'est en 1888, alors que la gloire de Zola est établie et que le couple vit dans le luxe, qu'éclate la crise. Zola tombe amoureux de Jeanne Rozerot, une jeune lingère au service du ménage dans leur propriété de Médan. De cette liaison naîtront deux enfants, Denise en 1889 et Jacques en 1891. Pendant trois ans, Zola mène donc une double vie, qu'il cache, non sans en souffrir, à sa femme. Par le biais d'une lettre anonyme, celle-ci est mise au courant. Folle de douleur, elle se précipite au domicile de Jeanne et détruit toutes les lettres que Zola lui avait adressées jusqu'alors. Alexandrine, qui n'a pas eu d'enfant avec Émile et avait dû abandonner sa propre fille, est terriblement meurtrie. Le couple est au bord du divorce. Pourtant Alexandrine se résigne lentement et accepte l'officialisation de cette double vie. Le romancier a installé sa maîtresse et ses enfants à deux pas de Médan, où il va quotidiennement les voir. En 1895, date où commence cette correspondance, une nouvelle et solide relation s'est installée entre Zola et sa femme, qui, pourtant - et cette correspondance en témoigne - restera à jamais blessée. D'où une sensibilité à vif que l'on devine tout au long de cette correspondance, Zola multipliant les déclarations rassurantes et les protestations d'attachement. « Il n'y a pas que les souvenirs entre nous, il y a aussi l'avenir » (31 octobre 1895), Pourtant, un nom n'apparaît jamais dans aucune des lettres, c'est celui de Jeanne. Le romancier évoque toujours « les
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