Lot n° 248

VILLIERS DE L'ISLE-ADAM Auguste de (1838-1889). MANUSCRIT autographe, Le Candidat par Gustave …

Estimation : 800 - 1 000 EUR
Adjudication : 922 €
Description
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM Auguste de (1838-1889). MANUSCRIT autographe, Le Candidat par Gustave Flaubert ; 2 pages oblong in-8 (papier un peu froissé avec quelques légères fentes marginales et une déchirure sans manque, taches d'encre).
Brouillon d'un article inédit sur Le Candidat de Gustave .
[La pièce de Flaubert Le Candidat a été créée le 11 mars 1874 au théâtre du Vaudeville. Villiers lui a consacré un article dans la Revue du monde nouveau le 1er avril 1874, très différent de celui-ci, qui sera recueilli en 1890 dans Chez les passants (Œuvres complètes, Pléiade, p. 459-463). Ce brouillon présente des ratures et corrections.] « Le drame, trop impartial pour être moral, serait une œuvre infâme si nous n'avions pas conscience de cette vérité terrible, que les sots ont cela d'impardonnable qu'ils nous rendent indulgents pour les méchants. Le sceptique est un homme qui a conscience d'avoir perdu son passage sur la terre. Il est le seul qui ait droit au désespoir proprement dit, et dans la bouche duquel (eut-il cinq cent mille livres de rente) ce mot n'est point une écœurante, versatile et grotesque banalité. [...] Car, ou l'âme humaine n'est rien, (et, alors, l'honneur, l'amour, et la vertu ne sont rien) ou elle est quelque chose d'aussi positif que le corps et alors les blessés de l'âme ont droit à autant d'égard que ceux du corps, et ils ont droit d'être furieux jusqu'à la mort contre les sots, qui sont leurs blessures. Seulement, le malheur artistique de Flaubert, dans la splendide turlupinade de ce drame, Le Candidat, c'est de n'avoir pas élevé l'amertume du calice qu'il fait boire au public, à la hauteur d'une effroyable purgation : en un mot, nous lui faisons remarquer l'imperfection de son ironie. Oui, nous eussions aimé à voir, en un cinquième acte admirable, (comme les quatre premiers), les personnages de cette comédie sublimés et magnifiés sans motif, comme nous les avons vus, sans motif, vils et monstrueusement frappés d'hébétude. [...] L'auteur, par le fait de mettre sa pièce en lumière devant un public dont cette même pièce est la parfaite et simple photographie, s'avoue victime du même mobile que son Candidat. Or, Flaubert est incapable de ridicule. Malheureusement. Sans cela, ce grand littérateur serait un véritable génie. [...] Flaubert a ceci de terrible qu'il ferait aimer les êtres ridicules, si ces derniers n'étaient pas des maudits ».
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