Lot n° 249

voltaire (1694-1778). L.A.S. « Voltaire », Fontainebleau 12 octobre 1745, au cardinal Domenico …

Estimation : 4 000 - 5 000 EUR
Adjudication : 4 960 €
Description
voltaire (1694-1778). L.A.S. « Voltaire », Fontainebleau 12 octobre 1745, au cardinal Domenico PASSIONEI ; 4 pages in-4.
Belle lettre flatteuse où Voltaire fait sa cour à un proche du Pape Benoît XIV, et glorifie la langue italienne.
[Domenico PASSIONEI (1682-1761) était bibliothécaire du Vatican. Le 30 mai 1745, Voltaire fait part au marquis d'Argenson de son souhait « d'avoir quelque marque de la bienveillance papale qui pût [lui] faire honneur en ce monde-ci et dans l'autre »». À cette fin, il adresse, le 17 août, deux lettres à Benoît XIV, accompagnant l'une d'elles de sa tragédie Mahomet. Le même jour, il envoie à divers cardinaux, dont le cardinal Passionei (qui lui répondra le 15 septembre), une lettre dans laquelle il se présente comme le poète officiel du « Roi très chrétien ». Il fut un farouche adversaire des Jésuites.]
Il a reçu sa lettre du 15 septembre : « a la pureté et a lelégance singuliere du stile je l'ay crue des meilleurs ecrivains de la France, et aux sentiments qui y regnent jay reconnu Monseigneur le cardinal Passionei. Un esprit tel que le votre monseigneur est de tous les pays. Et il faut quil soit éloquent dans touttes les langues. Je me sers de celle que votre eminence parle si bien pour la remercier de ses bontez. Elle redouble le chagrin que j'ai depuis longtemps de n'avoir point vu une ville telle que Rome, le sejour des beaux arts et le votre. Il me semble que tous les français qui cultivent les lettres devroient faire ce voyage, comme les grecs alloient chez les egyiptiens leurs anciens maitres ». Il sera flatté de recevoir le livre du marquis Orsi : « Il fortifiera le goust extreme et le peu de connaissance que je peux avoir de la langue italienne cette fille ainée de la langue latine, digne de sa mère, et qui en a servi a touttes celles de l'Europe. Il y a longtemps que je connois les méprises du pere Bouhours, et l'injuste severité de M. Despreaux [Boileau] à l'égard de L'Arioste et du Tasse. L'un et l'autre ne connoissoient que superficiellement ce qu'ils critiquoient. Despreaux sentoit trop les petits defauts du Tasse, et pas assez ses grandes bautez. Je vois avec un plaisir extreme que votre Eminence au milieu de ses grandes occupations cultive toujours les belles lettres, voyla ce me semble comme etoient faits les romains des beaux siecles, a cela pres qu'ils n'avoient pas des sentimens si humains et si pacifiques que votre Eminence. Daignez monseigneur me conserver des bontez qui animent encore en moy le goust des arts. Il se fortifie par l'exemple, et celuy que donne votre Eminence est un des plus grands encouragemens que les lettres puissent recevoir. La pacifique republique des gens qui pensent est repandue par toutte la terre. Ils sont tous freres, vous etes à leur tete : et quoy qua plus de trois cent lieues de vous monseigneur mon esprit se regarde comme un des sujets du votre »...
Correspondance (Bibl. de la Pléiade), tome II, n° 2003.
Provenance : ancienne collection Tronc- Jeanson (vente Christie's, Paris, 6 novembre 2013, n° 145).
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